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Critique de PatriceG


Inutilité de la violence (1893)
Léon Tolstoï
Editions Payot 2022

Bon je prends ce tronçage du Salut est en vous, mais il ne faut pas recommencer Payot. Attention ! Je suis partagé, je m'imagine dans une geôle où je crois que, privé de tout, je prendrais ce bouquin quand même, mais pas pour une île déserte. Mais c'est quoi ce réflexe miteux de venir picorer dans les grandes oeuvres du passé, sans que ça coûte un rond d'ailleurs, et laisser la carcasse après vous, c'est pour la charogne sans doute ?

"Je terminais enfin cet ouvrage auquel je travaillais depuis deux ans, quand traversant en chemin de fer les gouvernements de Toula et Riazan, alors ravagés par la famine, comme ils le sont encore actuellement, mon train croisa à une station un train de soldats qu'accompagnait le gouverneur même du pays. Ces soldats avaient des fusils, des cartouches et des verges pour martyriser les malheureux affamés.

Les exécutions par les verges pour faire respecter les décisions de l'autorité, bien que les peines corporelles aient été rapportées il y a trente ans, deviennent depuis quelques années de plus en plus fréquentes.."

Ainsi Tolstoï commence-t-il le IV e chapitre du Salut est en vous allégé ici dans l'édition Payot 2022 sous le titre Inutilité de la violence. Peut-être que quand il est question de combat pour la liberté et l'émancipation, l'injustice criante, il vaille mieux le consommer à petites doses, lyophilisé, dans une société occidentale où une vache ne reconnaît plus son veau !..

Dans les années 1890, TolstoI rejoint par Sonia participa pendant près de 2 ans à la lutte contre la famine qui sévissait dans plusieurs régions de la Russie. Il se chargea de réunir des fonds et organisa la riposte face à un Etat impuissant et épouvantablement lent à réagir, laissant ainsi l'arbitrage des provinces aux gouvernements qui ne manquèrent pas de recourir parfois à des méthodes barbares. Quand on parle de famine, on parle de famine en omettant tout le cortège de maladies accompagnantes. C'est à cette occasion que Léon fils ayant rejoint ses illustres parents sur les lieux de la tragédie contracta la typhoïde .. Je ferme la parenthèse ! Famine, maladies, touchaient directement les plus pauvres, les paysans. On eut le sentiment que rien n'avançait dans ce pays. La presse était réactionnaire..

En trente ans, Tolstoï ne cessa d'alerter les tsars en responsabilité sur les réformes urgentes à accomplir. Mais rien n'y fit. Et après on se demande pourquoi Tolstoï monta d'un cran dans la radicalité. Aller dire ensuite que ces grands pontifs de la littérature russe hatèrent la révolution, en tout cas Tolstoï, il y a comme un blème !

Tolstoï fait mention ici de l'abolition du servage en 1861. 30 ans plus tard, un état des lieux fit vite remarquer que les gros propriétaires terriens étaient encore maîtres du jeu, et que les paysans n'étaient pas au bout de leurs peines !. Aussi l'auteur de Guerre et Paix attrapa un coup de sang et se fendit de 150 pages supplémentaires pour raconter, témoigner de sa véhémence sur les sujets liés à la famine et à la brutalité chronique de l'Etat impérial et des gouvernements de province !..
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