Depuis l'apparition de Daesch, depuis les attentats commis par ses fidèles sur le territoire national, politiques, journalistes et spécialistes auto-proclamés font le diagnostic: le danger islamiste court dans le pays. Qui? Pourquoi? Comment? Les questions fusent. Les esprits responsables essayent de comprendre pour armer la République contre ses propres citoyens. Comment la sauver, la protéger, en effet, des attaques perpétrées par des nationaux à l'intérieur de son territoire? Tous s'accordent: il faut être dans l'action et la prévention. Autrement dit, il faut empêcher la radicalisation des esprits sains et assurer la dé-radicalisation de celles et ceux qui sont touchés par le fléau. le virus est détecté, le diagnostic est posé, les remèdes sont recherchées: qui propose l'enfermement des fiché(e)s, qui veut les réinsérer par une entreprise floue dans la réalité qu'ils auraient abandonnée. Et tous demandent si ses solutions sont efficaces. Peut-on, en effet, lutter contre la radicalisation de la pensée? Peut-on la dé-radicaliser quand elle est constatée?
Après quelques essais, la réponse est formulée, l'échec est avoué: la dé-radicalisation ne peut fonctionner pour celles et ceux qui sont persuadés de penser bon et juste, pour ces individus qui croient profondément en leurs idées, qui pensent détenir la vérité et qui ne peuvent lire le monde qu'à partir de leur grille de lecture. L'échec n'était-il pas, dès le départ, évident? Fallait-il autant de temps pour invalider la démarche? Il fallait, à mon sens, avant toute entreprise de dé-radicalisation, poser et répondre à quelques questions qui me semblent essentielles: qu'est-ce qu'une pensée radicalisée? Par ricochet, qu'est-ce qu'une pensée non-radicalisée? Comment passe-t-on de l'une à l'autre? Qui peut juger de cette radicalisation? Qui est légitime pour le faire? La réponse à ces questions aurait, j'en suis persuadée, évité le temps perdu. Elle leur aurait permis de voir, en effet, que la conviction est difficile à ébranler, qu'un raisonnement lorsqu'il se croit juste ne parvient pas à se détendre avec des contres-arguments, que la chose n'est possible que pour celles et ceux qui sont prêts à échanger, discuter, débattre. Pour les autres qui sont dans une confrontation pure avec leurs « adversaires », leurs « ennemis », le changement n'est guère possible, encore moins quand il est proposé par ces mêmes « contradicteurs ». le livre de
David Thomson le montre d'ailleurs parfaitement. Il révèle également la complexité du phénomène, la difficulté à élaborer un profil pour ces personnes qui épousent le djihadisme. Les responsables, intellectuelles et politiques, veulent savoir qui, pourquoi, comment et, à cette fin, observent et étudient ces hors-la-loi mais, malheureusement, si les protagonistes ont quelques points communs, il n'est guère possible de les confondre dans un profil unique.
Ce livre, à lire absolument pour sortir de l'ignorance crasse dont sont imprégnées les « têtes » (journalistes, intellectuels, politiques) en France, a raison d'être, d'exister.
David Thomson a fait ce qu'il fallait exactement faire pour se rendre compte des erreurs commises, pour éviter les pensées et jugements erronées: il a interrogé les acteurs mêmes du terrorisme, les a approché pour nous révéler, dévoiler leurs être, leur façon d'être dans ce monde. Ils sont répugnant mais ils sont. Ils existent sur cette terre et, sauf cas d'exception, ils ne peuvent être considérés comme des brebis égarés parmi les loups. Ils sont les loups.
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