AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tachan


En bonne amatrice de Science-Fiction quand un nouveau titre se profile aussi bien en roman qu'en lecture graphique, forcément j'ai envie d'y jeter un oeil, encore plus quand c'est un manga écrit par une femme tant s'est rare chez nous...

Akata nous fait le plaisir de suivre l'oeuvre d'une autrice qu'ils aiment mettre en avant depuis quelques temps déjà : Akane Torikai. Après avoir lancé sa série phare : En proie au silence, puis un recueil de oneshot plus anciens, c'est au tour de ce court diptyque intriguant.

Je ne suis pas un grande fan d'En proie au silence, qui a eu un démarrage compliqué chez moi, parce que je trouvais entre autre que le discours de l'autrice manquait de finesse. Alors, j'ai été surprise ici de trouver une narration plus fine et plus en accord avec ma sensibilité.

Akane Torikai reprend des thématiques chères à la SF et à la dystopie en particulier. Elle imagine un monde futuriste dans lequel a été fait le choix de sacrifier les hommes au profit des femmes qu'on perçoit comme plus indispensables à la reproduction de la race humaine. Cependant en faisant ce choix, forcément au bout d'un moment ça coince niveau natalité et il faut donc trouver des alternatives ou des biais pour sortir de ce concept de base trop simpliste.

Le premier chapitre nous emmène dans une sorte de ghetto où vivent deux drôles de héros atypiques. Reiho est l'un des derniers hommes fertiles en liberté. Il vend ses charmes pour survivre. Il est proche de Sanada, une jeune femme froide et détachée de premier abord, qui va se lier à un autre groupe de femmes, ce qui va changer ses perspectives.

J'ai trouvé les thématiques développées riches et intéressantes mais un peu classiques pour de la SF, tout comme le cadre dystopique, qui a été trop surexploité depuis plusieurs années chez nous. Ce premier tome reste un peu trop en surface de ce qu'il souhaite raconter. L'histoire se fait désirer, l'autrice prend beaucoup de temps pour poser le cadre, et on a plus l'impression d'être dans un récit tranche de vie. Les personnages sont trop faiblement caractérisés pour moi, malgré un thème de la natalité prometteur pour eux.

J'ai cependant aimé les interrogations sur le rôle des hommes et des femmes dans notre monde futur, même si comme dans En proie au silence, c'est un peu trop jusqu'au-boutiste pour moi. Je préfère la dynamique du Pavillon des hommes de Fumi Yoshinaga où l'on retrouve aussi un monde dominé par les femmes, c'est moins rentre dedans et évident qu'ici. Cependant, Akane Torikai invite à la réflexion avec cette évolution logique où les hommes ont été modifiés/castrés pour les uns, pourchassés car fertiles pour les autres, et où les femmes sont devenues de moins en moins fertiles, et celles qui le sont encore recherchées à tout prix. le cadre est marquant mais malheureusement sous-exploité, l'autrice se contentant de lancer ses idées sans trop rien en faire. On se demande vraiment qu'elle est la finalité de tout ça.

Graphiquement on est dans du pur seinen avec le trait très particulier de l'autrice, notamment au niveau de ces regards très étirés et envoûtant, et de cette fausse froideur qui fait souvent se méprendre sur les personnages alors que ça bouillonne en eux. Je m'attendais peut-être juste à un décor de SF plus marqué, là on a juste l'impression d'être chez nous en 2021 avec d'un côté le ghetto et de l'autre la ville des riches...

Cette série en deux tomes a le mérite de proposer un univers séduisant et des questions pertinentes ainsi qu'une évolution logique, mais je suis vraiment restée sur ma faim. Les relations sont peu développées au final, tout comme l'histoire en elle-même. On se retrouve juste à suivre deux héros qui ont trouvé chez l'autre une protection mutuelle pour combler leurs solitudes et qui voient leur petit train-train perturbé par l'arrivée de petites nouvelles mais celles-ci ne font que combler un peu les vides du décor et au final ça reste très superficiel. C'est donc intéressant, potentiellement percutant, mais il manque encore quelque chose.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}