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Critique de Jolap


Jolap
01 septembre 2018
Je remercie les éditions Buchet Chastel et Babelio qui m'ont offert ce livre lors d'une masse critique privilégiée.

Le sujet est grave. Un suicide, une guerre, un enterrement s'articulent, s'entrechoquent, se succèdent, se précèdent ou se bousculent dans la tête du personnage principal Joachim.

Pour être plus claire, Joachim est photographe de guerre. Il a vingt ans et part à Sarajevo pendant deux mois. Il garde très présent le suicide de sa soeur Viviane. Un drame pareil ne peut pas s'oublier. Quelques années plus tard il se rend à l'enterrement de son père. Il a quarante-cinq ans. le film de sa vie s'impose à lui. Des retours sur image, son enfance, ses manques, ses interprétations.

En lisant ce livre j'ai tracé une courbe assez cohérente entre les points marqués par l'auteur. le coup de tonnerre lorsque Viviane s'est suicidée, les bombes entendues à Sarajevo et toujours cette caméra qui se ballade obstinément entre les souvenirs et la réalité, entre une enfance feutrée et pourtant construite sur « du mou » et la guerre si dure qui ne cache rien de son acharnement cruel et violent. J'ai vu peut-être un pont entre la disparition de Viviane, disparition volontaire, irrémédiable, laissant sa traîne de doutes et de culpabilité, et le métier de Joachim qui décide à vingt ans de photographier la guerre, de la fixer droit dans les yeux, d'immortaliser des images alors qu'il n'a rien vu du désarroi de sa soeur, rien vu de l'urgence de la situation. A t-il voulu réparer ?

L'écriture est poétique et sensible. Il est bien difficile d'explorer tant de sentiments forts, de passer son stylo sur tant de cicatrices à peine fermées sans avoir le talent d'émouvoir. Et j'ai souvent été émue !

J'ai trouvé, entre autre, le passage sur l'angoisse particulièrement savoureux parce que tellement bien dit, tellement juste et décrit avec de si belles images. Je le noterai avec grand plaisir dans les citations si ce n'est déjà fait.

Cependant, pour être honnête, j'ai buté sur des passages un peu trop ampoulés à mon goût. L'auteur nous parle « d'ourlet du sommeil simulé » « de la tôle ondulée de sa cage thoracique », « d'homogénéité amoureuse » de « La mère qui dérivait dans une temporalité de plus en plus lacunaire » « d'un laps de temps, pièce maîtresse dans l'architecture du hasard ».
Des phrases directes, épurées se seraient intégrées à merveille dans ce contexte me semble t-il..

Et puis quelques passages un peu lents. J'attendais une autre musique.
Les éclats d'obus, les coups de mitraillette, les flashes de l'enfance, une photographie, un saut dans le vide tout cela est bref, atroce mais bref, spontané, fulgurant. Un clic, un bruit assourdissant, un semblant d'image qui passe à la vitesse de l'éclair. Une situation d'urgence marque son emprise. Et Clac.

Cette remarque très très personnelle ne m'empêche pas de classer ce livre dans la rangée d'ouvrages qui m'ont marquée, que je relirai peut-être un jour et que je ferai circuler sans aucun doute. Il faut bien de temps en temps ergoter sur ce que l'on pense être des moins-values si l'on veut mettre en évidence les points forts plaisants d'une histoire!
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