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Critique de karmax211


J'ai découvert Kate Tempest en lisant une de ses pièces de théâtre, en l'occurrence - Inconditionnelles - dont j'ai dit sur Babelio tout le bien que j'en pensais.
Une vidéo et un clip plus tard, vidéo dans laquelle la dramaturge, écrivaine, poétesse, auteure-compositrice interprète parle à un public conquis de son premier roman - Écoute la ville tomber -, je fais l'acquisition dudit roman.

Le pitch met en scène la fuite dans une voiture de quatrième main de trois jeunes londoniens : Leon, Harry et Becky.
Tout laisse à penser qu'ils ont fait un casse ou quelque chose d'approchant et qu'ils sont en cavale, poursuivis par on ne sait qui...
Un flash-back nous ramène un an en arrière.
Becky est une très belle jeune femme de vingt-six ans, danseuse de talent qui n'arrive pourtant pas à percer. Pour survivre et laisser une chance à sa passion et à son talent d'être reconnus, elle travaille comme serveuse dans le restaurant " Chez Giuseppe ", tenu par son oncle Ron, qui l'a élevée après que son père, John Darke, universitaire engagé et homme politique promis à un brillant avenir ait écrit - Comment prendre le pouvoir sans qu'il vous prenne -, un essai politique révolutionnaire qui va le mener à sa chute et après une cabale, en prison pour longtemps, et que sa mère, Paula Chogovitch, soeur de Ron, photographe de renommée ayant renoncé à sa carrière pour son mari et pour sa fille Rebecca ( Becky ) se soit exilée dans une communauté religieuse aux USA. Becky travaille chez son oncle et le soir ou la nuit pour une agence de masseuses à domicile...
Au cours d'une party elle fait la connaissance d'Harry, un petit bout de femme genre garçon manqué. Pour Harry, c'est un coup de foudre. Pour Becky qui considère d'abord les êtres avant de s'intéresser à leur identité sexuelle, l'attirance pour Harry est réciproque.
Harry travaille depuis sept ans avec Leon, un de ses voisins de quartier, un ami d'enfance, le seul avec lequel elle ait jamais réussi à s'entendre et à partager quand Miriam, sa mère et Graham son père, quand les garçons et les filles de son école ostracisaient la colombe, cette femme avec une femme.
Leon et Harry dealent de la cocaïne pour Pico, un architecte d'intérieur.
Ils économisent dans l'espoir d'avoir un jour un million de livres pour vivre leurs rêves.
Harry a un frère cadet, Pete, un grand échalas, un artiste raté qui vit de petits boulots, d'aides sociales et autres " paradis artificiels "...
Gros lecteur, il entre un jour " Chez Giuseppe ". Il tient dans sa main l'essai de John Darke autrefois mis au pilon et " censuré ".
Becky est de service.
Choc lorsqu'elle voit le livre que lit ce client qu'elle ne connaît pas.
Pete, lui, est fasciné par cette fille pas comme les autres, très belle et...
Ça matche entre eux.
Pete a l'amour possessif ; le job de masseuse de Becky commence à le ronger.
Cela ne l'empêche pas de présenter Becky à sa mère Miriam et à son nouveau compagon David, un opticien un peu gauche.
Le hasard étant comme chacun sait bizarre, Harry retrouve Becky chez sa mère. Entre les deux jeunes femmes la magie continue d'opérer.
Entretemps Pico a été condamné à huit mois de prison pour... amendes impayées.
Harry et Leon doivent reconstituer leur stock de cocaïne.
Ils ont rendez-vous avec le remplaçant de Pico, Joey, qui essaie de les gruger.
Il agresse et menace Harry.
Leon vient à son secours et castagne le petit escroc.
Harry et Leon s'enfuient avec 1,5 kg de cocaïne et le contenu en liquide du coffre-fort.
Or il s'avère que ce n'est pas à Joey que Pico avait laissé les rênes de son affaire... mais à Ron, l'oncle de Becky...
Un soir, Pete est invité à dîner chez sa mère et son compagnon, qui veulent lui présenter Dale, le fils de ce dernier.
Les deux garçons finissent la soirée ivres morts et défoncés dans un pub.
Pete, de plus en plus tenaillé par la jalousie, se confie à Dale et lui demande d'avoir recours aux services de Jade la masseuse afin de s'assurer de la moralité de Becky, la femme de sa vie.
À l'initiative d'Harry, toute la famille se retrouve réunie quelques jours plus tard dans un pub de leurs amis pour fêter l'anniversaire de Pete.
Il y a Becky, Harry, Leon, Pete, Miriam, David, Graham...Ron et Dale...

Kate Tempest a construit sa narration en bonne dramaturge qu'elle est. Elle réussit à faire de l'improbable une évidence.
J'ai lu pas mal de critiques avec lesquelles je suis d'accord.
Le souffle, la flamboyance, l'influence de la poétesse et de l'auteure-compositrice sur l'écriture de ce roman sont indéniables.
Il y a une incontestable patte Kate Tempest.
Deux remarques pour terminer.
Un, la fin ne méritait pas à mon sens une chute extra-ordinaire...Pour paraphraser Baudelaire, je dirais que " le plaisir vaporeux ne fait que fuir vers l'horizon... le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ; c'est la loi !"
Deux, le maniaque, l'obsessionnel malheureux que je suis qui, lorsque par exemple un auteur emploie le mot " arcanes " ou la locution prépositive " à l'aune de ", retrouve ce mot ou cette locution deux ou trois fois dans un livre de même un millier de pages s'ulcère de ce qu'il ressent comme étant une répétition à la limite du tic, imaginez un instant ce que j'ai pu éprouver en lisant quatorze fois en 425 pages " balayer du regard "... une crise d'exacerbation phobique !!!
En dehors de cette dernière remarque, tout concourt à faire de ce roman un avant-goût du talent très prometteur de Kate Tempest.
Une radioscopie sans pathos d'un monde où " l'angoisse atroce, despotique, sur nos crânes inclinés plante son drapeau noir ". Une déclaration d'amour déçu à une ville, personnage tout aussi central que ceux sus-mentionnés. J'ai vraiment apprécié... en dépit de mon TOC de répétition...
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