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Critique de Giovanni59


Alors voilà quelques années, je me remettais d'un sale commentaire – on passe tous par là – en associant ma vision des livres avec celle que j'ai pu avoir de la musique, à travers l'expérience du choeur gospel et du chant en général. J'aurais pu faire la même analogie avec les instruments de musique. Bref ! En chant, on rencontre des voix à une octave, une tessiture étendue, un timbre éraillé, du vibrato, des solos a capella qui remplissent l'espace et des harmonies qui vous font dresser les poils. Tout ça pour dire qu'il existe du feel-good, des oeuvres au rythme lent, de véritables cris sauvages. Peu importe au fond qu'on écrive avec des métaphores filées ou qu'on aille à l'essentiel, si une émotion transpire du texte, si les dialogues sonnent juste et si, au final l'histoire est le reflet d'une vérité, on ne peut qu'adhérer.

J'ai déjà ressenti ça avec Charlie de Fanny Kim et le chant de l'aigrette de Rainie Lucian. Comme ça fait plaisir d'être happé par un roman, même si une petite relecture permettrait d'expurger la partition de quelques canards qui n'ont pas manqué de me narguer comme de vilains Gremlins. Mais sorties de ces flûtes traversières mal tempérées, le reste est particulièrement en place. La montée en tension entre nos héroïnes et les divers rebondissements, tout s'enchaîne avec souplesse, sans temps morts. le découpage est ingénieux, on suit la tournée d'une chanteuse reconnue et de ses musiciennes, les chapitres suivent les grandes villes au fil d'un calendrier ingénieusement calé. Emily pourrait se lancer dans l'écriture de thriller tellement elle joue avec nos nerfs.

Les personnages secondaires ne sont pas en reste et sont croqués avec soin. Personne ne tient le rôle du pot de fleurs. Alors forcément, quand on zoome à ce point sur un groupe de personnes, bah les lieux sont un peu laissés de côté, donc pour la visite touristique on repassera mais au fond cela aurait inutilement alourdi un roman bien équilibré. Clairement, le message est ailleurs. Parce que c'est avant tout l'histoire d'un amour entre deux femmes. Deux femmes dont l'écart d'âge est très bien rendu, une histoire personnelle et une famille. Tour à tour l'autrice met en scène tout ce que ça recouvre encore à notre époque d'aimer quelqu'un du même sexe, le regard des autres, le jugement des inconnus, pire celui des proches, toutes ces souffrances qui sapent le moral, mettent l'amour à mal et rendent difficile d'être soi-même, simplement en phase avec ses aspirations dans un monde aussi râpeux qu'une toile émeri.

Bref un livre plus profond qu'il n'y paraît, qui croque notre époque sans complaisance, sans tomber dans le pathos non plus. Tiens, puisqu'il s'agit de dépasser les préjugés, zappez donc ces quelques fautes qui soulignent au fond la personnalité de la narratrice. Je vais conclure sur cela, la double narration qui met en lumière le ressenti de Roxane comme celui de Maëlle est bien travaillée. On ne se pose jamais la question de savoir qui a la parole. C'est dire si l'autrice s'est immergée parmi son groupe et a davantage assisté aux concerts et aux coulisses qu'aligné des mots sur un traitement de textes. Un dernier mot pour vous convaincre ? Big up pour les extraits de chansons enchaînés et le discours de Roxane 😉
Lien : https://giovanniportelli.wor..
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