Marcher, c'est penser. Penser, c'est se laisser faire par la Nature (la majuscule, chez Thoreau, est plus que nécessaire). le philosophe marche au hasard, guidé par la forêt hors des routes trop droites, là où les autres ne passent pas, toujours vers l'Ouest ou vers la cime des arbres. Il s'agit de tenter de vivre l'instant, rien que l'instant, le présent d'un oiseau qui chante ou d'une montagne au loin. N'y a-t-il pas de liberté plus grande que celle-ci? N'y a-t-il pas de contestation de l'ordre établi (j'avais écrit "étable", divine erreur!), de désobéissance civile plus radicale que celle qui consiste à cesser de se cogner la tête contre le travail, à cesser de courir à sa perte ou à son profit pour
marcher vers soi-même et vers la sensation pure d'être vivant? Thoreau nous montre le chemin où s'égarer pour mieux se trouver.
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