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Je remercie les éditions Buchet Chastel et Babelio qui m'ont offert ce livre lors d'une masse critique privilégiée.

Le sujet est grave. Un suicide, une guerre, un enterrement s'articulent, s'entrechoquent, se succèdent, se précèdent ou se bousculent dans la tête du personnage principal Joachim.

Pour être plus claire, Joachim est photographe de guerre. Il a vingt ans et part à Sarajevo pendant deux mois. Il garde très présent le suicide de sa soeur Viviane. Un drame pareil ne peut pas s'oublier. Quelques années plus tard il se rend à l'enterrement de son père. Il a quarante-cinq ans. le film de sa vie s'impose à lui. Des retours sur image, son enfance, ses manques, ses interprétations.

En lisant ce livre j'ai tracé une courbe assez cohérente entre les points marqués par l'auteur. le coup de tonnerre lorsque Viviane s'est suicidée, les bombes entendues à Sarajevo et toujours cette caméra qui se ballade obstinément entre les souvenirs et la réalité, entre une enfance feutrée et pourtant construite sur « du mou » et la guerre si dure qui ne cache rien de son acharnement cruel et violent. J'ai vu peut-être un pont entre la disparition de Viviane, disparition volontaire, irrémédiable, laissant sa traîne de doutes et de culpabilité, et le métier de Joachim qui décide à vingt ans de photographier la guerre, de la fixer droit dans les yeux, d'immortaliser des images alors qu'il n'a rien vu du désarroi de sa soeur, rien vu de l'urgence de la situation. A t-il voulu réparer ?

L'écriture est poétique et sensible. Il est bien difficile d'explorer tant de sentiments forts, de passer son stylo sur tant de cicatrices à peine fermées sans avoir le talent d'émouvoir. Et j'ai souvent été émue !

J'ai trouvé, entre autre, le passage sur l'angoisse particulièrement savoureux parce que tellement bien dit, tellement juste et décrit avec de si belles images. Je le noterai avec grand plaisir dans les citations si ce n'est déjà fait.

Cependant, pour être honnête, j'ai buté sur des passages un peu trop ampoulés à mon goût. L'auteur nous parle « d'ourlet du sommeil simulé » « de la tôle ondulée de sa cage thoracique », « d'homogénéité amoureuse » de « La mère qui dérivait dans une temporalité de plus en plus lacunaire » « d'un laps de temps, pièce maîtresse dans l'architecture du hasard ».
Des phrases directes, épurées se seraient intégrées à merveille dans ce contexte me semble t-il..

Et puis quelques passages un peu lents. J'attendais une autre musique.
Les éclats d'obus, les coups de mitraillette, les flashes de l'enfance, une photographie, un saut dans le vide tout cela est bref, atroce mais bref, spontané, fulgurant. Un clic, un bruit assourdissant, un semblant d'image qui passe à la vitesse de l'éclair. Une situation d'urgence marque son emprise. Et Clac.

Cette remarque très très personnelle ne m'empêche pas de classer ce livre dans la rangée d'ouvrages qui m'ont marquée, que je relirai peut-être un jour et que je ferai circuler sans aucun doute. Il faut bien de temps en temps ergoter sur ce que l'on pense être des moins-values si l'on veut mettre en évidence les points forts plaisants d'une histoire!
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Une belle découverte, vraiment! Je ne connaissais pas l'auteure, qui a déjà eu plusieurs prix. Et dès les premières pages, j'ai été séduite par l'écriture, tout en poésie et émotion, en pudeur aussi.

Le titre fait immanquablement penser à la chanson de U2 et plus spécialement aux paroles" is there time to be a beauty queen". Cependant, contrairement à mon attente, s'il est question de la guerre en Bosnie et de Sarajevo, du concours de beauté organisé pour conjurer l'horreur, ce n'est surtout que dans la dernière partie du livre.

Le thème essentiel est celui d'un douloureux événement familial, qui a fait perdre ses repères à une famille. C'est la souffrance de Joaquim, de ses parents, après la disparition de sa soeur Viviane à seize ans.

Comment se construire quand on a dix neuf ans au moment des faits? Comment continuer pour un père, une mère?

Le livre est donc une introspection, Joaquim, la quarantaine, égrène ses souvenirs, alors qu'il revient après la mort du dernier membre de la famille, son père , à Rouen, sur les lieux douloureux de l'enfance et de l'adolescence.

