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Critique de Ladybirdy


Une véritable pépite.
Un torrent d'émotions.
Tendez votre main, je suis par terre, le coeur déchiré.

« Je suis habitée par un cri.
Chaque nuit il sort, les ailes battantes. » Sylvia Plath.

Des livres sur la maltraitance et les enfances saccagées, j'en ai lus à la pelle mais celui-ci est à part. Voix sans issue est une pure merveille d'où suintent des émotions extirpées au lasso de l'après l'holocauste.

Entendez par holocauste des années d'abus d'un père sur sa fille Mary. Entendez la peur, la honte et la solitude de Franck frappé et diminué par sa mère tyrannique. Marlene Tissot ne joue pas dans le gore ni le sordide. Non. Elle rend corps et âme à ces deux meurtris à vif. Tout l'intérêt de ce livre réside dans cet après, cet âge adulte où les souvenirs affluent et où il faut tenir debout. Comment ?
Pas de descriptions insoutenables ici mais une précision incroyable dans cette autopsie de l'après. Comment avancer quand l'enfance fut à ce point massacrée ?

Pour Franck, seule la routine le rassure… « Ne jamais ressentir quoi que ce soit pour qui que ce soit. L'empathie crée l'attachement, et si je m'attache, un jour ou l'autre les choses vont se détacher, tomber. Moi, je resterai là, comme un con, debout et inutile. »
Oui Franck, je te comprends. Les sentiments ça fiche la trouille. J'en sais quelque chose.

Pour Mary, entre ses rendez vous avec son psy et les voix qu'elle entend constamment, elle parvient pourtant à cueillir la joie. « Quand quelqu'un me sourit dans la rue, ça me rend plus heureuse qu'un cadeau emballé dans du papier brillant. »
Oui Mary, moi aussi quand on me sourit, je sors de ma torpeur. On n'est pas si invisibles que ça, tu vois..

On dit souvent que deux cabossés de la vie ne font pas bon ménage ensemble, qu'en sera t'il pour Mary et Franck quand leurs ténèbres vont se rencontrer ?

Ce roman sonne juste à tous points de vue. Quand on a trop souffert, il y a des choses qui ne sont plus possibles. Des peurs qui nous habitent nuit et jour.
On ne sera jamais comme les autres.
Libres et sereins.

J'ai aimé Mary, petit bout de femme intelligente, qui veut bien être touchée mais seulement du bout des mots. Qui écoute Pink Floyd afin que la musique tambourine plus fort que ses voix sans issue.
J'ai aimé Franck, son boulot de gardien de cimetière parce que les morts sont plus gentils que les vivants. Ce grand gaillard qui fait peur aux gens parce qu'il a le regard d'une bête cassée, qui aimerait tant que la caissière lui rende son sourire mais personne ne lui sourit. Sauf Mary.

Qui comprend mieux une âme blessée et perdue que l'âme aux contours perlés de larmes…

Une pépite…
Dans mes bras grands ouverts.
L'amour et la peine enlacés.
Un rendez-vous bouleversant.
Dans une nuit qui pleure.
L'enfance perdue.
Aux yeux rouges.
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