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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Longtemps "moqué" (c'est relatif) médiatiquement pour ses craintes liées à l'endoctrinement des djihadistes français, David Thomson est rapidement devenu LA référence journalistique pour les questions de terrorisme. Le présent ouvrage est assez pertinent et permet de détailler un peu plus le parcours de certains "monstres", et d'autres moins monstres. On serait tenté de dire carrément que ce sont des brebis égarées dans certains cas.. Son style se veut neutre, ni complaisant, ni accusateur. Bon équilibre. Je présume que c'est cette approche qui lui a permis de gagner la confiance de ces jeunes et de la garder au fil des années (et des événements).

De manière générale, j'ai été particulièrement frappé par la recherche de légitimation permanente de ces djihadistes. Certains sont simplement perdus ou en manque de perspective, d'autres sont carrément des pervers (pas uniquement sexuels bien entendu). Dans tous les cas, ces joyeux petits compagnons se retrouvent dans une aire de jeux, Syrie-Irak, qui permet d'assouvir leurs besoins meurtriers, sexuels, de domination, de religion aussi, etc.. Quelles que soient leurs actions, celles-ci se verront toujours justifiées divinement d'une manière ou d'une autre, pourvu qu'elles aident l'EI à se renforcer.

La fin du livre est une synthèse des différents entretiens menés. L'auteur pose une analyse générale de la situation de ces jeunes, en reprenant souvent mot pour mot leurs expressions. Il en ressort, notamment, que la réponse politique apportée est complètement en phase de test. Personne ne sait vraiment quoi faire. Alors on fonctionne par expérimentation. On observe, et on tente d'apprendre. Le meilleur exemple reste quand même le biais de genre qui a prévalu pendant longtemps: une femme ne pouvait pas vraiment être assimilée à cette idéologie de manière autonome. Non, il devait être plus que probablement question de soumission quelque part. Il en ressort que ce n'est pas le cas. Les femmes sont, si pas plus, au moins aussi convaincues de la légitimité de ce combat que leurs congénères masculins.

Il ressort également de ces entretiens que l'argument "ça n'a rien à voir avec l'islam" semble très léger pour les convaincus. Un des "repentis" l'explique très bien (le plus intéressant des djihadistes suivis à mes yeux): la démocratie n'est pas compatible avec l'islam. Dire qu'il est possible de concilier une approche démocratique et religieuse avec es gens n'a aucun impact sur ces personnes. En effet, comme dit dans les dernières lignes du livre, la souveraineté populaire revient à usurper le droit à produire des lois. Ce droit n'appartient qu'à Dieu et, de fait, l'homme se met à la place de Dieu pour édicter "ses" lois. Pour des personnes qui ne jurent que par les "textes" (c'est relatif), les solutions apportées pour concilier démocratie et islam sont quasi automatiquement rejetées.


De manière générale, l'approche journalistique (micro) est intéressante, et convaincante. Cette lecture vient, à mon sens, en complément du livre (plutôt macro) du sociologue Gilles Kepel "Terreur dans l'Hexagone, Genèse du djihad français".
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Un ouvrage que j'ai dévoré ! Je ne peux que le conseiller à tous ceux qui s'intéressent à ce sujet aussi bien sociétal que géopolitique.

David Thomson nous offre ici l'opportunité de comprendre, tout du moins de tenter de comprendre, ce phénomène ô combien complexe : les raisons qui peuvent pousser de jeunes Français à partir faire le jihad, les conditions de leur arrivée, leur vie sur place, leur retour en France, l'organisation des organisations terroristes, etc. Le tout en livrant de nombreux éléments de compréhension sur les textes musulmans.
Il critique également la gestion mise en place par l'Etat français et n'hésite pas à souligner les travers de la fameuse "déradicalisation" qui apparaît finalement plutôt comme un mirage médiatique que comme une solution.

Je ne mets pas cinq étoiles car il convient de souligner certains manques, il faudrait compléter cette lecture avec des ouvrages plus scientifiques comme ceux de Gilles Kepel par exemple.

Ce livre reste cependant une vraie mine d'informations qui permet d'ouvrir notre esprit en appréhendant le sujet de façon multicausale. A LIRE !
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Depuis l'apparition de Daesch, depuis les attentats commis par ses fidèles sur le territoire national, politiques, journalistes et spécialistes auto-proclamés font le diagnostic: le danger islamiste court dans le pays. Qui? Pourquoi? Comment? Les questions fusent. Les esprits responsables essayent de comprendre pour armer la République contre ses propres citoyens. Comment la sauver, la protéger, en effet, des attaques perpétrées par des nationaux à l'intérieur de son territoire? Tous s'accordent: il faut être dans l'action et la prévention. Autrement dit, il faut empêcher la radicalisation des esprits sains et assurer la dé-radicalisation de celles et ceux qui sont touchés par le fléau. le virus est détecté, le diagnostic est posé, les remèdes sont recherchées: qui propose l'enfermement des fiché(e)s, qui veut les réinsérer par une entreprise floue dans la réalité qu'ils auraient abandonnée. Et tous demandent si ses solutions sont efficaces. Peut-on, en effet, lutter contre la radicalisation de la pensée? Peut-on la dé-radicaliser quand elle est constatée?

