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EAN : 9782070262144
Gallimard (06/12/1961)
4.29/5   128 notes
Résumé :
Plus qu'un récit d'alpinisme, c'est le livre d'une vie. Aux critiques de son père qui ne comprend pas cette activité qui consiste à se hisser sur des montagnes sur des montagnes où l on trouve "pas seuleemnt un billet de cent francs au sommet"... Lionel oppose la gratuité du jeu, l'éloge de l'inutile. Il assouvit sa soif de grimper sur les plus hauts sommets des ALpes pui en himalaya et devient un géant de l'alpinisme mondial. Au delà des drames qui font battre le c... >Voir plus
Que lire après Les conquérants de l'inutileVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Quel livre !
Sans doute le plus beau de la magnifique collection "Texte et images" des Éditions Guérin, cette série d'ouvrages reconnaissables au premier coup d'oeil dans une bibliothèque par leur format carré et leur flamboyante couleur, ces livres "rouges comme les chaussettes et les pulls portés par les montagnards de mon enfance" dit Michel Guérin, le fondateur des éditions du même nom.
Ouvrir les conquérants de l'inutile, c'est l'assurance d'embarquer pour un incroyable voyage. C'est, pour le passionné d'alpinisme, l'occasion de voir ou revoir la vie de ce géant qu'était Lionel Terray ; c'est aussi, pour le lecteur moins averti, la possibilité de comprendre ce qu'est la passion de la montagne.
Les personnes extérieures au milieu montagnard ont souvent beaucoup de mal à comprendre ces hommes (et ces femmes) prêts, semble-t-il, à prendre tous les risques. Lionel Terray nous fait bien ressentir dans son livre que ce qui l'anime, comme d'autres, ce n'est pas un goût morbide du danger, mais une envie d'aventure, d'absolu, de confrontation pure avec la nature, un désir fou de se trouver en allant puiser au plus profond de ses forces physiques et mentales.
Lionel Terray était un puriste, pour qui la qualité d'une ascension, son intérêt technique, les émotions partagées avec ses compagnons de cordée primait sur tout, même sur une victoire prestigieuse. À son retour victorieux du Makalu, il semble paradoxalement presque déçu : l'affaire a été trop simple ! Il écrit à ce sujet "La victoire doit se payer à son prix d'efforts et de souffrances. Les progrès de la technique et la clémence du ciel ne nous ont pas donné celle-ci à sa juste valeur. Comme elle est loin de moi l'ivresse orgueilleuse que j'ai parfois connue, lorsque, après une lutte où j'avais mis toutes mes forces et tout mon coeur, d'un dernier coup de rein je me dressais sur un sommet plus modeste."
Lionel Terray ne cherchait pas la gloire, la performance statistique ou la célébrité ; il cherchait à vivre des expériences humainement et sportivement enrichissantes. Et son livre nous montre à quel point il a réussi à vivre sa vie comme il l'entendait. Quelle richesse, quelle variété ! Il a grimpé un peu partout dans le monde, sur les plus beaux sommets, avec de multiples compagnons d'aventure. À commencer par Louis Lachenal avec qui il forma une cordée exceptionnelle.
Le récit qu'il fait de leur ascension de la face nord de l'Eiger est saisissant. Ce sommet redoutable pour lequel tant d'hommes ont péri, Terray et Lachenal l'ont brillamment gravi. Le chapitre qui est consacré à cette terrible paroi, surnommée "Eigerwand" (le mur de l'Eiger), est particulièrement saisissant. Terray raconte tout l'historique des différentes tentatives, sa propre aventure, ainsi qu'un récit de sauvetage terriblement émouvant auquel il a participé.
Il relate dans un chapitre très touchant un grand nombre d'anecdotes qu'il a vécues dans l'exercice de son métier de guide. Un métier qu'il a exercé avec passion, et dont il parle, comme Gaston Rébuffat, avec ferveur : "Donner à un homme la joie d'escalader une cime que, sans nous, il ne pourrait atteindre, m'a toujours paru être une oeuvre de création, une réalisation tangible, et j'en éprouve le même plaisir qu'un artisan à réaliser un travail qu'il aime, voire un artiste à produire un chef-d'oeuvre."
