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Critique de Deslivresalire


Comme madame Reilly doit rembourser les dégâts d'un accident de voiture qu'elle a causé, elle décide de pousser son fils, Ignatius J. Reilly à rechercher du travail, d'autant qu'il n'est pas pour rien dans cet accident.

Celui-ci, 34 ans, chemise de flanelle à carreaux, pantalon de tweed volumineux et casquette de chasseur verte à oreillettes dont il ne se départit en aucune circonstance, se complet manifestement, après des études en littérature médiévale, à rester chez elle et à profiter de cette situation puisque le travail n'est pas fait pour lui, tout décalé, paranoïaque, hypocondriaque et suffisant qu'il est.

Car il faut dire que bien peu trouvent grâce à ses yeux et ont l'heur de lui plaire.
Ni sa mère, ni son ancienne amie Myrna Minkoff avec laquelle il a fait ses études et les coups les plus odieux aux malheureux professeurs qui ont eu la malchance de les avoir en cours, ni ses employeurs, ni ses collègues de travail... enfin bref, personne puisque dans cette certitude d'être au dessus des autres, il souligne lui-même que : "décidé à ne fréquenter que mes égaux, je ne fréquente bien évidemment personne puisque je suis sans égal".

Et cette attitude, à la fois décalée mais non dénuée de fondement, ne va bien sûr pas coller avec le monde qui l'entoure, encore moins avec celui du travail... jusqu'à ce que les conséquences s'en fassent sentir.

A mon avis :
On ne saurait dire tout de suite si cet énergumène d'Ignatius est totalement con, fou ou si, comme le disait Jonathan Swift : "Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui".

Ainsi, on est parfois agacé de son attitude vis à vis de sa mère, de son arrogance permanente, de son manque total de clairvoyance... à moins que ce ne soit tout le contraire et que finalement ce soit lui qui ait raison face à la bêtise du reste de monde... Il est sans doute un peu tout ça, question de point de vue.

En tout état de cause, il est manifestement en décalage total par rapport au reste du monde, monde qui semble à la limite de la 5ème dimension tellement l'imbécillité y est mise à l'honneur et c'est aussi ce qui rend ce livre drôle à nos yeux, atterrés que nous sommes de voir tant de bêtise aux conséquences désastreuses.

Et puis, finalement, il y a quand même beaucoup de vrai dans tout ça. Nous avons tous vécu une situation inique, conséquence du manque de clairvoyance d'un personnage tellement imbu et confiant de lui-même que personne ne le conteste.

C'est aussi ce qui fait l'intérêt de ce livre : on connait tous un "Ignatius" dans notre entourage (et d'ailleurs on est aussi sans doute tous "l'ignatius" de quelqu'un...).

Un roman facile à lire, parfois drôle, parfois atterrant, mais qui ne laisse pas indifférent et écrit d'une plume changeante, passant du langage soutenu de l'énergumène à celui très populaire de la Nouvelle Orléans utilisé par sa mère.

John Kennedy Toole, l'auteur de ce roman, n'aura pas connu le succès de son vivant. Il s'est donné la mort en 1969, faute de trouver un éditeur pour ses oeuvres et se pensant écrivain raté.
La perspicacité de sa mère finira par payer après sa mort puisqu'elle réussira à le faire publier, que ce roman aura un véritable succès, voire deviendra culte et qu'il sera récompensé du prix Pulitzer en 1981.

Je n'aurai pas autant d'enthousiasme, mais je me risquerai tout de même à vous le conseiller...

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