AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tachan


Cette année, Ki-Oon renoue vraiment avec leur amour de la fantasy mais une fantasy différente avec des thématiques dans l'air du temps et un traitement qui sort légèrement du lot. Ranking of Kings l'un des derniers phénomènes japonais s'inscrit dans cette dynamique.

Ranking of Kings, c'est le projet métaphorique d'un salary man de 40 ans qui décide de tout claquer pour se mettre au manga et mettre ses tripes dedans. Il parle donc de ce qu'il connaît, le mérite non récompensé quand on est différent et qu'on ne rentre pas dans les cases, alors que pourtant on fait de son mieux et que ce mieux mérite d'être regardé.

Alors pourquoi un tel phénomène ? Pas à cause des dessins qui sont clairement ceux d'un amateur même si on s'y fait au bout du compte mais on ne restera jamais à admirer la beauté ou la composition d'une page. On a plutôt l'impression d'être dans un ouvrage pour enfant maladroitement dessiné. Pas à cause de son histoire, du moins en surface, car elle est on ne peut plus banale avec ce jeune héros looser sourd-muet qui voudrait devenir roi à la place de son jeune frère bien plus parfait que lui. Pourquoi alors ? Parce que derrière ce classicisme se cache une belle profondeur.

En effet, on s'identifie très vite à ce jeune héros maladroit et mal aimé. On a de la peine pour lui mais on ne tombe pas dans le misérabilisme. Celui-ci étant très courageux, on a juste envie de l'encourager et de le voir réussir, de le soutenir donc dans ses actions, comme va le faire l'Ombre qui va se mettre à son service. Et surprise, au fil des chapitres, assez courts et bizarrement découpés, on va découvrir des personnages qui cachent leur vraie personnalité derrière des masques peu amènes. Ainsi, la méchante reine use de ses pouvoirs de guérisseuse pour le jeune prince au besoin, ainsi son père aux allures si terrible a voulu bâtir ce royaume pour lui, ainsi l'ombre moqueuse va tout faire pour l'aider, ainsi le jeune prince n'est pas si nul qu'on le croit.

Petit à petit, comme dans les contes pour enfants dont s'inspire largement l'auteur, les apparences vont se révéler trompeuses et nous allons découvrir un tout autre monde que celui que nous montre le premier chapitre. Entre influences de RPG avec ces Rois classés en fonction de leurs forces, et influences plus littéraires à la Rabelais, j'ai eu l'impression dans les dernières pages de tomber dans une version japonaise des Ogres Dieux, cette saga de BD française avec des géants à la tête d'un royaume dont l'héritier est de plus en plus petit et sans force par rapport à eux. Tiens, Bojji n'a lui aussi pas la force et la taille de ses parents.

L'auteur a construit son récit avec beaucoup d'intelligence, nous démontrant que petit à petit la profondeur de ses propos, avec un héros qui n'est pas si looser ou du moins qui n'est pas responsable de son état, mais aussi avec des valeurs qui se redéfinissent. Ainsi la méritocratie qu'on aurait pu croire mise en avant est bien plus nuancée au fil des chapitres, le traitement de la différence également, tout comme de la famille recomposée ou de la transmission intergénérationnelle. Je comprends pourquoi le texte a autant séduit les lecteurs.

Je sais qu'il existe également une version animée qui cartonne et ayant quand même un peu de mal avec l'aspect graphique du titre, je risque de me pencher dessus en espérant qu'elle soit plus belle mais aussi pour découvrir la suite des aventures émouvantes de Bojji dans des décors plus séduisants, car ici malgré une belle inspiration jeunesse, c'est quand même bien maladroit. Il faut dire que j'aime les beaux livres jeunesses de mon côté

Ranking of Kings est un phénomène éditorial assez singulier dans le paysage manga. Il a de quoi séduire un jeune public aussi bien qu'un public adulte grâce à sa double grille de lecture s'inspirant des contes pour enfants. J'y vois pour ma part une belle relecture d'une saga que j'adore et j'espère y retrouver un peu de sa profondeur, malgré la frustration d'un dessin vraiment très maladroit, mais les idées sont là et elles correspondent si bien à ce que j'aime en littérature jeunesse que ce serait dommage de passer à côté juste pour un dessin différent, comme il serait dommage de passer à côté d'un garçon comme Bojji parce qu'il est différent. Ki-Oon a encore osé un joli coup de poker, j'espère qu'il leur réussira !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}