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Critique de BillDOE


Elizabeth Harmon a huit ans lorsqu'on lui annonce que sa mère vient de mourir dans un accident de voiture. Elle est placée dans le foyer Methuen, un orphelinat. C'est par hasard, en descendant dans une des caves de l'établissement qu'elle sera confrontée pour la première fois à un jeu d'échec. Elle fait la connaissance du factotum, M. Shaibel, qui va lui apprendre les règles de ce jeu. Ce sera une révélation. Les nuits d'insomnie vont désormais être remplie de parties imaginaires, de combinaisons de coups de maitre, de roque et de mat. Beth est une surdouée, elle a la clairvoyance des plus grands joueurs. S'en suit une ascension fulgurante. Mais il y a un ver dans le fruit : son addiction pour l'alcool et les calmants, petites pilules vertes qu'on leur distribuait à l'orphelinat.
« le jeu de la dame » est une histoire qui attrape le lecteur de la première à la dernière page sans le lâcher. On est saisi par cette réussite invraisemblable et programmée. Walter Tevis a parfaitement su rendre son récit compréhensible même pour qui n'a jamais joué aux échecs et ce, mal grès la technicité de certains passages détaillants les parties.
Ce qui surprend chez Beth c'est son étonnante maturité et son courage inconscient face aux revers que la vie lui impose. Elle semble totalement indifférente à la société qui l'entoure, dénuée de toute empathie avec son prochain, complétement immergée dans son jeu. Elle fait partie de ces héroïnes aux pouvoirs surnaturels qui fascinent. La froideur de certaines de ses attitudes n'est qu'une façade qui la protège de toute agression. Elle semble invulnérable. Elle s'impose naturellement au milieu d'un monde majoritairement masculin et machiste, où les rares femmes qui y évoluent sont à peine remarquées, poliment placées dans un coin de la salle. Walter Tevis nous l'a rendue humaine grâce à ses défauts. Elle doute, elle boit, elle se drogue, mais elle garde toujours le contrôle. Elle gère. Les échecs sont sa priorité, sa vie, son moyen d'exister, d'être reconnue. Beth est orpheline, ce qui aurait pu la détruire. Mais grâce à son tempérament, c'est ce qui va être sa force et lui faire acquérir rapidement son autonomie. Les soixante-quatre cases, moitié blanches, moitié noires, théâtre d'une guerre d'égos surdimensionnés aux génies inquantifiables seront l'Olympe de Beth où elle finira par imposer son jeu et sa condition de femme.
« le jeu de la dame » est un intense et délicieux moment de lecture, un roman qu'il faut absolument découvrir.
Traduction claire et efficace de Jacques Mailhos.
Editions Gallmeister, Totem, 433 pages.
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