AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Pavlik


Faêrie regroupe trois contes, le Fermier Gilles de Ham, Smith de Grand Wootton et Feuille, de Niggle. Il comporte également un essai, du conte de fée, tiré d'une conférence donné par Tolkien, en 1939, à la suite du succès de Bilbo le Hobbit , paru en 1937.

Cet essai est intéressant à plus d'un titre, en premier lieu par la perspective que choisis l'auteur pour parler de son sujet, celle d'un amoureux des contes, d'un pratiquant, presque d'un résident de Faerie. "Je me propose de parler du conte de fées, non sans me rendre compte de la témérité de pareille entreprise. La Faerie est un territoire dangereux, qui renferme maintes chausse-trapes pour les imprudents et des culs-de-basse-fosse pour les présomptueux". C'est par ses mots que commence son analyse qui tente de répondre à trois questions : que sont les contes de fées ? Quelle en est l'origine ? Quelle en est l'utilité ?

A la première question il répond qu'un conte de fée n'est pas une histoire
sur les fées "mais sur la Faerie, royaume ou état dans lequel les fées ont leur être". Un conte évoque d'abord un lieu ou la magie règne et comme Tolkien le dit lui -même "il est une chose qui ne doit pas être moquée, c'est la magie elle-même". Il est donc parfaitement évident que ce lieu est quelque chose d'important pour l'homme, et d'ailleurs Tolkien ne voit nullement dans le conte une littérature strictement enfantine.

La deuxième question est pour lui la moins importante, et d'ailleurs il se dit lui-même trop peu savant en la matière pour y répondre de manière approfondie. Néanmoins il insiste sur le caractère très ancien des contes et sur le fait qu'ils sont intimement liés au langage et à son évolution (particulièrement l'invention du conte, qui reste tout de fois toujours très difficile à distinguer de la diffusion, c'est-à-dire l'emprunt dans l'espace, et de l'héritage, c'est-à-dire l'emprunt dans le temps).

A la troisième question Tolkien répond, qu' en quelque sorte, c'est une nécessité pour l'esprit humain de créer des "mondes secondaires", ce qui place l'homme en position de "sous-créateur" et lui permet de saisir l'étrangeté du monde primaire, c'est-à-dire le monde réel. Il termine en évoquant le plaisir de la "consolation" qu'évoque la fin heureuse du conte, consolation qui débute précisément quand se produit "l'eucatastrophe" (une catastrophe heureuse). C'est ce moment ou Gollum sectionne le doigt de Frodon et tombe, avec l'anneau, dans la lave.

Pour terminer, je dirai que le plus grand mérite de Tolkien, dans cet essai, est de traiter un sujet et n'on pas d'étudier un objet, de nous parler de son amour pour ce sujet (donc de lui), tout en saisissant bien la nécessité psychologique de l'esprit humain d'imaginer, nécessité qui se traduit par la production de contes et autres mythes. La faiblesse en est peut-être dans l'absence de distinction claire entre conte, mythe et légende.
Commenter  J’apprécie          110



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}