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Critique de 5Arabella


Il s'agit d'un volumineux recueil de 19 nouvelles de plus de 400 pages, paru pour la première fois en 2001. Il n'a pour l'instant pas été traduit en français, les nouvelles attirant en général moins les éditeurs que les romans.

Évidemment, comme dans tout recueil de nouvelle, le lecteur va en apprécier plus certaines que d'autres. Mais je tiens à souligner à quel point à mon sens, Olga Tokarczuk maîtrise l'art de la nouvelle. C'est vraiment un art à part, quelque peu différent de celui du romancier. Il faut aller à l'essentiel, enfermer énormément en peu de pages, donc choisir les faits, les mots, présenter le personnage sous le bon profil en quelque sorte, pour que le lecteur puisse être saisi, comprendre en quelque pages, être remué, touché, très vite. Et bien sûr, il faut réussir la fin, pour que nous ayons la sensation que l'essentiel a été dit. Olga Tokarczuk fait tout cela à la perfection, or il est assez rare qu'un écrivain maîtrise à la fois des constructions romanesques complexes, élaborées, le sens du développement, et l'art de la miniature, du ramassé, qu'est la nouvelle.

Je ne vais pas résumer 19 textes, d'autant plus que davantage encore que pour un roman, raconter risque de gâcher le plaisir d'un futur lecteur. Les personnages sont des gens ordinaires, mais souvent confrontés à quelque chose qui sort de l'ordinaire, mais d'une manière subtile, inattendue, incertaine. Ainsi, la femme de la première nouvelle, passionnée par la lectures de romans policiers. Nous la suivons dans le train train d'une vie très banale, voire ennuyeuse, et nous suivons la lecture qu'elle fait d'un roman de son genre favori. Mais petit à petit, la lectrice quitte en quelque sorte le quotidien pour pénétrer dans le monde de papier, jusqu'à la chute finale. En passant nous avons eu un aperçu de sa vie, une analyse de cette vie qui ressemble à tant d'autres, le rapport à la lecture, tout ce qu'il peut signifier, tout ce à quoi il ouvre des portes. La nouvelle peut être lue comme un texte amusant et léger, mais on peut aussi l'interpréter comme une vision fine et très noire des frustrations et de ce l'imaginaire permet et révèle, il n'est pas forcément juste une distraction sans conséquence.

Le fantastique qui surgit dans certains de ces textes, si on peut l'appeler ainsi, faute d'autres appellation, est plutôt une possibilité de faire un pas de côté, et révéler ce qui se trouve derrière les façades familières, rassurantes et policées. Les peurs, les souffrances, la violence en puissance. Mais que le monde puisse ne pas être uniquement tel qu'il nous paraît, peut aussi être source d'espoir, il peut être possible, en se plaçant sous un autre angle d'échapper à l'horreur quotidienne, qui de part sa banalité devient presque invisible.

J'ai beaucoup aimé certains de ces textes, et j'espère que le lecteur francophone pourra avoir l'occasion de les découvrir grâce à des prochaines traductions.
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