p. 128: "L'idée de faire de Justine mon esclave commençait à me tourmenter. Elle témoignerait d'une dévotion sexuelle totale, assouvirait tous mes caprices érotiques. Je fantasmais sur la malléabilité de son corps, ses postures, sa bouche offerte, ses mains caressantes, ses jambes largement ouvertes révélant son intimité vermeille. Je la regardais enchaînée au lit comme un chien".
P. 99: "Le tableau de Justine ne me suffisait plus. Je voulus peindre d'elle un portrait mental empreint de toute sa vitalité. L'autre devint pâle, vide, avec des orbites creuses, une peau en décomposition. Vampirique, la nouvelle image que j'inscrivais en moi aspirait son sang pour renaître. Devenir immortelle. L'icône neuve se mit à mener sa vie propre, railleuse, ensorceleuse, jusqu'à faire de moi son esclave".
p. 64: "Plus Juliette me parlait de Justine, plus j'étais ensorcelé par la trahison éhontée dont elle avait été victime. Chaque adjectif pour décrire Justine, chaque verbe pour dépeindre son comportement, ne faisait qu'ajouter à mon désir pour elle. Chaque mot la concernant avait cet effet sur moi, quel que fût le mot."
p. 31: "Un jour, j'en eus assez de ma solitude. Une porte s'ouvrit et je marchai tout droit avers un vide immense. Ma rencontre avec Justine en était la cause. Sous d'autres aspects, ma vie y demeura la même - du moins en surface. Mes objets d'art m'entouraient toujours. Des adolescents de marbre crémeux et des têtes d'ébène continuaient de m'observer en silence. Cependant la connaissance de l'existence de Justine m'emplissait et collait à ma vie comme une ombre.
Le point culminant de l'été était arrivé, vengeur. Les jardins privés du square succombèrent à la sécheresse en une nuit, et l'herbe prit la couleur des cheveux de Justine".