La Fête du Livre de Bron propose chaque année une journée de réflexion sur des enjeux majeurs de la littérature contemporaine. le vendredi 8 mars 2019, nous proposions un focus sur les liens entre littérature, nature sauvage, grands espaces, sciences humaines et environnement.
Lors de cette 33ème édition, nous avions la chance d'accueillir Oliver Gallmeister, éditeur spécialisé dans la littérature des grands espaces, pour un grand entretien exceptionnel, animé par Thierry Guichard, à revivre ici en intégralité.
De Henry David Thoreau à Jim Harrison ou Rick Bass, la littérature américaine est depuis un siècle et demi étroitement liée à la nature sauvage et aux grands espaces. Regard sur cette tradition du « nature writing » en compagnie d'Oliver Gallmeister, fondateur des éditions du même nom, l'un des passeurs d'une littérature américaine contemporaine ancrée dans son environnement avec un catalogue comptant notamment des auteurs comme Pete Fromm, Jean Hegland ou David Vann.
En partenariat avec l'Université Lyon 2, la Médiathèque Départementale du Rhône et Médiat Rhône-Alpes.
©Garage Productions.
Un grand merci à Stéphane Cayrol, Julien Prudent et David Mamousse.
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Il nous faut la vie sauvage pour nous protéger de notre propre violence.
Il n’avait pas besoin de boire. Il aimait picoler, même s’il n’en avait pas besoin. Il savait qu’il était bel et bien dans la peau de quelqu’un qui avait besoin de boire, mais il était différent. Bon, c’est vrai, il en avait besoin, mais il pouvait s’en passer un petit moment. La bière était impec. Il picolait trop, mais il pouvait s’arrêter. Il allait s’arrêter, se promit-il, pour le voyage.
Aujourd’hui, la matinée est venteuse et chaude, les herbes sont presque couchées à plat. Il n’y a rien de plus excitant que le vent. Si, un nouvel amour — et puis le vent. Mais le vent a toujours été là. Avant même de connaître l’amour, vous connaissiez le vent. Le vent était capable de vous griser quand vous étiez petit, et il le peut encore, et ne s’en privera pas.
Où l’art existe, l’esprit d’un lieu existe.
Si un lieu est source de paix, ne peut-il transmettre cette paix à ceux qui l’habitent ?
Et si tel est le cas, jusqu’où – telle une pierre jetée dans un étang – cette paix s’étendra-t-elle ?
Quelle est la valeur d’un lieu ?
Les trembles, les fromagers et les aulnes avaient perdu leurs feuilles, la fumée des cheminées montait toute droite au-dessus des cabanes sur le bord de la rivière, la vallée se préparait à l'hiver.
Le Yaak héberge une population diminuée mais tenace de grizzlys et d'ours noirs, de loups et de gloutons, de lynx et de chats sauvages, de martres et de pékans, d'aigles dorés et à tête blanche, sans compter une myriade de hiboux, de renards, de coyotes, de porcs-épics, jusqu'à de rares caribous, étroitement liés aux rennes de Laponie et aux régions arctiques, émigrés du nord du Canada.
Si le bonheur ne coutait rien, ça ne vaudrait pas la peine de le posséder.
Peu importe ce que l'on est, ce que l'on fait, le temps réduira tout cela en poussière, dans les plus brefs délais.
Je me suis allongé sur le flanc de la colline et j'ai regardé ce feu qui étreignait les étoiles, effaçait tout sauf lui-même. J'ai senti la terre trembler et cette flamme rugir non seulement au-dessus, mais en-dessous, jaillir à la rencontre de nous tous.