Citations sur Karoo (268)
Dire la vérité était une chose, mais se sentir en phase avec cette vérité après l'avoir énoncée était quelque chose qui ne semblait pas dépendre de moi. Cela m'était accordé ou refusé suivant les réactions des autres. C'était une maladie, la maladie de la vérité dont l'un des symptômes faisait que je me sentais plus à l'aise avec la vérité des autres qu'avec la mienne. Même lorsque leurs vérités étaient à l'exact opposé de la mienne.
Je n'étais plus, me rendis-je compte, un être humain, et cela faisait probablement longtemps que je n'en étais plus un. J'étais devenu, au lieu de ça, un nouvel isotope d'humanité qui n'avait pas encore été isolé ou identifié. J'étais un électron libre, dont la masse, la charge et la direction pouvaient être modifiées à tout moment par des champs aléatoires sur lesquels je n'avais aucun contrôle. J'étais l'une des balles perdues de notre époque.
Il n'y aurait plus aucun rôle pour l'humanité et la civilisation, si la vérité venait à être révélée. Comme si l'humanité était une sorte de réponse biologique à l'absence de vérité.
Il y avait dans les vacances en général quelque chose d'irréel, comme si rien de ce qui pouvait y arriver n'avait vraiment d'importance.
Je suis en train de lui mettre ma langue pleine de mensonges dans sa bouche, songeais-je.
Dès que nous fûmes à l'intérieur, elle parut changer d'avis à propos de quelque chose, et même à propos de tout. A propos de ma présence. A propos de « son film ». A propos de l'improbabilité qu'il lui arrive des choses bien. Je pouvais percevoir son anxiété et son angoisse, ainsi que les efforts qu'elle déployait pour les éloigner, aussi clairement que si son visage avait été une série de diapositives avec des légendes indiquant les émotions qu'elle ressentait.
Malgré mon égocentrisme écoeurant, mon ego semble s'échapper assez facilement. J'ai beau faire, je suis incapable de demeurer subjectif sur quoi que ce soit pendant très longtemps. Une heure, ou un jour, deux jours au mieux, et ma subjectivité me quitte, et je commence à observer l'événement depuis un point de vue tout à fait différent.
Non, ce n'était pas la mort que Saul voyait en Cromwell, car même la mort était un événement. C'était plutôt le début de la mort des événements eux-mêmes. Il s'agissait d'un processus qui annihilait à la fois la vie, la mort et la distinction entre les deux.
Mais que diable étais-je vnu faire ici ?
La solitude, comme une fuite de gaz, commençait à s'infiltrer dans l'obscurité de ma suite.
[Cromwell] me ment, bien entendu. Mais il le fait à sa façon. Il veut que je sache qu'il ment. Il veut que je sache que chaque mot qu'il prononce est un mensonge éhonté. Assis en face de lui, je me sens désespérément démodé, sans aucun contact avec les tendances actuelles. Lorsque je mens, j'essaie toujours de duper les autres et leur faire croire que je dis la vérité. Quand Cromwell ment, il affirme qu'il n'y a pas de vérité.