Naturellement, une grande partie est consacrée à la conquête de l'Annapurna par l'expédition française conduite par Maurice Herzog. Là, Lionel Terray nous emporte dans l'aventure, et nous fait revivre toutes les péripéties de cette extraordinaire épopée. C'est très bien écrit, et bien plus intéressant que le récit très "moi-je, moi-je" qu'Herzog en a fait dans son livre "Annapurna, premier 8000". Terray est loin de se mettre en avant, et pourtant, il a joué un rôle capital, même si ce n'est pas lui qui est allé au sommet. Il s'est dévoué dans diverses tâches pour la réussite de l'équipe (portage de matériel, installation de camps), et surtout, avec Gaston Rébuffat, il a secouru les deux vainqueurs Herzog et Lachenal lors de leur descente. Les deux héros seraient morts sans leurs sauveteurs, mais Terray reste très modeste à ce sujet.
Ces semaines hors du temps, remplies d'émotions fortes, sont restées gravées à jamais dans la mémoire de l'auteur : "Que vaut ma vie entière de platitude et de médiocrité auprès de ces heures d'action totale et de bonheur parfait ?"
Dans ces conditions, le retour à la vie ordinaire est forcément difficile : "Un jour ce fut la première route, le premier camion. Accablé de tristesse, je compris alors que la page était tournée. À nouveau il fallait affronter le monde. La grande aventure était terminée."
L'auteur conclut son livre en disant : "Si vraiment aucune pierre, aucun sérac, aucune crevasse ne m'attend quelque part dans le monde pour arrêter ma course, un jour viendra où, vieux et las, je saurai trouver la paix parmi les animaux et les fleurs. Le cercle sera fermé, enfin je serai le simple pâtre qu'enfant je rêvais de devenir..." Lionel Terray ne connaîtra pas cette vie paisible dont il parle : en 1965, il fait une chute mortelle dans le Vercors.
Pour terminer, j'ai envie de faire une petite réflexion sur le titre, magnifique, de ce livre.
Je ne peux pas m'empêcher d'y voir une réponse à ce que Terray père avait dit lorsque Lionel était jeune : "Il faut être complètement crétin pour s'esquinter à grimper une montagne, au risque de se rompre le cou, alors qu'il n'y a même pas un billet de 100 francs à ramasser au sommet." Grimper une montagne est sûrement inutile si l'on ne voit que l'aspect rentabilité financière, mais comme c'est dommage de ne voir que cela ! Après la lecture de ce livre éblouissant, il faudrait être bien insensible pour ne pas être convaincu du contraire.
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Autant que ses dons de grimpeur, Lionel Terray sait raconter, sa jeunesse de mauvais garçon, son manque de confiance vaincu par les petites victoires et les hasards de rencontre, la vie de famille pas facile à combiner avec celle de guide de montagne, son émerveillement pour les sommets, sa découverte du Canada, son amour du Népal.

Il sait trop bien partager ses frayeurs, chutes de pierres, avalanches avec un côté que j'ai trouvé indécent, côtoyant volontairement la mort dans des passages qu'il sait sans assistance et sans retour possible.

Lucide, il souligne l'inutilité de ces efforts, du froid, de la faim, du manque de sommeil et cinq années plus tard, dans le Vercors, une chute mettra malheureusement fin à la vie de ce merveilleux conteur.
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« Quelle passion de la grandeur et de l'absolu nous a fait fuir la douceur de vivre pour violet l'orgueilleuse solitude de ce désert vertical ? »
Ce récit, paru pour la première fois chez Gallimard en 1961 et dès lors, constamment réédité avant de tomber dans la prestigieuse collection de chez Guérin, l'éditeur Chamoniard par excellence, est considéré comme LE livre de montagne.
La littérature des cimes se résume en se divisant en deux catégories bien distinctes : le roman de montagne dont « Premier de Cordée », à peine imaginé par Frison-Roche, reste la référence absolue et les nombreuses biographies ou récits d'ascensions des plus grands alpinistes.
- Pourquoi gravissez-vous ces montagnes au risque de votre vie ?
A cette question définitive des béotiens ou journalistes en tout genre, Mummery, un anglais de l'âge d'or de l'alpinisme (seconde moitié du XIXème), que l'on considère comme l'inventeur de l'alpinisme moderne, avait eu cette réponse tout aussi formelle :
- Parce qu'elles sont là.
Il faut reconnaitre que parmi les nombreux ouvrages mettant en scène les hauts faits des plus grands noms de l'alpinisme, la grande majorité ne présente un intérêt que pour les amateurs d'azurs purs, d'aubes glaciales, d'un rocher franc et sain, d'étendues de glace et de neige et d'un dépassement de soi. Car, comme le fait si bien remarque Terray, on ne combat pas la montagne mais ses propres faiblesses. Toujours le même canevas : l'appel des cimes, la volonté comme itinéraire, le combat avec le rocher et les conditions météorologiques, enfin la victoire… ou l'échec. le tout agrémenté de détails et précisions techniques un peu trop rébarbatives pour de simples amoureux de mots et de phrases.