Après quelques essais, la réponse est formulée, l'échec est avoué: la dé-radicalisation ne peut fonctionner pour celles et ceux qui sont persuadés de penser bon et juste, pour ces individus qui croient profondément en leurs idées, qui pensent détenir la vérité et qui ne peuvent lire le monde qu'à partir de leur grille de lecture. L'échec n'était-il pas, dès le départ, évident? Fallait-il autant de temps pour invalider la démarche? Il fallait, à mon sens, avant toute entreprise de dé-radicalisation, poser et répondre à quelques questions qui me semblent essentielles: qu'est-ce qu'une pensée radicalisée? Par ricochet, qu'est-ce qu'une pensée non-radicalisée? Comment passe-t-on de l'une à l'autre? Qui peut juger de cette radicalisation? Qui est légitime pour le faire? La réponse à ces questions aurait, j'en suis persuadée, évité le temps perdu. Elle leur aurait permis de voir, en effet, que la conviction est difficile à ébranler, qu'un raisonnement lorsqu'il se croit juste ne parvient pas à se détendre avec des contres-arguments, que la chose n'est possible que pour celles et ceux qui sont prêts à échanger, discuter, débattre. Pour les autres qui sont dans une confrontation pure avec leurs « adversaires », leurs « ennemis », le changement n'est guère possible, encore moins quand il est proposé par ces mêmes « contradicteurs ». le livre de David Thomson le montre d'ailleurs parfaitement. Il révèle également la complexité du phénomène, la difficulté à élaborer un profil pour ces personnes qui épousent le djihadisme. Les responsables, intellectuelles et politiques, veulent savoir qui, pourquoi, comment et, à cette fin, observent et étudient ces hors-la-loi mais, malheureusement, si les protagonistes ont quelques points communs, il n'est guère possible de les confondre dans un profil unique.

Ce livre, à lire absolument pour sortir de l'ignorance crasse dont sont imprégnées les « têtes » (journalistes, intellectuels, politiques) en France, a raison d'être, d'exister. David Thomson a fait ce qu'il fallait exactement faire pour se rendre compte des erreurs commises, pour éviter les pensées et jugements erronées: il a interrogé les acteurs mêmes du terrorisme, les a approché pour nous révéler, dévoiler leurs être, leur façon d'être dans ce monde. Ils sont répugnant mais ils sont. Ils existent sur cette terre et, sauf cas d'exception, ils ne peuvent être considérés comme des brebis égarés parmi les loups. Ils sont les loups.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Ce livre, assez court, se lit facilement. On est saisi par la façon dont différentes personnes se retrouvaient facilement en contact avec les djihadistes de l'Etat Islamique (par Facebook ou des réseaux de recruteurs notamment...). Surtout on comprend comment ils ont pu être attiré, pour des raisons diverses (se marier, se battre, l'esprit d'aventure, vivre "paisiblement"dans un état qui applique la charia...), par la propagande de DAECH. Puis, on assiste aux moyens de se rendre en Syrie, la manière dont ils continuent,ou pas, de communiquer avec leurs familles.

Mais la partie la plus intéressante est, pour moi, leurs récits du quotidien au sein de l'EI : des gamins de 7 ans jouent avec des têtes décapitées, des femmes sont mariées pratiquement de force (et des hommes rejoignent en partie l'EI pour cela...), les femmes yezidis sont réduites en esclavage etc... On est surpris par la corruption qui y règne et par la façon dont les combattants français sont perçus (comme des sortes de petits truands qui perpétuent leur mode de vie en le justifiant par le Coran).

Toutes les personnes interviewées finissent par être dégoûté du califat et demandent à rentrer en France (c'est le principe de l'ouvrage) et là encore, on apprend beaucoup sur la diversité des leçons qui sont tirées par les différents "revenants".

Maintenant que certains d'entre eux sont jugés (et font parfois la une de l'actualité), je recommande à 200% ce passionnant travail journalistique pour comprendre les accusés et le fait que la chute de l'EI n'implique pas la fin de son idéologie.
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David Thomson, journaliste, relate dans ce livre publié fin 2016, les témoignages d'une dizaine de jeunes Français avec lesquels il a mené des entretiens en présence ou à distance sur de longues périodes. Ces jeunes hommes et femmes, âgés de 17 à 27 ans, ont tous choisis de partir faire le jihad en Syrie, et sont revenus en France après une période de quelques mois ou années. A travers leurs récits apparaissent les motifs du départ, le vécu sur place, les raisons du retour.
Le livre de David Thomson contribue à la nécessité de ne pas négliger la persistance du potentiel danger pour la société, même après ce choix du retour - qui peut être lié à une désillusion, à la confrontation insupportable avec les mises à mort -, mais qui pour nombre des jeunes n'entraine pas la remise en question du discours fondamentaliste. En ça c'est un livre nécessaire, mais terrible. Si l'organisation EI a perdu du territoire au Moyen-Orient, rien n'entache sa volonté d'instiller la peur, de tuer "les mécréants" et d'inciter ses fidèles à semer la mort dans leurs propres pays.
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