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Citations sur Un tesson d'éternité (128)

Elle leur serre la main. Elle a si souvent vu ce regard désemparé. Ce moment précis où les proches, les familles prennent conscience du point de bascule, ce moment où ils commencent à glisser, avalés par un monde inconnu. Cette seconde où ils comprennent qu'eux aussi entrent en détention, d'une certaine manière. Qu'ils ne pourront plus choisir mais devront obéir. Qu'ils n'auront plus la moindre marge de manœuvre mais dépendront d'une organisation obscure, du bon vouloir d'inconnus – quelle qu'ait pu être leur position sociale jusqu'ici. Qu'ils ne pourront rien épargner à ceux qu'ils aiment, ni violence ni souffrance – ou si peu. Qu'ils ne pourront plus les toucher ni les entendre – ou si peu.
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En l’élevant dans un écrin de soie, en éradiquant toute forme de corvée, de risque ou de bataille, en lui procurant absolument tout sans la moindre contrepartie. Il n’a jamais connu l’effort, l’attente, le besoin ou l’adversité. Il a vogué sur son enfance et son adolescence comme la coque du voilier de luxe glisse paisiblement sur le lagon. Résultat : il ne possède aucune défense et il a peur de tout, de la contradiction, du conflit, de la douleur, de la difficulté, de l’inconnu. 
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 Lors des obsèques, dans le cimetière déserté, Anna avait ressenti un immense soulagement en même temps qu’un profond chagrin. Ce n’était pas seulement sa mère que l’on enterrait, mais l’enfant et l’adolescente qu’elle avait été. 
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Elle s'installe dans la voiture et verrouille les portières, établissant un sas invisible au sein duquel elle peut, enfin, se relâcher. À vrai dire, elle n'est pas mécontente de se rendre seule à la maison d'arrêt. Son instinct lui suggère qu'être trois dans la pièce complique la circulation de la vérité. Père, mère, fils, comment espérer autre chose qu'un spectacle donné par trois comédiens ? Lors du dernier parloir, chacun a tenu les rôles que nature et culture leur ont assignés. Ils ont pris soin de dissimuler leurs failles. Ils ont prétendu être forts et confiants, mais en dehors de l'amour qu'ils ont laissé filtrer, tout n'était que mise en scène. Ils ont tu leur colère, l'ampleur de leur déception, leur désir de vengeance, leur effroi grandissant face à une situation hors de contrôle. Ils ont surveillé les termes qu'ils employaient et se sont abstenus d'aborder les sujets sur lesquels ils craignaient d'avoir des opinions divergentes. Ils se sont contentés de s'embrasser, s'informer, se réconforter, obéissant à des règles implicites.
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À certains, les envieux, il doit plaire d’imaginer le ver dans le fruit. Leur famille heureuse et tranquille les irritait, attisait leur frustration. Ils sont rassérénés de constater que personne n’est à l’abri des ennuis, que la roue tourne, que les privilégiés chutent. À d’autres, cela procure une adrénaline bienvenue dans leurs vies rangées, ils se projettent, cela pourrait leur arriver après tout, et puis ils se rassurent, voyons, pas chez eux [...]
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Lors des obsèques, dans le cimetière déserté, Anna avait ressenti un immense soulagement en même temps qu'un profond chagrin. Ce n'était pas seulement sa mère que l'on enterrait, mais l'enfant et l'adolescente qu'elle avait été.
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Il ignore ce que le corps et l'esprit peuvent déployer lorsque la terreur s'infiltre.
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Elle a si souvent vu ce regard désemparé. Ce moment précis où les proches, les familles prennent conscience du point de bascule, ce moment où ils commencent à glisser, avalés par un monde inconnu. Cette seconde où ils comprennent qu’eux aussi entrent en détention, d’une certaine manière. Qu’ils ne pourront plus choisir mais devront obéir. Qu’ils n’auront plus la moindre marge de manœuvre mais dépendront d’une organisation obscure, du bon vouloir d’inconnus – quelle qu’ait pu être leur position sociale jusqu’ici. Qu’ils ne pourront rien épargner à ceux qu’ils aiment, ni violence ni souffrance – ou si peu. Qu’ils ne pourront plus les toucher ni les entendre – ou si peu.
Cela, l’avocate ne s’y est jamais habituée. Elle hésite à poser sa main sur le bras d’Anna, elle aimerait la tirer par la manche, la sortir de cet état de sidération, l’écarter de cette vague qui l’emporte, de ce déferlement auquel une mère ou un père n’est jamais préparé et qui noiera bientôt toutes leurs certitudes.
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Les rires, les ricanements, les tapes sur l’épaule, les coudes dans les côtes, les flèches, les lances, les poignards, les baïonnettes, les haches.
Les mots, les mots, les mots.
Décapitée. (p.65)
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La colère gonfle sa poitrine, une colère intense, glacée, asphyxiante, et elle aimerait hurler, renverser les meubles, déchirer les rideaux, arracher les pages des livres qui traînent sur le bureau, s'arracher la peau, les yeux, s'arracher les ongles, brûler cet appartement, tout détruire, tout, jusqu'à ce que le monde entier s'efface, s'abolisse, mais rien ne sort, absolument rien, ni un son ni un geste, elle est devenue étanche, son corps est une cage hermétique et sa colère, un tigre impuissant à se libérer.
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