De fait, s'il doit ne rester qu'un seul ouvrage relatant les aventures de funambule entre ciel et terre, ce sont bien ces « conquérants ».
D'abord le titre. S'il évoque les orients lointains chers à Malraux, il résume parfaitement la situation. Il n'y a rien, en effet, de plus beau et de plus grand que l'acte gratuit. Et cela était déjà une gageüre dans les années d'après guerre. Je souris malgré moi quand Terray déplore le ronronnement de la civilisation lorsqu'il virevolte sur les aiguilles de Chamonix, toutes situées juste au-dessus de la capitale de l'alpinisme. Que dirait-il aujourd'hui ?
Si la lecture des « conquérants » peut être abordée par n'importe qui, c'est, d'une part, parce que l'auteur n'utilise pas (ou peu) des termes trop techniques et que, surtout, sa prose est fluide et élégante. On sent le goût immodéré de la lecture chez cette force de la nature. Car, contrairement à certains de ses contemporains, Terray n'a rien du pur grimpeur se jouant du vide dans de superbes chorégraphies, semblant survoler le granit, danser avec la roche. Non, Terray, c'est du lourd, du costaud. Capable d'enchainer les marches d'approche, les longues liaisons glacières tout en gardant le tonus nécessaire pour passer en force là où un Lachenal, animé des mêmes idéaux et pourtant si différent, utiliserait toute l'élégance et la grâce dont il était capable.
Terray ne s'enferme pas dans ses montagnes Chamoniardes. Avec lui, on traverse la période d'occupation parmi les résistants du Beaufortain, on séjourne une saison au Québec, on participe à l'aventure du Premier Huit Mille et on traverse même l'Atlantique pour aller se frotter aux cimes d'Amérique du Sud. Un récit qui sonne comme un roman, la finesse d'une sacrée plume en plus. Dans ses voyages sur les plus hautes montagnes du monde, on sent bien que Terray se passionne autant pour les gens que pour les sommets.
« Enfin le rêve prenait forme, l'Himalaya était là, déjà nous pouvions toucher les premières vaguelettes de cette tempête que la terre a lancé à l'assaut du ciel ».
Et puis, il est question de cette corde, qui symbolise si bien l'union de deux volontés face à l'adversité. Car Terray ne concevait pas la montagne en solitaire.
Son équipage avec Lachenal (dont j'ai mentionné ici même les excellents « carnets du vertige ») reste légendaire.
Il raconte sa rencontre avec le phénomène, dont la naissance n'est séparée que d'une semaine pile et d'une petite centaine de kilomètres, Terray voyant le jour dans la cuvette Grenobloise tandis que Lachenal ouvrait ses yeux si curieux au bord du lac d'Annecy en ce même mois de Juillet 1921. L'un comme l'autre ne connaitra pas les joies d'une retraite paisible (du reste, l'auraient-ils supporté ?). Lachenal est avalé par une crevasse dans le massif du Mont Blanc en 1955 tandis que Terray lui survécut pile 10 ans de plus avant de dévisser dans le massif du Vercors.
Voici comment Terray parle de leur première rencontre. Ca se passe à Annecy.
« Ne sachant comment occuper mon temps, j'errais dans les rues, lorsqu'un jeune homme pauvrement vêtu, poussant une vieille bécane d'une main et tenant un bidon de lait de l'autre, s'approcha de moi en me dévisageant sans discrétion :
- Est-ce que vous n'êtes pas Lionel Terray ? me questionna ce curieux interlocuteur.
Ce visage pâle et maigre où brillaient deux yeux très vifs ne me rappelaient rien, et l'aspect assez minable de ce garçon me fit, un instant, penser à un chômeur. Après avoir répondu par l'affirmative, je lui demandai son nom. »
Rien que de très banal, n'est-ce pas ?
Pourtant, voici la version de Lachenal (le livre est cosigné par Gérard Herzog, frère de Maurice) :
« Un jour, après avoir fait quelques emplettes, il se promène dans la rue, un pot de lait d'une main, de l'autre un cabas suspendu au guidon d'une bicyclette, lorsqu'un militaire l'interpelle :
- Lachenal !
