Citations sur Je m'appelle Marie (12)
Ceux qui vont le plus profondément dans la zone sont les meilleurs. On dit d’eux qu’ils ont du génie, mais ce n’est pas tant du génie que du courage et de la témérité. C’est comme cueillir des mûres. Les plus belles, les plus grosses, les plus juteuses sont celles qui sont difficiles d’accès. Celles qui coûtent cher en égratignures. Quand tu marches un mille dans les ronces pour cueillir ta mûre, elle est un fruit, mais elle est surtout un trésor.
Quand on comprend quelque chose à deux ans et demi, on le comprend pour la vie. Ce qu’on comprend devient une vérité absolue. Le feu brûle. La caresse apaise. Ce sont des vérités qu’on comprend jeune et qui nous restent.
Rien dans l’apparence, tout dans la matière. Un débatteur imbattable. Un puits de culture. Le roi du bon sens. Il peut mordre et faire mal. Il ne craint personne dans l’arène de l’obstination. Il peut jouer le jeu comme si c’était une partie de bridge ou un combat de coqs.
Ces deux petits enfants qui n’étaient hier encore qu’un relief sur le ventre de mon amour sont maintenant ma seule et unique raison de vivre. Ils sont la source et l’aboutissement de tout.
Dans toutes les cultures et toutes les langues, qu’elle soit slave ou latine, saxonne ou grecque, il y a Marie. Dans la bible et les livres d’histoire, il y a Marie. Pécheresse ou reine, sainte ou putain. Aïeule ou tout petit bébé, Marie n’a pas d’âge. Comme si le nom de Marie n’avait jamais été créé. Comme s’il avait toujours existé.
Pour être un bon directeur de la publicité d’une chaîne de magasins en plaisirs électroniques, les qualités requises ne figurent pas dans sa palette. Il a un budget à administrer, un budget de trois millions de dollars. Papa ne peut pas gérer les huit dollars qu’il a dans les poches. Il ne regarde jamais un chèque. Il ne connaît rien à la finance.
Maman est née pour être une maman, mais elle ne le sait pas encore. Son intuition l’amène là. Son intuition ne se trompe pas. Les souvenirs les plus précieux qu’elle garde de son enfance ont tout à voir avec l’amour maternel.
Papa est une machine à parler, tout est un sujet de conversation. Maman est une machine à bouger et à agir. Il y a toujours quelque chose à faire. Papa a toujours retenu ce syllogisme à la Yogi Berra: «J’en fais tellement que j’ai pas le temps de rien faire.»
Au fil des jours, des discussions et des caresses, leur relation se précise. Leurs rapports se dessinent. Leur dynamique s’établit. Leurs différences surtout se découvrent. Ils réalisent qu’ils sont arrivés ensemble sur leur petite île de bonheur en provenance d’univers totalement différents. Même quartier, même type de bungalow. Mais c’était bien différent entre les murs et dans le quotidien, entre les oreilles et dans le cœur, sur les sentiers.
Il s’était destiné, plus jeune, à une vie en congrégation, avant que l’appel de la chair ne crie plus fort que l’appel du Très-Haut. La testostérone lui sortait par les oreilles. La chasteté prendra son pied ailleurs, pas chez lui. Il a fait une demi-douzaine d’enfants.
Quand on est trop belle et qu’on a quinze ans, on n’échange pas un gars riche de dix-huit ans, avec une grosse moto, contre un gars de seize ans, pensionnaire chez les frères maristes et qui porte des pantalons bleu marine avec des lignes blanches, qui a les cheveux courts et un beau sous-sol.