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Critique de PatrickCasimir


Il y a des aphorismes qui traversent les siècles et dont on croit connaître l'origine, alors que ce n'est pas le cas.
Nous connaissons tous : "L'homme est un loup pour l'homme..." , de même " : Je suis un homme, et rien de ce qui est humain ne m'est étranger".

C'est en lisant un article que je découvre que j'attribuais à tort le 1er aphorisme à Hobbes le philosophe anglais qui a popularisé l'idée selon laquelle le pire ennemie de l'homme est son semblable.
En réalité, c'est Plaute, empruntant aux Grecs sa Comédie des ânes qui énonce très exactement selon la traduction de la Pléiade : L'homme est pour l'homme, un loup, non un homme, quand on ne sait pas quel il est."
Evidemment, avec les reprises (beaucoup d'auteurs dont Pline, Montaigne, Rabelais, Molière, etc.) et ainsi Hobbes, le sens a dévié, car Plaute visait, comme l'indique le texte, la peur de l'étranger, la crainte de l'inconnu qui vous aborde et non la dimension potentiellement violente de la rencontre.

Quant au second, il est tiré d'une pièce de Térence, le Bourreau de soi-même, également empruntée au théâtre grec et autrement dénommée de façon savante : "Heautontimoroumenos". En effet, Térence, dès le 1er acte et la 1ère scène, met la phrase suivante dans la bouche de Chrémès , en réponse à son voisin Ménédème qui lui dit gentiment d'éviter de se mêler des affaires des autres, en l'occurrence des siennes : "Je suis un être humain : je pense que rien de ce qui est humain n'est sans me concerner." (traduction de la Pléiade).
Là encore, cette phrase tirée d'une comédie antique, "gréco-latine" est devenue la définition occidentale de l'humanisme, la devise des Lumières, reprise depuis des siècles par Cicéron, Sénèque, Sand, Hugo... et bien d'autres encore.

Ce texte a donné lieu à une remarquable analyse de Cristina Robalo Cordeiro, en 2014, rapportée dans la revue Carnet de l'Association portugaise d'études françaises ; analyse qui la conduit à comparer les textes des deux poètes latins Plaute et Térence.

Considérant que ces deux auteurs manquaient à ma bibliothèque, je me suis dépêché (grâce à C. Robalo Cordeiro) de faire l'acquisition du volume correspondant de la Pléiade.

Toutefois, si l'analyse de C R C tire son intérêt de la postérité des aphorismes en question, la lecture des pièces desquelles ils sont issus ne m'a pas enthousiasmé, comme ç'a pu être le cas pour Sophocle, par exemple.

Au moins, je sais maintenant d'où sortent ces phrases universellement connues que j'avais tendance à attribuer à d'autres qu'à leurs auteurs véritables. Pat










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