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Citations sur Et l'ombre emporte ses voyageurs (26)

Et puis à quoi ça sert l’enfance au bout du compte, c’est rien qu’une loupe, le pays des sensations, alors à quoi ça sert, pourquoi qu’on déboule pas tous dans un œuf déjà adulte ? C’est vrai, on s’en épargnerait des soucis, bien des tracas, bien de la morfle.
L’enfance ça sert à se fabriquer du dépôt, charger du fret qu’on va se trimballer tout du long des jours, jusqu’au bout, et de plus en plus qu’on avance, pis qu’on décline, comme une fosse derrière soi se creuse et nous suit partout.
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Petit on peut guère deviner les dessous de la surface, soupçonner même c’est du boulot, petit tout vous imprègne immédiat, ça vous choque et vous colle, une page blanche où tout s’imprime en vrac, ensuite faut gommer, effacer pour réimprimer autre chose.
Jusqu’à la mort on tente de gommer les tatouages de l’enfance, ce poison.
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Elle savait dans ses répugnances que nous naissons tous en haut d’une montagne habillés comme pour le blizzard et que la vie consiste à descendre en se déplumant, elle savait ça , comme on connaît les larmes sans jamais avoir encore pleuré.
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Et il est à dire en effet oui c'est un beau pays, splendides falaises pavées d'or, mélancolie des genêts, solitude des ajoncs, pendants gracieux de cette mer en ciel. De regarder ça m'exténuait, tout ça vraiment trop immense pour de petits yeux. Mais quand même il faut bien se démener au milieu de toutes ses déchirures de crêtes et cieux farouches pour entrevoir son côté majestueux planqués sous ses chialements d'âme à cette lande. Une contrée rude et féroce que l'on doit seul apprendre à aimer durant l'enfance, puis qui vous tatoue pour l'existence d'une manière sauvage.
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Aussi on mesure souvent assez mal l’ignorance des gens. On les regarde et l’on pense, lui là, eux, elle, il a marché sur le même chemin que moi, le mien présent, celui que je me tartine en ce moment, qui m’emberlificote sérieusement. Il sait, on se dit, il connaît déjà tout ça, il a en lui le savoir, la connaissance il la possède. Et puis non, en fait il a traversé toute l’odyssée sans avoir absolument rien vu ni compris du voyage, en myope du cœur et du citron il est passé.
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Comment ça fait pour rester debout tout, tenir encore le coup depuis le temps ? Comment ils s’y prennent tous pour nous faire marner comme des bêtes de somme pour trois centimes, la paye symbolique ? Je demande, comment ils font ?
Comment tout s’emboîte idéal ?
Tout se tient car la mort existe. Tout n’est plus rien la mort en moins. Retirez-la, enlevez-nous notre fin certifiée alors on verra tout se barrer de traviole, la planète et les belles idées des bonshommes grimaçant dessus, les règles, les lois, les sentiments même, tout cul par-dessus tête. Toutes leurs bardées de convictions sublimes, leurs certitudes rivées ancrées, les conventions, les belles retenues, tout ça d’entraîné loin au large par de funestes baïnes. Tout de fini, foutu, barré.
Je me suis relevé à cause de la mort.
Et puis aussi un peu à cause de la vie, elle qui me défilait dans le rosbif encore plus lentement à l’horizontale. Fadé gentiment d’un petit corps en vibrations, d’une cervelle en tourbillons, je m’épuisais de repos.
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Sa froide et implacable main au monde je me l’avais moi, certifiée impitoyable, bien appliquée hermétique sur la nuque. Dans les étrons de l’agonie il me l’enfonçait ma binette le monde, je peux dire, je connais. Ça a pas ressemblé à rien mais tout comme ma naissance si on réfléchit. Mes parents ils sont comme deux cerceaux perdus, dérivant dans le cosmos avec des arabesques lentes. Deux cerceaux flottant dans l’espace qui, une centième de seconde, se sont superposés exactement. Il me fait l’impression de ça leur coït, la synchronisation extrêmement fine et momentanée de deux cerceaux le temps juste pour moi de jaillir du centre de cette étrange porte éphémère, la traverser juste avant qu’ils ne retournent dériver lentement chacun de leur côté. Moi, l’unique cartouche.
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Et puis je ressentais, là, moi, que du fond d’un lit, par moments j’aurais pu exterminer toute la race humaine froidement et sans aucun remords. Mais descendez dans la rue, serrez-leur la main, et tout est bouleversé. Car ce sont tous ces petits riens, les simples mots de tous les jours, les menus services rendus, les petites brouilles, aimables gestes inattendus, petites blessures d’âme involontaires qui donnent à la réalité ce parfum inimitable qu’il faut faut vivre pour connaître, nous redonnant l’espoir minime pour continuer, nous poussant presque à l’indulgence, mais qui nous perd, au bout du compte.
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Pour la vie moi j’avais pas la main chaude, ah nan pas ! que non ! mais l’oreille absolue alors là totale, académique oui, je reconnaissais dans le vide, quel que soit le bipède qui la jouait une détresse bémol d’une comédie dièse.
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Faut se l’avouer, comme moutons en plaine on se laisse vivre, même l’habitude du tourment nous la chante peinarde l’existence, jusqu’au jour où une parole nous uppercute la pastèque et les flancs. A des phrases entendues un jour des vies entières on s’accroche parfois. Les mots j’affirme ça aide mieux que le copain de Belleville, la tante des Batignoles, ça éclaire les mots tout du long de la vie. Mais ceux qui nous la pourrissent on peut les compter aussi. Etonnant comme les paroles douces ne restent pas en nous, même l’effet du baume de l’époque a disparu dans leur souvenir. Les mots assassins ont par contre eux des ondulations si vives et si longues qu’ils peuvent encore tuer des années après, ruiner des existences. Leur effet parfois jamais ne s’efface. Pour un mot, un jour, on déteste une trombine pas revue depuis moult décennies, possible cannée déjà. Mais ça fait du bien drôlement de haïr, ça occupe. Ça revient, être amoureux, à ça aussi, ça l’occupe parfaitement la théière. Sauf que c’est le contraire.
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