Louis s'approche, et, reconnait Lionel Terray. «
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Lionel Terray, ce très grand alpiniste, ce guide d'exception a une chose en plus, c'est un écrivain. Déjà le titre de son livre est une réelle question philosophique. Conquérir l'inutile ! le mot conquérant fait penser à une sorte d'action militaire, à de la bravoure au combat. Mais vouloir conquérir ce qui a première vue ne sert à rien ni a personne, conquérir ce qui est vain, voilà bien une question, surtout s'il faut mettre sa vie dans la balance. Risquer son existence pour un acte inutile? Ah oui, la gloire, ce mirage! Cela fait penser à Napoléon qui envoyait ses soldats affronter la mitraille, les boulets de canon, les baïonnettes, avec cette promesse: au bout vous aurez la gloire. Qui se souvient des soldats morts à Eylau ou Borodino? Lionel Terray a conquis une forme de gloire, une grande renommée et cela fait penser à cette question posée par Homère dès le début de l'Iliade. Faut il préférer une vie courte et glorieuse ou bien une vie longue et heureuse qui se dissout au final dans l'anonymat. Bien de grands alpinistes, connus de leurs temps, se dissolvent peu à peu dans l'oubli au fil des années qui passent. Ce n'est pas le cas de Lionel Terray. Pourquoi? Parce que c'est aussi un écrivain, un homme qui aime lire. Achille ne survit dans la gloire uniquement grâce aux chants d' Homère. Sans cette oeuvre monumentale qu'est l'Iliade et l'Odyssée, qui se souviendrait des héros qui ont conquis Troie par les armes et la ruse? On se souviendra de Lionel Terray par ses mots et le titre de son ouvrage: "les conquérants de l'inutile". Lire son livre est un réel plaisir. Tous ses récits d'ascensions sont très bien écrits. Sa plume est fluide et intense. Un livre que je conseille pour tous les passionnés d'aventures. Peu importe que ce soit en montagne, en mer, dans les déserts ou les glaces des pôles, Terray c'est une réelle philosophie de la vie.
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Terray...j'entendis ce nom pour la première fois sur les ondes alors que je me rendais de Grenoble en Savoie avec ma mère conduisant notre vielle 403.
Je n'avais que 9 ans et l'on racontait qu'un grand alpiniste venait de mourir lors de l'ascension des aiguilles du Gerbier, dans la chaîne du Vercors. Sommet dont je pouvais apercevoir les contours en regardant au travers de la fenêtre de notre cuisine.
La montagne avait eu raison de lui, l'avais pris en traître lors d'une banale ascension comparée à son palmarès de toutes les années qui avaient précédé.
44 ans, est-ce un âge trop avancé pour s'adonner à la passion de toute une vie?
4 ans auparavant, il en parlait dans cet ouvrage magnifique. Pourtant, deux plus tard, en 62, il accomplira l'escalade du Janus, ultime défi d'une difficulté extrême et l'ayant laissé sur sa faim lorsqu'il conclut l'ouvrage.
Alpiniste paysan, issu d'une famille de notables, marié à une institutrice, il renoncera aux études pour l'amour du rocher. Il s'improvisera avec succès, éleveur dans les alpages pour compléter les revenus de son épouse dans une période de grande incertitude. Les évènements de 1940 ne semblent pas l'atteindre dans ses montagnes élevées en citadelle. Les circonstances feront de lui un résistant puis un combattant des troupes alpines, tout naturellement, sans volonté apparente.
Il évoque dans cet ouvrage sa rencontre avec les plus grands précurseurs de l'alpinisme moderne, Herzog, Lachenal, Rebuffat et d'autres mais il nous livre dans le détail les épisodes de la fameuse ascension de l'Annapurna en 1950, la vie des sherpas capables de porter des charges incroyables malgré leur aspect chétif. Indépendamment de la montagne, Il se passionne également pour le Pérou et son peuple,
Lionel TERRAY se révèle être un "intellectuel de la montagne" et surtout un grand écrivain qui n'aura pas eu le temps de nous laisser d'autres témoignages. Dommage ...
Pour compléter ce récit: voir la vidéo très bien faite de Yannick GRAZIANI et Stéphane BENOIST retraçant leur récente ascension de l'Annapurna.
Et surtout, toujours en vidéo, le témoignage émouvant du dernier survivant de la première ascension de l'Annapurna décrite dans ce livre, Francis de Noyelle, mort à 97 ans en 2017.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Face à nous, toute proche, la muraille nord de l'Eiger se dressait, sombre, farouche et majestueuse.
