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Critique de Litteraflure


Valérie Tong Cuong perçoit ce que les autres ne voient pas, ou ne veulent pas voir. Elle me rappelle ce dîner d'adultes, quand j'étais adolescente et mal dans ma peau martyrisée par l'acné. Ça buvait, fumait, riait, hurlait, planait à mille mètres au-dessus de mes angoisses. Une femme m'observait. À la fin du dîner, elle s'approche de moi et me dit : « viens, on va parler toutes les deux, tu vas me dire ce qui ne va pas ».
Un art et un don : savoir accueillir la fragilité de l'autre.
Parlons d'Anna, l'héroïne. Sa vie bascule le jour où les gendarmes embarquent son grand garçon. Toutes les familles sont suspendues à des fils ténus qui s'effilochent au moindre tiraillement. L'auteure en est l'observatrice attentive.
Anna porte ses origines modestes comme un fardeau, une cause de déterminisme, une tache indélébile. le poids du contrat social est souvent évoqué (p40, p68, p115, p131) dans le roman jusqu'à ces deux phrases, définitives : « l'homme a t-il par, son action, le pouvoir de changer sa destinée ? » et « la vie ne prête qu'aux riches et pour les autres, c'est Sisyphe ».
Ce qui arrive au fils d'Anna exhume un sentiment qu'elle avait enfouie depuis l'adolescence, depuis sa quête d'un horizon meilleur. Un sentiment dangereux, aussi puissant qu'un amour contrarié : l'injustice. Il sera d'autant plus abrasif qu'il se fracassera sur ce monde parallèle, indicible, impitoyable, obéissant à ses propres lois, comme la médecine : la machine judiciaire.
Le combat d'Anna est celui d'une mère prête à tout transgresser, tout risquer, avec pour seule excuse un réflexe immémoriel : « j'ai protégé mon enfant ».
La fin est puissante et cathartique. J'ai presque eu honte de m'en réjouir. À vous de la découvrir.
Bilan : 🌹🌹
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