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Critique de JMLire17


A la lecture de ce récit, au-delà des " aventures " qu'ont vécues les parents de l'auteur, c'est leurs luttes, pour la liberté, la justice, l'égalité et par dessus tout pour la paix qui bouleversent le lecteur. A travers eux, c'est le combat, la résistance du peuple juif, face aux horreurs du XX ème siècle. Au-delà de toutes les souffrances que nous décrit ce témoignage, la grande déception que l'on peut ressentir, c'est qu'il a existé bien avant la création d'Israël, des partisans d'un état binational qui prônaient l'entente entre juifs et arabes. Malheureusement le livre nous montre que les conditions pour cette solution n'ont pas été réunies et des hommes comme Martin Buber ont alors prédit, entre 1920/1930, une " guerre de cent ans " entre les deux communautés. Il est triste de constater que la fin du XX ème et le début du XXI ème siècle prouve qu'ils avaient raison.
C'est en 1958, un an avant de mourir que Sioma, le père d'Alexandre Thabor, lui raconte ses aventures de juif révolutionnaire. Sioma est né à Odessa alors dans l'empire Russe, dans une famille juive dont Abraham, son père était enseignant dans une école hébraïque. Tout jeune il s'engage au côté des révolutionnaires communistes pour lutter contre " les cent noirs " les partisans tsaristes antisémites qui perpétraient des massacres de juifs lors des pogroms qui ont sévi en Europe centrale. Au même âge, il rencontre Tsipora qui deviendra sa femme, et dès 1924, ils s'exilent en Palestine devant la tournure qu'a prise la révolution soviétique. C'est là sur la terre promise, qu'ils se battent pour la coexistence entre juifs et arabes, elle anime une école bi-confessionnelle, et lui se bat au côté des certains arabes pour chasser l'occupant anglais et contre les extrémistes des deux religions. En 1936, il est condamné à l'exil par les anglais, il abandonne alors Tsipora et son fils Alec, même si son amour pour eux reste intact. Avec un groupe de palestiniens, multi-confessionnels, communistes, il s'engage au côté des républicains en Espagne pour lutter contre le franquisme présageant que cette guerre était annonciatrice de la déferlante nazie. Son témoignage est émouvant lorsqu'il décrit les atrocités qui s'y déroulent, notamment celle qui concernent la journaliste française Jeanne Lev et la chirurgienne Lucia Cordoba, et très intéressant lorsqu'il explique les rivalités qui existaient entre communistes, anarchistes, républicains, les exactions qu'ils s'infligeaient entre eux, ainsi que l'abandon de Staline. Il montre que c'est la désunion qui a donné la victoire à Franco. A la fin de la guerre d'Espagne, il se réfugie en France et est interné dans le camp du Vernet puis en Algérie à Djelfa.
Entre temps Tsipora s'exile à Paris avec son fils dans l'espoir qu'ils s'y retrouvent. Pour le protéger des rafles, Alec est recueilli par des " Justes " dans le centre de la France et en Suisse. Libéré de Djelfa, Sioma reprend pour l'URSS une mission en Palestine en prévision de la création d'Israël. En 1946, il revient à Paris et apprend que Tsipora a été déportée et gazée à Auschwitz. le chapitre dans lequel il rencontre une femme qui l'a connue dans le camp est très émouvant, tout comme les lettres qu'ils se sont échangées en 1937/ 1938 (qui figurent à la fin du livre).
Pour comprendre en partie la révolution de 1917, puis comment elle est devenue une dictature meurtrière, ainsi que les rivalités entre Lénine, Staline, et Trotski, et avoir connaissance de l'antisémitisme qui régnait alors dans le pays; pour appréhender de façon exhaustive les affrontements qui ont émaillé la création d'Israël; pour analyser ce que fut la guerre d'Espagne, et enfin pour s'imaginer l'engagement de certains héros du XX ème siècle, il faut lire ce livre!
Il faut ajouter que la formidable et très rare préface d'Edgar Morin, ainsi que la postface de Dominique Vidal, historien et spécialiste du conflit israélo-palestinien donne encore plus de force à ce livre qui n'en manquait pas.
Merci aux éditions " Temps Présent " de publier ce type d'ouvrage et à Babelio de m'avoir permis de le lire.
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