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Critique de Marymary


« - Nick, arrêtes de boire !
- Nan !
- Nick, tu veux encore te réveiller à l'hôpital après un coma éthylique ?
- Mmmm….
- Et tu veux être obligé d'aller aux réunions des Alcooliques Anonymes pour y croiser ce type-là, le sex-addict qui te dégoûtes ?
- Mmmm……. Non………...
- Et ton diabète, tu y penses ?
- Pffffff… M'en fous, puisque l'on ne trouve plus d'opium… Je vais boire le sang de jeunes femmes et je retrouverai la force et la jeunesse…
- C'est l'idée la plus absurde que j'ai jamais entendue, d'ailleurs tu aurais dû écouter un jeune chanteur belge et tu saurais qu'il n'y a que Kate Moss qui est éternelle…. »
Nick, personnage principal du livre est âgé de 65 ans, New-Yorkais, d'origine italienne, écrivain (comme l'auteur Nick Tosches).
Nick est un paradoxe ambulant : Capable de dépenser quelques dizaines de milliers de dollars pour des gyutos ou des tosus (couteaux japonais), fréquentant la boutique du meilleur boucher de New York, les meilleurs restaurants, les meilleures épiceries, il vole de la viande et de la nourriture assez médiocre dans les supermarchés discount… Capable de claquer 80 000 dollars par semaine, il n'a plus de dents et ne se fait pas faire un dentier correct, préférant arborer une prothèse faite de bric et de broc…
Nick séduit quand même encore les femmes en les épatant par son érudition (époustouflante) et ses relations (il est copain avec Johnny Depp, Keith Richards, et le gratin culturel New Yorkais).
Mais Nick est égocentrique, imbu de lui-même, détestable, lâche.
Nick ne veut pas vieillir. Nick devient fou, il parle avec Héraclite, il parle avec le diable. Puis finalement, Nick recommence à boire.
Je ne connaissais pas du tout l'auteur de Moi et le diable, après avoir lu sa biographie et découvert qu'il avait écrit (entre autres) des biographies de Jerry Lee Lewis ou Dean Martin, j'ai pensé que j'allais découvrir un auteur atypique, le sachant expert en musique, jugeant Elvis Presley ou les Beatles comme de pâles incarnations du rock à côté de bluesmen méconnus mais véritables précurseurs de cette musique, je me suis dit que j'allais me régaler. Hélas, le charme n'était pas au rendez-vous. Malgré une plume magnifique, agrémentée d'une érudition maniaque et d'un constant humour à froid, je n'ai pas adhérée au roman, ni au personnage et à son nombrilisme.
Mais tout de même, quelle magie dans cette prose, jugez-en par vous-même :
« Un soir, j'ai pu récupérer une des dernières truffes blanches de la saison, une magnifique pépite beige foncé et ferme, encore pleine de la terre des racines des chênes d'Alba, venant d'un colis arrivé ce jour-là au restaurant de mon ami Silvano sur la Sixième Avenue. le lendemain matin, j'ai fait frire à feu doux des tranches épaisses de magret de canard fumé, j'ai cassé six oeufs de cailles dans la graisse pendant moins d'une minute, puis je les ai déposés dans une assiette, les ai recouverts de pelures de truffe, et les ai mangés avec du bacon, du saumon fumé d'Irlande avec des lamelles d'oignons rouge, des câpres de Pantelleria, du citron et de l'aneth, et du bon pain au levain et au romarin chaud avec du beurre, et une salade de framboises jaunes, orange, rose et rouges sur lesquelles j'ai versé de la crème entière fouettée avec un peu de miel de fleurs sauvages de Casteggio. »
Il est à noter quand même que certaines scènes de sexe SM sont assez sanglantes, et que cela devrait être mentionné car ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains.
Je remercie Babelio et Albin Michel pour m'avoir fait découvrir cet auteur hors norme, dérangeant, mais ô combien talentueux.

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