Pour survivre, Joaquim avait décidé de partir à l'étranger, comme photographe, dans les zones de conflit. Mais cette fuite en avant, qui le fait se rendre d'abord à Sarajevo en 1993, il la sait inutile:" on n'oublie jamais rien; on escamote ou on enfouit."

Les flash-blacks ramènent le lecteur à l'époque où Viviane était encore vivante, ils nous plongent aussi dans l'enfer de Sarajevo ( les traumatismes des habitants sont extrêmement bien rendus), et évoquent la dégradation familiale.

Les remarques sur la mémoire, l'acte de photographier, les séquelles irréversibles d'un drame familial, le quotidien affreux de civils subissant la guerre sont très justes et nous imprègnent en profondeur.

Un grand merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel pour m'avoir permis d'entrer dans l'univers d'Ingrid Thobois. Je compte lire d'autres livres de cette auteure très attachante.Si vous avez des titres à me suggérer, je suis prenante!
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« De Sarajevo, Joaquim n'a longtemps su que l'assassinat d'un archiduc. »

Même chose pour tous ceux nés avant 1970-1980, je suppose.
Jusqu'à cette guerre des Balkans, au début des années 90, « à seulement deux heures d'avion de Paris », comme on disait alors.
Au coeur du conflit : Sarajevo à feu et à sang.
Il nous semblait inconcevable, à travers nos écrans TV ou 'le poids des mots, le choc des photos' de la presse, que les Casques bleus (ONU) ne puissent rien faire pour arrêter ça.
Cette guerre a duré quatre ans.
Bilan humain : « Onze mille cinq cent quarante et un [ 11 541 ] morts, enterrés si l'on a pu, comme on a pu, quand on a pu, à l'aube ou au crépuscule, rarement dans un cimetière, dans les bas-côtés, devant les entrées d'immeubles, sous les balançoires des jardins publics. »
La population a résisté. Certaines personnes activement, en prenant les armes. D'autres 'passivement', en continuant à vivre dans cette ville, sous les bombes, sous les tirs. Des 'gestes minuscules' comme dit la 4e de couv, mais essentiels ; ceux du quotidien, et parfois même un peu plus, du luxe troqué contre les produits de première nécessité.

Ingrid Thobois nous raconte tout cela, et beaucoup d'autres choses, à travers le regard de Joaquim, jeune photographe de vingt ans, mi-rouennais, mi-parisien, perturbé par un drame familial et en froid avec ses parents.

J'ai lu ce texte doucement, soigneusement, relevant de nombreux passages, séduite par la plume précise, riche en images et symboles.
L'auteur décrit parfaitement le figé (photo) aussi bien que le mouvement (train) ; la photo qui montre l'horreur ou qui leurre sur un bonheur feint ; les souvenirs d'un quadragénaire et la fuite de la mémoire d'une vieille femme brisée ; la création artistique et l'auto-destruction ; les apparences et les sentiments ; la cellule familiale qui protège et détruit ; les drames familiaux et les conflits à l'échelle d'un pays ; les brouilles individuelles figées par orgueil et l'inertie de la communauté internationale face à une guerre pourtant très médiatisée...

Autant de sujets qui me captivent, a fortiori lorsqu'ils sont traités avec une telle sensibilité.
Je suis bien sûr impatiente de découvrir d'autres textes de cette auteur brillante.
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Miss Sarajevo , livre reçu lors d'une opération spéciale Masse Critique.
Livre de l'auteur Ingrid Thobois dont j'ai lu un autre roman il y a quelques années , le roi d'Afganistan ne nous a pas mariés , livre que j'avais beaucoup aimé .
Cette lecture Miss Sarajevo m'a encore plus plu , j'ai eu l'impression que l'ecriture de l'auteur était encore plus belle .
Miss Sarajevo le titre est une référence à un concours de beauté organisé lors de la terrible guerre fratricide en Bosnie , guerre ' à nos portes' , ce qui nous semblait inimaginable après la chute du mur de Berlin qui nous berçait de la douce illusion de vivre une période de paix éternelle .
Le roman se compose de deux histoires , cette guerre si troublante parce que si proche , et l'histoire personnelle de Joachim , toute en retenue .
Je pense que c'est cette partie que j'ai le plus aimé , l'histoire de cette famille qui n'a jamais pu mettre des mots sur sa souffrance en pensant bien faire et qui s'est enfoncée dans un mal - être sans retour .
Histoire toute en finesse comme je les aime , il me semble que ma critique ne rend pas hommage à ce livre , alors un seul conseil , lisez le et pendant quelques heures suivez les pas de Joachim de Sarajevo à Rouen , revenez sur les lieux de son enfance et vous lirez un roman qui évoque merveilleusement le temps qui passe , les traces de souvenirs sur nous devenus adultes .
Merci à l'auteur pour ce beau roman , merci à babelio pour cette belle lecture , je vais m'empresser de la conseiller autour de moi .
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Voici un joli roman doux amer dont les images fortes me trotteront longtemps dans la tête.

