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Critique de Pecosa


« Cette ville ne dort jamais, se dit-il. Elle se débat dans les remugles de sa propre agonie. » Cette ville, c'est São Paulo. Douze millions d'habitants. Plus grande ville du Brésil. Plus grande ville d'Amérique du Sud. Etat de 42 millions d'habitants, le plus peuplé du continent américain. Une majorité de blancs, une minorité de noirs et d'Amérindiens, une minorité d'ultra riches, une majorité de pauvres. L'essence de ce roman noir du Britannique Joe Thomas est contenue dans la photographie qui figure sur la couverture: un amas de bidonvilles qui cerne des immeubles modernes, le tout copieusement nappé de brouillard, l'état de Sao Paulo concentrant un taux record de particules polluantes en suspension.

Brazilian Psycho, n'est pas un autre American Psycho à la Bret Easton Ellis car un seul Patrick Bateman ne suffirait pas pour incarner les excès et les dérives d'une mégapole. Pour saisir la quintessence de São Paulo, Joe Thomas choisit deux périodes phares de son histoire récente, la présidence de Lula, puis celle de Bolsonaro, et surtout le mandat de Marta Suplicy, ancienne députée, ancienne maire de São Paulo, ancienne ministre, et sénatrice. Car la ville, puissant levier économique du pays, est décisive sur le plan national. C'est par le biais du roman noir et à travers le parcours d'une multitude de personnages, policiers, délinquants des favelas, agents de la CIA, avocats, hommes politiques, prostitués, que le romancier dresse un portrait terrible de la ville tentaculaire, cloisonnée, raciste, corrompue, où l'ascenseur social n'existe pas, où la justice vous rendra blanc ou noir selon que vous serez puissant ou misérable, et où la politique influe de manière démesurée sur les esprits, que ce soit par l'espoir (ou crainte pour les financiers et les Américains) suscité par la politique sociale menée par Lula ou Rousseff, ou par la haine avec la montée des violences homophobes et racistes chez les partisans de Bolsonaro.

Le roman est colossal, l'écriture percutante, et laisse le lecteur étourdi par la violence de la ville, et le rythme du récit. Brazilian Psycho lorgne du côté de Don Winslow pour le Mexique ou de Ellroy pour Los Angeles. Je n'ai pourtant pas compris le choix de traduire et de publier le dernier volume de cette tétralogie, car trois romans précèdent Brazilian Psycho, et mettent en scène des personnages que l'on retrouve ici, Paradise City, Playboy et Gringa. Il est dommage de ne lire que le dernier volume de ce quatuor brésilien. Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour ce roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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