L'ayant admirée tant de fois en photographie, je pensais qu'elle me semblerait familière. Pourtant je la reconnus à peine tant elle m'apparut plus formidable que je ne l'avais imaginée. Un instant, je sentis ma gorge se serrer. Scrutant avec passion ses parois gigantesques, nous échangeâmes nos impressions. Je ne sus que murmurer bêtement : "D'ici, cela semble impossible. Il faudra aller voir de plus près." Lachenal, qui avait déjà aperçu l'Eigerwand en hiver, semblait désagréablement impressionné par l'aspect lisse et dolomitique qu'il avait revêtu avec l'été. En se grattant le menton, dans un geste qu'il affectionnait, il gémissait d'une manière comique : "Méchant, méchant ! Ça a l'air lisse comme mes fesses ! Si ma mère voyait ça !"
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À vrai dire, j'étais plus gêné par le côté subjectif de la difficulté que par la difficulté elle-même. La simple pensée d'escalader un passage réputé délicat me contractait comme un gladiateur pénétrant dans l'arène, et, pour triompher de cette appréhension, il me fallait tendre ma volonté à l'extrême. Ainsi, par suite d'une mauvaise interprétation du texte des "Guides itinéraires", il m'est arrivé plusieurs fois de franchir avec la plus grande aisance le passage clé d'une course, alors que, dans un endroit plus facile que, par erreur, je croyais être le passage clé, j'étais secoué de tremblements "comme un sucrier sur un plat de fraises".
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Donner à un homme la joie d'escalader une cime que, sans nous, il ne pourrait atteindre, m'a toujours paru être une œuvre de création, une réalisation tangible, et j'en éprouve le même plaisir qu'un artisan à réaliser un travail qu'il aime, voire un artiste à produire un chef-d'œuvre.
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Je me souviens parfaitement qu'alors que j'étais un petit garçon de sept à huit ans, ma mère me dit un jour :
- Je veux bien te laisser pratiquer tous les sports, sauf la motocyclette et l'alpinisme.
Comme je lui demandais ce que signifiait ce dernier mot, elle ajouta :
- C'est un sport stupide qui consiste à grimper les rochers avec les mains, les pieds, et les dents !...
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Entre mes jambes j'aperçois le visage sévère de Gaston [Rébuffat] rendu presque pathétique par une intense concentration. Comme cela est étrange ! Nous sommes là suspendus entre ciel et terre sur deux pointes de crampons, la moindre faute de mon compagnon me précipiterait dans la mort ; pourtant je redoute plus ma maladresse que la sienne. C'est beau la confiance !...
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Vidéo de Lionel Terray
Prendre de la hauteur, c'est ce que nous allons tenter de faire dans ce nouvel épisode du podcast de Dialogues.
Notre guide du jour s'appelle Arthur Lochmann. Après "La Vie Solide", son premier livre paru en 2019, il publie "Toucher le vertige". Au cours de notre échange, il sera donc question de cette sensation à la fois enivrante et attirante qu'est le vertige. Vertige comme peur du vide, bien sûr, mais aussi le vertige de l'homme confronté à la fragilité de son existence. Nous laisserons ensuite Arthur Lochmann pour marcher dans les pas de notre libraire Marion. Elle a préparé pour vous une pertinente sélection de livres autour de cette question du vertige. Et nous terminons par notre invité brestois : Serge Hardy. Un féru de (très) hauts sommets, qui nous proposera de le suivre dans sa cordée.
Retrouvez les titres évoqués ci-dessous : - Toucher le vertige, d'Arthur Lochmann (éd. Flammarion) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18980776-toucher-le-vertige-arthur-lochmann-flammarion - L'Art de la joie, de Goliarda Sapienza (éd. le Tripode) https://www.librairiedialogues.fr/livre/9964608-l-art-de-la-joie-goliarda-sapienza-le-tripode - La Vie Solide, d'Arthur Lochmann (éd. Payot) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18209149-la-vie-solide-la-charpente-comme-ethique-du-faire-arthur-lochmann-payot - Éloge du carburateur, de Matthew B. Crawford (éd. La Découverte) https://www.librairiedialogues.fr/livre/9137188-eloge-du-carburateur-matthew-b-crawford-la-decouverte - La Saveur du monde, de David le Breton (éd. Métailié) https://www.librairiedialogues.fr/livre/8878714-la-saveur-du-monde-david-le-breton-anne-marie-metailie - Marcher avec les dragons, de Tim Inglod (éd. Points) https://www.librairiedialogues.fr/livre/13496910-marcher-avec-les-dragons-tim-ingold-points - Ailefroide, de Jean-Marc Rochette (éd. Casterman) https://www.librairiedialogues.fr/livre/13095265-ailefroide-altitude-3954-altitude-3954-jean-marc-rochette-casterman - Les Conquérants de l'inutile, de Lionel Terray (éd. Guérin) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11106547-les-conquerants-de-l-inutile-lionel-terray-guerin
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