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Critique de loreleirocks


Je commence l'été et la saison au ralenti avec un tas d'un peu plus d'une vingtaine de livres et un choix d'ouverture difficile. Ce sera donc un petit Rick Bass pas encore lu... mais attendez-donc un peu ! Deux page et déjà plusieurs références à Thoreau et Walden. du coup ce sera Walden avant The Wild Marsh... autant s'instruire en se divertissant!

Le monsieur étant contemporain et poteau d'Emerson, je craignais rencontrer quelques passages obscurs pour mon neurone. Et bien non ! Thoreau, c'est clair, c'est limpide, comme l'eau de Walden Pond.
Enfin, je m'entend. Vers la fin, je me demandais parfois où certains chapitres avaient l'intention de mener le lecteur. Mais tout s'éclairait à un moment ou un autre.

En plus, c'est bourré d'humour (sérieusement, faut en avoir pour parler d'expérience de la nature sauvage à moins de 2 miles de Concord!), de références littéraires classiques (grecques, latines, chinoises, indiennes...), anglaises également avec de la poésie, ou plus contemporaines de Thoreau, mais aussi, et là, c'est vraiment intéressant il me semble, un tas de mentions scientifiques de l'époque notamment de Darwin! Bref, c'est très, très riche.

Ensuite, si on monte d'un niveau, ça se complique. J'ai beaucoup apprécié le soin du détail dans la description de Walden Pond à travers les saisons, de la géologie à la vie animale en passant par la végétation et bien sûr, quelques visiteurs et réguliers de la région. Parce qu'au delà de la réflexion sur la société (je vais y venir), Thoreau est surtout un observateur attentif et un naturaliste, un poète dans un environnement qu'il dépeint avec génie et amour.

Et enfin, la réflexion sur la société humaine.
Je ne suis pas très sûre de la manière de formuler l'effet de Walden sur moi.
J'étais particulièrement intéressée par les références aux avancées technologiques du XIXº et encore plus par l'avis de Thoreau, notamment sur le progrès pour le progrès, la course à la modernité et l'acceptation des routes toutes tracées par sociétés et gouvernement sans questionnement quand à la pertinence et l'utilité de ces routes et mouvements de masse.
Pour résumer, j'ai été surprise par la modernité des observations et propositions de Thoreau quand au superflu qu'il soit matériel, oral ou occupationnel, à la modération comme solution à bien des choses (pas d'ascétisme, merci), mais surtout, cette annonce de réaction à la politique de conquête du gouvernement américain (et européen), c'est l'époque de la guerre contre le Mexique pour obtenir ses territoires du nord (Colorado, Nouveau Mexique, Nevada, Californie...), son outrage face à l'esclavage que le gouvernement favorise encore à l'époque de manière détournée (Fugitive Slave Act de 1850 qui implique que tout esclave en fuite dans les états du nord non-esclavagistes doivent être renvoyés à leur "maître" dans le sud), tous ces sujets qui seront à la base de Civil Disobedience. Que je lirai également sous peu.

La seule difficulté que j'ai rencontrée est son histoire d'élévation spirituelle. Je n'avais pas été particulièrement marquée par ce côté-là chez Emerson, mais peut-être devrais-je relire Nature... En réalité, je m'attendais à une avant-garde évidente, inspiration pour les Nature Writers du nord ouest américain dans leur vision d'une nature où tout est lié, tout a sa place, ni plus élevée, ni moins, qu'il soit question d'insecte, animal, végétal ou d'humain. Là, l'impression est que Thoreau exclut l'homme de cette logique hormis dans sa destruction insensée et sa soif de domination. J'ai presque l'impression d'une contradiction dans son discours, entre une nature de laquelle on doit se rapprocher dans sa logique et son apparente simplicité, et un exceptionnalisme humain subtilement tissé, mais que l'on ressent dans les passages sur le spirituel. Mais peut-être est-ce seulement mon impression faussée par une incompréhension.
En dehors de ce petit détail, oui, je comprend les références si fréquentes à Thoreau et son Walden, à la minutie de son étude et au détail de son observation des rouages de la Nature, au plaisir de profiter au quotidien d'un environnement sublime, sans (trop) d'interférences humaines, au besoin de préserver cet environnement sans concession à la civilisation.

Très, très instructif, vraiment très agréable et surtout absolument abordable !
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