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Citations sur Les conquérants de l'inutile (9)

Donner à un homme la joie d'escalader une cime que, sans nous, il ne pourrait atteindre, m'a toujours paru être une œuvre de création, une réalisation tangible, et j'en éprouve le même plaisir qu'un artisan à réaliser un travail qu'il aime, voire un artiste à produire un chef-d'œuvre.
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À vrai dire, j'étais plus gêné par le côté subjectif de la difficulté que par la difficulté elle-même. La simple pensée d'escalader un passage réputé délicat me contractait comme un gladiateur pénétrant dans l'arène, et, pour triompher de cette appréhension, il me fallait tendre ma volonté à l'extrême. Ainsi, par suite d'une mauvaise interprétation du texte des "Guides itinéraires", il m'est arrivé plusieurs fois de franchir avec la plus grande aisance le passage clé d'une course, alors que, dans un endroit plus facile que, par erreur, je croyais être le passage clé, j'étais secoué de tremblements "comme un sucrier sur un plat de fraises".
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Je me souviens parfaitement qu'alors que j'étais un petit garçon de sept à huit ans, ma mère me dit un jour :
- Je veux bien te laisser pratiquer tous les sports, sauf la motocyclette et l'alpinisme.
Comme je lui demandais ce que signifiait ce dernier mot, elle ajouta :
- C'est un sport stupide qui consiste à grimper les rochers avec les mains, les pieds, et les dents !...
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On peut tenter le diable une fois pour mener à bien une action exceptionnelle ; à le faire trop souvent, on ne peut vivre bien longtemps.
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Entre mes jambes j'aperçois le visage sévère de Gaston [Rébuffat] rendu presque pathétique par une intense concentration. Comme cela est étrange ! Nous sommes là suspendus entre ciel et terre sur deux pointes de crampons, la moindre faute de mon compagnon me précipiterait dans la mort ; pourtant je redoute plus ma maladresse que la sienne. C'est beau la confiance !...
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Face à nous, toute proche, la muraille nord de l'Eiger se dressait, sombre, farouche et majestueuse.
L'ayant admirée tant de fois en photographie, je pensais qu'elle me semblerait familière. Pourtant je la reconnus à peine tant elle m'apparut plus formidable que je ne l'avais imaginée. Un instant, je sentis ma gorge se serrer. Scrutant avec passion ses parois gigantesques, nous échangeâmes nos impressions. Je ne sus que murmurer bêtement : "D'ici, cela semble impossible. Il faudra aller voir de plus près." Lachenal, qui avait déjà aperçu l'Eigerwand en hiver, semblait désagréablement impressionné par l'aspect lisse et dolomitique qu'il avait revêtu avec l'été. En se grattant le menton, dans un geste qu'il affectionnait, il gémissait d'une manière comique : "Méchant, méchant ! Ça a l'air lisse comme mes fesses ! Si ma mère voyait ça !"
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Brusquement, nous débouchons sur l'arête de Mittelegi que le brouillard nous cachait. Cette fois-ci c'est vrai : nous avons vaincu l'Eigerwand.
Nulle émotion violente ne m'étreint : ni l'orgueil d'avoir réalisé un exploit envié, ni la joie d'achever une tâche difficile. Sur cette arête perdue dans le brouillard, je ne suis plus qu'une bête fatiguée que la faim tenaille. J'éprouve seulement la satisfaction animale de sentir que je viens de "sauver ma peau".
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Malgré les éléments déchaînés, malgré la grêle qui n'arrête pas, entrainant des pierres dont les éclatements se mêlent au bruit du tonnerre, malgré notre position presque intolérable, cramponnés l'un à l'autre, assis sur une fesse et les pieds ballants sur le vide, la nuit avance. Nous alternons les chants de toutes sortes et les discussions sur les chances d'en sortir. Je soutiens que la situation n'est pas désespérée, qu'un bon orage purge souvent le temps et qu'il fera peut-être beau demain.
Lachenal, lui, pense que nous ne sommes pas très loin du sommet et que peut-être nous recevrons des secours par le haut. Certes nous trouvons la situation angoissante, mais quelque chose nous dit que nous en sortirons. Aussi nous sommes presque gais et nous n'arrivons pas à prendre des airs de circonstance. Je crois même que l'amour de l'aventure est si grand chez moi que dans mon for intérieur je ne suis pas mécontent de me trouver dans une situation aussi exceptionnelle.
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Après une nuit presque blanche et plus de deux heures d'escalade au pas de course, la fatigue commençait à peser lourdement sur mes membres. Ne voyant plus d'utilité à grimper à une cadence d'assassin poursuivi, je suggérai de ralentir l'allure. Mais bien qu'étant lui aussi à sa première course, Lachenal, comme s'il n'était pas fait de chair humaine, restait insensible à la fatigue. Rentré dans cette sorte d'état de grâce qui rend possible les miracles, loin de ralentir, il accélérait encore tout en vitupérant contre ma mollesse. Galvanisé par tant d'énergie, forçant comme une bête traquée, je réussis tant bien que mal à suivre mon ami. A ce train, il nous fallut à peine plus de quatre heures pour atteindre la facile calotte terminale.
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