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Critique de daniel_dz


Étant attiré par les idées qui sortent des sentiers battus, je ne peux que chanter les louange de cet essai sorti en 1998, peu de temps avant la mise en circulation de l'euro. Aussitôt refermé, il m'a donné l'envie de le réouvrir, et d'ouvrir d'autres essais, pour soigner mon inculture en économie et en politique - que je dois avouer ici, pour être honnête - et… pour vous encourager à lire ce livre par vous-même et nuancer ma critique.

J'ai été séduit par le « retour à l'humain » qui constitue le noeud de l'argumentation. L'auteur commence en effet par mettre en évidence une sorte de justification anthropologique des réalités économiques: les modèles familiaux des différentes populations induisent des différences culturelles fondamentales (ouverture/fermeture, respect/non-respect des inégalités et des autorités, etc.) qui mènent à des économies différentes. L'homme est comme il est, modelé par sa culture, et il ne se fondera pas dans le moule des théoriciens de l'économie, comme ceux qui font l'hypothèse d'acteurs économiques parfaitement rationnels. Dans une interview, l'auteur explique qu'il « parle d'illusion économique parce que l'univers de rationalité économique n'est en fait que la surface des choses ».

Les différences anthropologiques expliquent également des stratifications éducatives qui différent selon les populations et l'auteur montre comment l'apparition d'une nouvelle classe d'éduqués supérieurs a rendu les sociétés plus tolérantes à l'inégalité.

Dans la seconde moitié de l'ouvrage, Emmanuel Todd remet en question la monnaie unique et la libre-circulation, qui entraîne une compression de la demande globale, le salaire n'étant plus considéré comme un revenu mais comme un coût à réduire au maximum. Il prône une revalorisation des nations, permettant à l'État de reprendre la main sur l'économie, en tenant des spécificités culturelles de sa population. Notons que l'on ne doit y voir aucune xénophobie.

Je recommande tout particulièrement les dernières pages de l'ouvrage, dont j'extrais ceci, qui m'a particulièrement frappé: « Comment expliquer l'aveuglement des élites, leur refus d'affronter la réalité des mécanismes économiques relativement simples ? le rapport entre libre-échange et montée des inégalités est une évidence. […] Un homme efficace est psychologiquement et biologiquement construit pour, la plupart du temps, ne pas penser à l'essentiel, sa disparition. […] Nous devons […] admettre l'existence, au coeur de l'être humain, d'un programme de négation de la réalité, capable de générer l'illusion nécessaire à la vie. […] La crise de civilisation que nous vivons est une situation de ce type, qui active puissamment, au coeur de l'élite occidentale, le programme biologique et intellectuel de négation de la réalité. »

Voilà. Et si votre culture est plus étoffée que la mienne (ce qui n'est pas bien difficile pour ce sujet-ci), n'hésitez pas à poster vos commentaires sur l'actualité du livre, 20 ans après.
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