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Critique de moussk12


C'est parce que la maison d'éditions Monsieur Toussaint Louverture a eu la bonne idée de rééditer, en édition limitée, le dernier roman de l'écrivain Steve Tesich, que j'ai voulu me faire plaisir. Et plaisirs, il y a eu. Un magnifique livre-objet dans sa pochette cartonnée, une histoire prenante du début à la fin, une très belle écriture, le tout enveloppé d'une magnifique couverture illustrée de Frédéric Bézian, comme les illustrations intérieures représentant des décors en perspective. Vous me direz, que de superlatifs ! Mais réellement, ce livre est le cadeau idéal à se faire ou à offrir.

Karoo. Saul Karoo se raconte. Quel personnage emblématique celui-là ! Il ment comme il respire et même, il ment pour respirer. La cinquantaine bedonnante, en procédure de divorce depuis deux ans, aimant un fils qu'il refuse pourtant de voir, alcoolique sans jamais parvenir à être ivre, Karoo réécrit des scénarios de films.

Nous sommes en 1990 et nous le suivons dans les grandes villes des Etats-Unis, comme dans les cinq parties du livre. Ecrivaillon de scénarios, comme il se définit, chaque film est pourtant une réussite commerciale. L'origine de leur succès vient également du producteur, Cromwell, personnage élégant, qui cultive autant son apparence et ses relations que sa soif de pouvoir sans limite. Mensonges et perversions unissent ces deux protagonistes.

La relation que Karoo entretient avec son épouse Dianah est tout aussi ambiguë. Dianah se lâche et l'insulte sans cesse, tout en gardant un air protecteur, il en rit et laisse faire, voulant lui laisser ce plaisir. Quant à leur fils adoptif, Billy, il se cramponne à l'idée de passer du temps seul à seul avec son père. Jusqu'au jour où une fameuse enveloppe jaune arrive dans les mains de Karoo, avec une proposition de réécrire le chef d'oeuvre d'un grand du cinéma, où y apparaît une serveuse de restaurant au rire inoubliable.

La vie de Karoo aura été une tragi-comédie. Voulant complaire à tous et le mensonge en entraînant un autre, il n'occasionne que rancoeur et sa vie ne sera qu'un imbroglio d'erreurs. Malgré tous les aspects négatifs de la personnalité de chacun, je n'ai pu en détester aucun. Ils sont tellement humains avec leurs mauvais et leurs bons côtés. La psychologie des personnages est extrêmement fouillée, sans que ce soit rébarbatif, bien au contraire. On plonge dans leur vie autant que dans les coulisses du cinéma.
Une lecture intéressante, jubilatoire, avec des scènes d'une grande intensité, comme celle fort humoristique de la visite médicale, et celle très triste des appels téléphoniques dans les cabines de Manhattan.

Je ne connaissais pas l'auteur. Karoo est le dernier roman de Steve Tesich, paru deux ans après sa mort survenue en 1996. Romancier et dramaturge, il a également été scénariste d'un premier film « La Bande des quatre », dont le succès lui a ouvert les portes d'Hollywood… C'est pour ça qu'il en parle si bien.
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