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Critique de gonewiththegreen


Sylvain Tesson reprend son vélo et part de Nokous , en Ouzbékistan pour rejoindre Ceyhan en Turquie. Ouzbékistan, Kazakhstan, Azerbaïdjan, Georgie et Turquie sont au programme. le fil conducteur de ce voyage : Suivre la trace du pétrole (et du gaz) , en suivant les différents pipelines .

On retrouve le style de Sylvain Tesson , très élégant, qui subjugue les premières pages mais peut lasser sur le long terme.
On se demande parfois pourquoi il fait ce trajet à vélo ? L'exploit physique ne devrait il pas être au coeur de cet ouvrage ? Se taper des déserts en plein mois de Juin, traverser des régions en conflit, survivre au grès des rencontres , ne suffisait il pas à un livre ?
Le sportif que j'essaie d'être en a été marri mais Sylvain voit plus loin . Il n'écrit pas pour raconter un road trip à bicyclette, épiphénomène chez ce voyageur.
Alors , il nous narre l'histoire du pétrole et de son impact sur les populations locales , dont la plupart s'échine à cultiver une terre désolée quand coulent des millions un mètre sous terre. Il le fait plutôt bien, de façon érudite, historique , montrant les transformations du paysage, l'enrichissement de certains pays , comme l'Azerbaïdjan, s'appuyant sur des témoignages.
Alors pourquoi trois étoiles , moi qui suis materné au sein de l'Education Nationale et de son crédo de bienveillance?
Sans doute parce que l'auteur , non content de faire du vélo en terre hostile, de nous farcir la tête avec l'or noir, va digresser au fil des pages et s'attaquer à d'autres sujets qui auraient mérité à eux seuls dix huit tomes.
C'est notamment le cas lorsqu'il parle de la femme dans la religion musulmane , pensée évoquée de façon fugace avant son arrivée en Anatolie mais qui prend tout son poids en Turquie.
Il nous dit , comme assez souvent de façon péremptoire :
"L'Islam a institué un formidable système de prestation,mieux rodé que n'importe quelle entreprise d'exploitation capitalistique. Une moitié du genre humain a mis l'autre à son service. Les hommes ont institué une sorte d'esclavage, les services du sexe en plus....Que les hommes abandonnent le privilège de disposer d'un prolétariat féminin corvéable à merci relève de l'utopie."
On a aussi un exposé du conflit caucasien ( livre écrit en 2006) , du conflit kurde .... C'est souvent bien amené , s'évertuant à montrer la haine que se vouent les peuples de cette région sans parti pris. Mais cela fait un livre très très dense qui aborde de multiples thèmes en les clôturant de façon péremptoire .
Rendant de fait la lecture pesante et poussant à moins apprécier l'écriture qui m'avait bluffé.
C'est dommage , parce que comme à son habitude, Sylvain Tesson nous abreuve de formules bien senties, comme celle de l'architecture soviétique dont on ne sait pas trop si elle est encore en construction ou déjà en ruine.

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