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Citations sur Miss Sarajevo (60)

Le propre de l'angoisse est de venir interrompre l'acte le plus anodin, le plus quotidien et de l'enrayer. Elle se glisse dans les plis des draps, de lit défait en lit défait, dessinant une chaîne ininterrompue d'insomnies. Elle traverse le corps de part en part, de cellule en cellule, s'infiltre dans chaque membre, tendon, muscle, nerf. Rien ne sert de lutter. Il faut attendre que les proportions du monde se rétablissent, que l'angoisse redevienne peur, inquiétude et son objet un bibelot dont on pourra bientôt se moquer. (p40)
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L'imminence du départ, ce spasme entre la certitude d'un quai et le doute d'une destination, déstabilise un grand nombre de voyageurs. On a beau avoir lu les panneaux d'affichage, vérifié les écrans, rien n'y fait: le parallélisme des quais et des trains semble une invite à se tromper de voie, à se tromper de vie.
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Choisir de cesser de vivre, ce n'est pas forcément choisir de mourir.
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La guerre n'arrête pas seulement le temps, elle l'engloutit, brouille les figures, les traits, et ride pareillement vieillards et enfants. Un même masque se dépose sur les visages rongés d'angoisse et privés de sommeil.
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Vesna continue d'expliquer. Elle parle sans interruption. La résistance, ce n'est pas seulement celle à laquelle participe [son fils] Zladko. Il y a quantité de manières de se battre pour regagner le droit de vivre ensemble. La ville entière résiste en s'acharnant à vivre. En continuant à sortir pour sa ravitailler en nourriture, en eau, les bidons à bout de bras, priant pour que Dieu existe et qu'il regarde du bon côté. En continuant à fréquenter les théâtres et les galeries d'art en sous-sol, les concerts dont résonnent les caves. En continuant à se marier. A faire l'amour. A jouir. A enfanter. En organisant un concours de beauté. A ces mots, Vesna se contorsionne vers le siège arrière de la voiture et se saisit d'un paquet qu'elle jette sur les genoux de Joaquim : 'Schwarzkopf blond cendré n° 08'. Vesna a échangé cette teinture au marché noir contre la fortune d'un kilo de sucre.
(p. 125)
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Il regarde la façade arrondie [...] , repère l'enfilade de fenêtres de l'appartement où il a grandi, la baie vitrée du salon, son balcon, la chambre des parents, la sienne, celle de Viviane, toutes donnant sur la rue, et Joaquim se souvient comme il aimait imaginer la vie des gens en regardant à travers leurs carreaux. C'était l'un de ses jeux favoris quand il était enfant, surtout l'hiver lorsque la nuit chasse la lumière bien avant l'heure du coucher, transformant le monde en un vaste calendrier de l'Avent. Chaque fenêtre éclairée recelait une histoire à raconter.
(p. 168-169)
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Il n'y a rien à comprendre de la psychologie d'un tueur. Il n'y a pas de 'psychologie du tueur'. Il y a un conflit dont les nations européennes s'excusent au motif qu'il serait ethnique. Durant la guerre de Bosnie, nombre de tueries se sont pourtant passées d'ennemis définis. Comme ce jour de juillet 1992, lorsqu'une tour d'habitation du centre-ville a été prise pour cible. Vingt minutes de pilonnage méthodique au canon antiaérien de quarante millimètres. Aucun appartement n'est épargné, du rez-de-chaussée au dix-huitième étage, vitre après vitre, sans souci de confession, sans préoccupation d'ethnie. Pour unique objectif : la gratuité du meurtre de masse. S'ensuit ce silence propre à la guerre, pareil à l'épanchement d'un gaz invisible, le tympan palpitant contre l'air chauffé à blanc. Le tueur pose son arme, fouille ses poches, en extrait un paquet souple. L'extrémité de sa cigarette s'enflamme, rougeoie. La fumée remplit sa bouche, tapisse sa gorge, descend le long de sa trachée, se disperse dans les ramifications de ses bronches et y stagne. Plusieurs secondes s'écoulent avant l'expiration simultanée par la bouche et le nez. Un vent tiède emporte la fumée. L'odeur insiste quelques secondes et disparaît à son tour. Réduit à une vibration, le corps du sniper se déplie - la station debout comme dernier souvenir de son humanité.
(p. 186-187)
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Dès son invention, la photographie, thanatopraxie qui ne dit pas son nom, s'est invitée dans la sphère familiale, au premier rang des cérémonies marquant les âges de la vie.
(p. 17)
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Zladko ne déteste pas les journalistes. Il s'étonne simplement que, depuis le début du siège, leur présence et leurs témoignages n'aient eu aucun impact sur le positionnement des gouvernements spectateurs de ce jeu de massacre.
(p. 155)
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Dans les Balkans, le vivre-ensemble était une notion vaste. Komsiluk. On veillait les uns sur les autres. on se prêtait les enfants, on les nourrissait et on les berçait sans distinction de confession, de nationalité. On était de tous les anniversaires et de tous les enterrements. Et quand un étranger frappait à la porte, on l'invitait à sa table (...) Nous étions Bosniens. Mais si cette guerre ne se termine pas rapidement, plus personne ne le sera plus jamais.
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