Les douceurs d'Adrien

Les choses rapidement obtenues ont moins de saveur. L'attente est parfois plus excitante que l'objectif lui-même.

Sortez du cadre et vous serez injurié par quatre-vingt-dix-neuf pour cent des exemplaires du troupeau de la normalité.

En pâtisserie, comme à l'écrit, le créateur ne doit pas flatter son ego en montrant tout ce qu'il est capable de faire dans une même réalisation, sinon cela devient indigeste.

Celui qui ne fait rien est pour moi plus dans l'échec que celui qui produit quelque chose de moyen.

Il est étonnant de voir à quel point on tente toujours d'expliquer ce qu'on comprend le moins.

Aujourd'hui encore, la vue d'une bibliothèque bien garnie provoque chez moi une vive excitation. Les livres m'appellent, me suggèrent en secret de les ouvrir, de caresser leurs pages, de dévorer ce qu'ils ont à m'offrir, de me gaver de ce qu'ils ont à m'apprendre. Il est surprenant de voir à quel point le style de certains récits, écrits d'une belle plume, peuvent faire tressaillir alors que leurs sujets sont à priori rebutants.

Je suis comme une gousse de vanille dont on a extrait tous les arômes : épuisée.

Il faut d'abord ouvrir sa porte du possible, ensuite avoir le courage d'aller vers l'autre, puis espérer qu'il veuille bien nous donner la clef de sa propre porte. C'est la somme de ces trois facteurs qui la quête de l'amour si compliquée et le bonheur une fois atteint si enivrant.

J’aime les mots justes. Je me plais à les analyser, à les décortiquer. Certains d’entre eux, prononcés à haute voix, me donnent la chair de poule. La nuit, ils s’invitent dans mes songes, m’emmènent dans leur royaume féerique ou me narguent parfois en criant à tue-tête que « fatidique » aurait été bien plus pertinent qu’ « inévitable » que j’ai couché sur le papier la veille. Ces petits monstres vivants, tantôt accommodants, tantôt caractériels, me font alors vivre une véritable torture. Je leur pardonne pourtant leur inconstance, car comment ne pas s’émerveiller devant des raretés telles que mélopée, catir, néographie et paroxyton, ou devant la récurrence des lettres des mots indivisibilité, addenda, trottinette et cooccurrence, ou encore de la sonorité de liberté, poésie, éphémère et nuage.

- Tu as des regrets?
- Absolument pas. On souffre toujours en amour il faut juste trouver la personne qui en vaille la peine et elle en valait la peine.