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Critique de Lucilou


Depuis que je l'ai rencontré au gré des romans et des livres d'Histoire, j'ai toujours eu un faible pour Richard III, malgré Shakespeare (oui!), un faible mêlé de compassion.
Le roi maudit n'est pas loin, dans mon imagerie, du héros romantique et tourmenté, incompris des siens et de l'Histoire.
Maigre, brun, ténébreux (je l'imagine avec un de ces regard... un regard de braises à se pâmer aussi sec) il est certainement moins sympathique que son frère, le séduisant Edward IV mais il m'a toujours paru bien plus intelligent. Trop en tout cas pour s'abaisser à tuer ses neveux...
Je n'y peux rien, je n'y crois pas moi à cette histoire, et j'ai pris fait et cause pour le vilain petit canard de la famille d'York qui me fascine résolument et qui ne m'aurait sans doute pas laisser de marbre si j'avais été membre de sa cour.

Et puis, je n'aime pas les premiers Tudor. Henry VII ne m'inspire pas plus de confiance que son royal rejeton.

Forcement, quand on m'a parlé de "La Fille du Temps", je me suis ruée dessus et comme j'ai bien fait.

Jugez plutôt: l'inspecteur Grant est tombé dans une trappe alors qu'il poursuivait un cambrioleur. S'ensuit pour ce dernier de longs mois d'immobilisation à l'hôpital et il s'ennuie. Dieu qu'il s'ennuie! le désoeuvrement le rend grincheux, les livres que lui ont apporté ses amis pour le distraire ne trouvent pas plus grâce à ses yeux que les deux infirmières qui s'occupent de lui.
Un jour, une de ses amie, comédienne, a une idée de génie: elle lui apporte toute une série de portraits historiques, chacune des personnalités représentées ayant un rapport avec un mystère historique. Marta espère ainsi occupé l'inspecteur de plus en plus taciturne.
Parmi les reproductions se trouve une reproduction d'un portrait de Richard III, roi auréolé d'une aura sinistre, sanglante… Etrangement et alors que tout semble avoir été dit sur celui qui donnait son royaume pour un cheval avant de succomber à Bosworth, c'est sur lui que choisit de se pencher Grant. Lui non plus, il ne la sens pas cette histoire de tueur d'enfants. de plus son flair est infaillible et l'homme du portrait lui est sympathique.

Avec l'aide d'un charmant étudiant américain, l'homme de l'art entreprend de rouvrir le dossier Richard III.
Et si Maître Will, Thomas More et les historiens s'étaient trompés? Et si l'enquête avait été bâclée?

L'intrigue est pour le moins originale et elle fonctionne à merveille. L'enquête mêle habilement passé et présent, fluidité et érudition. Elle ne manque ni d'humour ni de ce petit côté très britannique que j'affectionne. Ecrite dans les années 50 (quel modernité de la part de Josephine Tey quand on sait que depuis une vingtaine d'année, les historiens tendent à réhabiliter Richard III à la vue des dernières études et découvertes!), elle a aussi un je ne se quoi d'un peu désuet et de complètement délicieux.

"La Fille du Temps" m'a conquise et fait passer un excellent moment entre le XV°siècle et les années 50, tant pas l'originalité de son intrigue et de son postulat que de ses personnages. Elle a aussi réveillé ma vieille passion pour l'ancestrale querelle entre York et Lancastre...

Si les Tudor sont parvenus à réconcilier la rose rouge et la rose blanche, je crois que je leur garde un peu rancune de tout le sang répandu sur la fleur blanche...
Si seulement Richard III avait été moins magnanime parfois... Un comble pour un souverain de telle réputation!







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