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Critique de Musa_aka_Cthulie


Si vous n'avez jamais entendu parler de Gustave Toudouze, surtout pas d'inquiétude, vous n'êtes pas seuls ! Jusqu'à ce que je tombe sur un exemplaire à 1€ du Mystère de la chauve-souris lors d'une braderie aux livres, c'était également mon cas. Et, d'après mon expérience, il ne me paraît pas anormal que Gustave Toudouze ait disparu des mémoires, après avoir connu un certain succès en son temps.

Le mystère de la chauve-souris... C'est bien le titre, allié à la jolie couverture à l'ancienne du livre, qui m'a fait de l'oeil. On imagine aisément un roman policier sauce XIXème, teinté de mystère (forcément) et baignant dans une ambiance brumeuse et nocturne. Bon, pour ce qui est de la nuit et de la brume, on ne peut pas se plaindre. Pour ce qui est de l'ambiance, en revanche, c'est pas vraiment ça. Mais on a surtout affaire à deux gros défauts. Premièrement, de mystère, il n'y a pas. C'est carrément décevant. Pour tout dire, je me suis sentie complètement flouée. On apprend très vite que la Chauve-souris est le surnom d'une vieille femme qui porte une cape et voilà tout, en gros. Deuxièmement, ce roman, non pas policier, ni même fantastique, mais historique, se révèle en partie être un plagiat de L'ensorcelée de Barbey d'Aurevilly, mâtiné de Chevalier des Touches.

Si le décor n'est pas tout à fait le même que chez Barbey, Gustave Toudouze ayant choisi la Bretagne, et plus particulièrement les environs de Crozon, et non le Cotentin, le noeud de l'histoire et sa trame viennent tout droit des deux romans que je viens de nommer : au tout début du XIXème siècle, sous Bonaparte pas encore empereur, une jeune noble exilée en Grande-Bretagne revient dans son pays natal pour y fomenter une révolte et renverser le général. Beaucoup de détails renvoient à Barbey, jusqu'au personnage du prêtre monarchiste à la sévère physionomie, qui ne peut que rappeler (bien faiblement, il est vrai) Jehoël de la Croix-Jugan. Toudouze l'a même affublé d'un prénom presque similaire à celui du héros de L'ensorcelée : Judikaël ! Bref, toujours est-il que Anne de de Coëtrozec, l'héroïne, est loin de présenter le charisme des personnages de Barbey, et que, surtout, n'est pas Barbey qui veut. D'ailleurs, je doute que Gustave Toudouze en ait eu l'ambition.

Il s'agit donc là d'un simple roman de divertissement, à prétexte historique, pas désagréable et sans grande prétention. le début, avec son arrivée nocturne d'un personnage inquiétant sur les côtes bretonnes, n'est pas mal fichu du tout et accroche le lecteur. Les personnages secondaires que sont les deux espions du pouvoir en place sont les plus réussis et nous poussent à aller jusqu'au bout d'une lecture, qui, sans eux, rendrait le roman un rien ennuyeux. J'imagine que de genre de livre pouvait plaire à l'époque de sa publication ; aujourd'hui, ça passe sans doute moins bien. Cela dit, ça reste une curiosité, notamment pour les amateurs de romans historiques et, en particulier, de Barbey d'Aurevilly : il n'est pas inintéressant de voir comment la littérature populaire a réutilisé une matière très riche pour la reconvertir dans le domaine du pur divertissement. Et les connaisseurs du Finistère auront le plaisir de retrouver des noms et des sites qui leur sont bien connus...
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