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Critique de Ambages


"Les gens font toutes sortes de trucs bizarres quand ils s'aiment. Mais ce qu'ils évitent avec soin, c'est de tout se dire."

Magnifique. Quel régal pendant toute cette lecture ! Je regrette d'avoir maintenant lu les deux seuls romans de Steve Tesich car il écrit avec brio et à chaque fois me touche énormément. Je vis avec ses personnages qui restent gravés dans ma mémoire. Ah Karoo, quel souvenir ! C'est toujours émouvant, enivrant. Il a une puissance d'écriture qui me plonge dans les scènes, je suis là à les regarder, les écouter et je me dis que c'est si vrai ce qu'il décrit.

Un été à East Chicago, la zone des compagnies pétrolières. Une rencontre avec des gamins -Daniel, Misiora et Freud- presque adultes qui vont devoir trouver leur voie après le lycée. Un trio lié et pourtant composé d'individus si différents. Ils ont peur de devoir prendre bientôt leur envol. Issus de familles ouvrières, qu'ont-ils comme perspectives ? L'usine ? Celle qui noircit la peau après une journée de sueur et vous contamine à petit feu, comme si elle voulait bien signifier que c'est elle qui dirige avec son feu allumé à longueur de temps, sa flamme qui nourrit cette population et les rend vieux avant l'âge.

La famille multiculturelle de Daniel se désagrège, le père se sent mal, jaloux et malade "même le cancer m'a trahi" dira-t-il alors qu'il rêve de voir un sourire particulier sur les lèvres de son épouse. Pour ne pas être seul dans cette morosité, il se venge sur sa femme et son fils en accumulant les remarques acerbes pour contrer son mal-être.

"Misérable fils. le mien. Oui. Voilà ce que tu hérites de moi. Inutile de lutter. Toi et moi, on n'est pas le genre d'homme à faire sourire les femmes, d'une façon particulière. Non. Voués au malheur, tous les deux. Oui. En sept lettres, quatre horizontal. Malheur."

Daniel ne sait trop comment agir. Et puis survint la fille, la femme -Rachel- si belle. Il va se débattre pour essayer de ne pas culpabiliser d'aimer à la folie Rachel alors que son père décline rapidement. Mais Rachel est insaisissable. La tragédie couve dans cette petite ville. le train partira, qui sera dedans ? Ce train dont les roues scandent Ra... chel, Ra... chel. "Chaque tour de roue produisait une syllabe, chaque syllabe une image différente. Puis les syllabes fusionnaient pour former un nom, mais les images de Rachel ne s'assemblaient jamais pour former une personne." Arrivant d'une autre ville, elle s'installe avec David pour quelques temps dans cette bourgade.

"Le problème avec l'amour, (...) c'est que c'est à la fois un poison et un antidote - et qu'on ne sait jamais vraiment lequel des deux on avale."

Elle était libre, refusant les contraintes, n'appelant jamais son père autrement que David. Libre et triste. Elle accepte Daniel, il entre dans sa vie mais n'arrive pas à la comprendre. Il l'aime, son coeur brûle, s'enflamme mais Rachel oscille. Il devra apprendre et comprendre en un été à entrevoir la vie d'un adulte.

Si vous aussi, tout comme Daniel, choisissez un livre à partir de la dernière phrase écrite, je vous la livre "Et je m'en allai par le monde." Je vous souhaite un merveilleux voyage avec Price.
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