AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de isanne


J'ai foulé le sol d'Alar, les sentes des jardins, sous les vieux arbres, croisant à l'occasion deux chevreuils ou un renard. J'ai franchi le seuil du château, vestige aux yeux grands ouverts, demeure qui a vu s'écrire nombre d'existences en ses murs.

Si on devait qualifier Alar, l'entourer de mots capables de résumer d'en dire tout le pouvoir, cela serait : solitude, deuil, folie, fracas des vies. Et il faudrait s'arrêter sur une pierre, se poser et écouter le chant des oiseaux, éprouver leur frôlement, admirer leur délicate fragilité. Puis partir, le nez au vent, lever les yeux vers la canopée, ou au contraire les baisser pour les faire étinceler des couleurs végétales qui s'offrent à celui qui accepte de n'être que perception.

Alar, c'est l'histoire de plusieurs vies, toujours en deuil, frôlant la mort, solitaires... Alar et son jardin comme un réconfort, un apaisement. Alar et ses profondeurs pour y nicher les tourments et ne garder que les beaux moments de la vie...

Alar, c'est apprendre à s'ouvrir à l'autre, celui qui s'est confié en toute pudeur et qui n'est plus, celui qui se fait guide désormais les choix de vie, par son souvenir. Alar c'est faire que la folie s'apprivoise, qu'avec elle, il est possible de cohabiter, que la douleur et la cruauté des hommes peuvent s'oublier, ne serait-ce qu'un peu, dans l'amour d'un fils pour son père, dans sa patience à son égard.

Alar peut être une terre d'exil, une forêt bruissante qui permet de s'inventer un séjour éphémère et de le transformer pour le rendre acceptable, pour faire que les souvenirs ne soient pas trop lourds à porter, que l'ailleurs ne fasse pas trop mal, que se retourner sur ces murs chancelants ne soit pas douleur.

Alar c'est le lieu où la nature peut encore s'écrire avec une majuscule, les chevreuils, les renards ou même les truites de la rivière sont libres, écoutés, admirés. Ils sont comme en symbiose avec les lieux y sachant trouver refuge lors des tempêtes, y profitant du silence et de la tranquillité des lieux qui ne sont pas visités.

Alar c'est cinq et plus, morceaux de vie qui disent cinq et davantage regards sur le "domaine"... pour enfin en connaître tous les détails par celle qui l'a tant aimé et qui l'a gardé en elle toute sa vie. Alar, ce sont les pas déjà légers de ceux qui ne sont plus tout à fait de ce monde, Alar c'est le domaine des simples, des doux, des bons même dans leur extravagance ... et elle correspond si bien au lieu.

L'écriture de Mana Thomas se déroule comme une hélice d'escargot, elle tourne, tourne tout en images, tout en mots choisis et sonores, presque comme des notes de musique pour mieux capter l'esprit du lecteur, le capturer dans les branches des vieux arbres et lui donner l'envie de découvrir davantage l'histoire des lieux et celles qui s'y sont accrochées au gré des visites. Elle dit et dissimule, dévoile et passe sous silence jusqu'à la rencontre ultime où toute vie est à sa place désormais.


Laissez-vous entraîner entre château et manoir, entre parc, futaie et jardins, laissez votre esprit s'envoler avec les oiseaux et venez croiser toutes ces vies qui voue enseigneront… Venez rencontrer ces êtres qui vous parleront avec leurs mots à eux d'un lieu, comme d'un sortilège.
Commenter  J’apprécie          398



Ont apprécié cette critique (35)voir plus




{* *}