Foucault faisait franchement son âge, sinon plus. Ses cheveux étaient si gris qu'il était impossible d'imaginer qu'ils aient été d'une autre couleur dans le passé.
La directrice, quand à elle, usait de tous les stratagèmes cosmétiques pour tirer son âge vers le bas. La chevelure grisonnante se cachait sous des teintures. Les rides étaient gorgées de crèmes. Sa peau ressemblait aux façades de son musée, une vieillerie repeinte pour changer l'ancienneté en noblesse.
Elle conduisit le policier jusqu'au lieu du crime.
Il s'attendait à voir un tableau, mais elle lui désigna un petit dessin qui ne lui sembla pas plus impressionnant qu'un griffonnage nerveux inspiré par une consommation suspecte.
« Le voilà, dit-elle, Le Sommeil de la raison de Goya.
— Je pensais qu'il avait été volé ?
— Pire que volé, Monsieur l'inspecteur. Il a été remplacé par un faux. »
Un jour, je trouvai le vieil homme assis à sa table et penché sur son assiette. Je le savais indifférent à la nourriture pour l'avoir vu avaler sans le déguster le contenu de la gamelle préparée par ma mère que la maigreur du vieil homme avait émue. Il pouvait manger à n'importe quelle heure, ouvrant, quand les provisions venaient à manquer, une boîte de sardines à l'huile.
(La véritable histoire du Quetzalcoatlus)