Nous le savions, bien sûr. Pas grâce à des preuves recevables par un tribunal, ni du fait d'une quelconque certitude partagée dans toutes nos communautés. Mais nous savions que Caliban était vivante et qu’elle nous abhorrait.
Tous les hommes et les femmes qui avaient passé quelques heures au sommet des remparts ou devant une porte avaient entendu la haine chariée par les plaintes du vent. Le craquement des arbres en train de conspirer, le grondement des pierres qui ourdissaient notre trépas en crissant l'une contre l'autre.
Une présence, ou plutôt une conscience, qui transcendait les feuilles, les fourrés ou les ruisseaus, qui était à la fois toutes ces choses et aucune d'entre elles.