Avec une remarquable sensibilité et une documentation précise concernant les années noires de Sarajevo, Ingrid Thobois nous glisse dans les bagages de Joaquim, photographe de guerre, traînant une histoire familiale dramatique qu'il tente de conjurer en se frottant aux risques du son métier.

L'acte fondateur du globe-trotteur étudiant sera cette plongée dans la ville assiégée, au plus près des populations, dans l'intimité d'une famille qui verra couronner sa reine de beauté 1993, comme un défi à la mort et à l'horreur.

Le livre structuré en deux narrations parallèles sur plusieurs années évoque autant les brisures extérieures, par la zone de conflit, qu'intérieures par la douloureuse résilience d'un vécu familial détruit par un secret.
C'est la reconstruction en sérénité d'un homme qui se joue ici, avec une écriture tout en délicatesse, sur un contexte qui porte haut les idées de fraternité et d'amour familial.

Une très belle réussite.
Je vais m'empresser de découvrir les autres titres de la romancière.

Remerciement à #Netgalley
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Avant tout, je tiens à remercier Babelio et les Editions Buchet Chastel qui m'ont permis grâce à Masse Critique de découvrir la plume sensible et délicate d'Ingrid Thobois.
Je suis toujours curieuse de me plonger dans un roman lorsque je ne sais rien de l'auteur, j'aime cette immersion en terre inconnu.
Et là, je dois dire que j'en ressors tout à fait conquise. J'ai tout aimé dans ce livre à la fois grave et poétique.
J'ai aimé ces histoires qui se chevauchent entre Paris, Rouen et Sarajevo.
J'ai aimé Joaquim, photographe de guerre, en proie à un grand mal être après le suicide de sa soeur et qui part à Sarajevo, ville meurtrie en espérant exorciser ses démons.
J'ai aimé la façon dont l'auteur nous transporte, d'une ville à l'autre, d'un drame à l'autre.
Une histoire personnelle douloureuse qui fait échos à l'histoire d'une ville en proie aux bombardements où l'on tente de survivre en rêvant de devenir « Miss Sarajevo », lorsque l'on ose comme Inela passer outre le danger et défiler en brandissant une pancarte : « Don't let them kill us ».

Sans jamais tomber dans le larmoyant, l'auteure réussit un roman pudique et émouvant.
Une belle lecture.


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***

Joachim a 44 ans. Il vient d'apprendre le décès de son père, qu'il n'a pas vu depuis de très nombreuses années. Cette perte le laisse totalement orphelin. Il n'a plus personne, il est seul... Seul avec ses questions, ses doutes, ses angoisses et ses fantômes. Alors il se souvient, alors qu'il avait à peine 20 ans, de son premier voyage dans un pays en guerre : les 2 mois passés à Sarajevo en 1993 l'ont marqués à jamais...

Dans ce roman qui mêle à la fois les époques, les pays et la Grande Histoire, Ingrid Thobois nous plonge dans les douleurs infligées par autrui, subies et dépassées.

Quelles soient dues à la guerre, comme pour la famille que rencontre Joachim à Sarajevo, ou en raison du silence et des non-dits familiaux, les blessures sont ici profondes. Chacun doit alors puiser en lui la force de les panser.
Joachim tente de combler les silences par les bruits des obus, cherche à faire taire ses acouphènes au milieu des bombes... Comment apprendre à vivre dans le manque perpétuel d'amour, de parents, de gestes tendres et de paroles déculpabilisantes et rassurantes ?

Un roman fort, tout en pudeur, où résonne le son des coups qui blessent mais ne tuent pas...

Merci à NetGalley et aux Editions Buchet Chastel pour leur confiance.
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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D'une plume élégante Ingrid Thobois nous entraine de Rouen à Sarajevo à travers les souvenirs du narrateur, Joaquim entre les années 1990 et maintenant .

Il faut un certain temps pour comprendre le titre du roman , ce miss Sarajevo ... Lent cheminement avant de plonger dans les souvenirs de cette ville meurtrie en 1993 où les snipers au coin des rues dictent leur loi.

