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Critique de gilles3822


Donner un avis sur un livre demande une argumentation structurée quand in s'agit d'un essai. La démarche de Lilian Thuram obéit à de nobles motivations et à des questionnements originaux. Il nous interroge, il m'interroge, moi, homme blanc, sur des comportements non visibles, par nous, par moi, car totalement intégrés dans notre vision du monde, de nos rapports aux autres, blancs, noirs, jaunes et autres et, en tant qu'homme, à nos rapports avec les femmes, blanches ou pas. Je suis , en tant que mâle blanc vivant aujourd'hui, le représentant de cette sous espèce qui prétend diriger le monde, en fixer les règles et les priorités, l'ordre moral, économique, et déterminer ce qui est bien de ce qui est mal, s'étonner que l'on puisse, les autres, remettre en question la légitimité et le bien fondé. L'Histoire depuis plusieurs siècles fonctionne sur ce postulat de la supériorité de l'homme blanc sur le reste de ses semblables. Il semblerait qu'une remise à plat soit en marche depuis plusieurs décennies, douloureuse car conflictuelle, victoires sur des injustices par trop criantes, décolonisation, condamnation du racisme, pénalisation de comportements d'exclusion. Nous pouvons considérer aujourd'hui ces avancées comme normales, nous savons également que la vigilance est de mise, ne jamais baisser la garde. Ces évidences ne sont que la partie émergée de l'iceberg comportemental, ce qui ne se voit pas est plus difficile à extirper, il est partie intégrante de notre personnalité, constitutif de notre construction mentale, de schémas hiérarchisant inconsciemment la place de telle ou telle personne en fonction de sa couleur de peau. A chaque couleur, son rôle, ses fonctions, ses spécificités, apprises à l'école car non vécues dans le quotidien, sans malice, avec amusement parfois : sport, musique, que n'a-t-on entendu sur le sens du rythme des noirs, leur force musculaire, leur "animalité", terrifiant aphorisme, conclusion de plusieurs siècles de culture blanche, supériorité civilisationnelle justifiant toute violence "pour le bien", donnant le "la" dans l'édiction de valeurs universelles des droits de l'homme, schizophréne dans l'application desdites valeurs.
L'écoute de l'autre, femme ou homme autre que blanc, peut être suspectée de condescendance, la retranscription des doléances, le mot même, hiérarchise. le pouvoir est aux mains de qui ? Structurellement, l'ordre mondial, pour l'instant, est blanc, mâtiné de jaune serions-nous tentés de dire, l'économie libérale est blanche et chacun est à sa place, l'exploitation du Sud par le Nord est la règle, des gens de couleurs par les blancs de peau. Cette géographie est le fruit de l'histoire, colonisation, esclavage et richesses ainsi accumulées ont modelé notre manière de voir, par des jugements faciles, notamment sur l'Afrique, acculturée et aujourd'hui comme hier, assujetti aux puissances occidentales. Notre avenir technologique s'écrit là-bas, dans une dépendance aux matières premières, mais que l'on se rassure, les blancs ont assuré la continuité après le passage obligé de la décolonisation, simple ajustement de façade aux valeurs affichées.
Ce livre nous emmène loin dans l'évocation de notre condition passée, présente et future d'homme blanc sûr de lui et dominateur.
A lire
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