Dans la famille de Joaquim, chacun lutte à sa façon contre le chagrin après le suicide de Viviane , la jeune soeur de Joaquim : perte de mémoire rapide pour la mère, froideur et distanciation pour le père , Joaquim , lui , part en temps que photographe de presse dans le pays le plus dangereux de l'époque: Sarajevo en souhaitant inconsciemment, lui aussi y laisser sa vie .

A Sarajevo, au milieu des ruines, les survivants n'ont pas le temps de s'apitoyer sur leur sort et Joaquim est en quelque sorte pris en charge malgré lui par des habitants qui luttent pour leur survie et leur dignité, lui ouvrant la porte de l'espoir : des actes de résistance comme l'organisation d'un concours de beauté , une chorégraphie précise pour éviter les tirs , une fraternité pour lutter au quotidien contre les privations ... Famille de substitution pour le jeune homme qui va puiser de nouvelles aspirations et débuter un lent parcours vers la résilience .

Un joli roman à lire en écoutant et en regardant le clip de Miss Sarajevo par U2 avec Pavarotti.

Merci beaucoup pour cette masse critique privilégiée à Babelio et aux Editions Buchet-Chastel .
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Un grand merci à Babelio pour cette masse critique privée et aux éditions Buchet Chastel pour ce partage d'une si belle lecture.
Un roman particulier il faut bien le dire, le balancement entre deux époques du personnage principal, nous berce doucement entre deux déchirures, où la douleur, le malheur règnent. Joaquim nous conte le drame familial, et ce mal être qui va l'accompagner tout le long de ce récit, qui va le propulser en plein de coeur de Sarajevo en guerre. Il retrouve les prémices d'un sourire, en la compagnie d'une famille qui vit la guerre au jour le jour. Dans cet espace temps figé dans l'horreur et l'incompréhension, on tente de vivre, de survivre et aussi de poursuivre, faire un pied de nez à cette absurdité et vaille que vaille d'organiser ce concours de beauté : miss Sarajevo ! Une résistance comme une autre.
Les passages de la guerre sont prenants, courts mais percutants.
La vie fracassée de Joaquim, nous bouleverse, on aimerait bousculer ses parents, on aimerait retenir sa soeur, et les voir s'étreindre tous les quatre, dans la joie et le bonheur d'une famille unie et heureuse.
On ne peut que s'émouvoir dans cette douleur, on ne peut que succomber au style si sensible de l'auteur et finir sur la note musicale pour retrouver l'éclat d'un espoir, un rayon de lumière avec U2 et miss Sarajevo en vous laissant le lien de la première version en 1997 au stade Kosevo,les voix De Bono et de Pavarotti finiront de vous séduire et de vous inviter à lire ce roman : Miss Sarajevo, pour ne pas oublier que la guerre reste le plus grand fléau de tous les temps. https://www.youtube.com/watch?v=S3KrelhVG5I (la qualité de l'image mauvaise mais on est en 1997 ! avec le moyen de l'époque )

je retranscris aussi la phrase sur la banderole lors du défilé : Don't let them kill us.
Ça résume bien la détresse d'une population prise entre les feux de la folie des hommes.
Émouvant, troublant, percutant. Encore merci pour cette belle lecture.
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Dans ce roman, nous suivons Joaquim qui le temps d'un trajet en train vers sa ville natale Rouen, se remémore son enfance, puis son adolescence avec en toile de fond un climat familiale pesant. Ses souvenirs nous entraînent également au coeur du conflit yougoslave.

Comme quoi les trajets en train sont souvent propices au vagabondage vers nos souvenirs avec ces paysages qui défilent à toute vitesse au coin de l'oeil.

Je ne préfère pas développer davantage sur l'histoire, je vous laisse imaginer, car j'ai été un peu déçue en lisant ce roman. Je m'attendais à suivre cette guerre qui m'intrigue car je ne m'en souviens que vaguement, étant adolescente à l'époque. Toute la partie du roman consacrée aux relations familiales ne m'a pas du tout attirée. Finalement, la quatrième de couverture a peut-être mal orienté mon choix pour ce roman...

Mais je dois quand même dire que l'écriture et le style de l'auteure qui mêle allers-retours entre différents moments du passé m'ont séduits. Quant aux passages en lien avec le conflit, j'ai appris énormément de choses et je souhaite maintenant trouver d'autres romans abordant cette thématique.

Merci à Babelio et aux éditions Buchet Chastel pour leur partenariat dans ce masse critique spécial.
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