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Critique de belcantoeu


L'Auberge de grand chemin (1855)
La nouvelle L'Auberge de grand chemin (остоялый двор), dont on comprend à sa lecture qu'elle a été fort censurée, a été écrite par Tourgueniev dans son domaine de Spasskoië-Loutovinovo, et reflète une histoire réelle qui s'est passée à 25 verstes (environ 25 kilomètres) de chez lui. Malgré les similitudes, la thématique est un peu différente des Mémoires d'un chasseur. L'auteur conte certes le destin tragique d'Akim, un serf victime d'une spoliation arbitraire, mais il met davantage l'accent sur la force morale de ce Russe face à sa tragédie que sur l'horreur du servage elle-même. On retrouve aussi ce thème de spoliation dans Moumou et dans le Roi Lear de la steppe.
Akim (forme populaire de Joachim) Semionov, serf d'une riche veuve russo-allemande, Mme Kunze, a été autorisé par sa propriétaire à construire une auberge sur ses terres, et en a fait par son travail un établissement prospère. Il va être piégé parce qu'il néglige le fait qu'un serf ne peut pas posséder un bien en son nom, mais seulement au nom de son maître. Il a le malheur d'épouser Douniacha (Avdotia), femme de chambre de sa propriétaire, qui le trompe avec Nahum, lequel va s'approprier l'auberge et dépouiller Akim. Nahum propose à Mme Kunze de racheter l'auberge pour deux mille roubles, lui expliquant que l'auberge est sur ses terres, et donc lui appartient. Dans un sursaut d'honnêteté, la propriétaire refuse dans un premier temps, mais finit par accepter pour deux mille huit cents. le lendemain, Nahum arrive chez Akim en nouveau propriétaire particulièrement arrogant, et lui donne vingt-quatre heure pour quittes sa maison. le comble est qu'il a payé l'auberge avec l'argent d'Akim, que sa femme a volé pour offrir les économies de toute une vie à son amant. Comme Nahum n'a désormais plus besoin de Douniacha (Avdotia), il la chasse aussi. Comme le Job de la Bible, Akim réagit avec résignation dans l'adversité, qualité propres au caractère russe. Il pardonne à sa femme, lui laisse ses derniers biens, et s'en va, vagabondant d'un pèlerinage à l'autre, tandis qu'elle entre au service de la châtelaine. Pour l'auteur, l'âpreté au gain de la propriétaire est liée à son origine allemande. Elle ne diffère guère des autres propriétaires, mais son cynisme choque d'autant plus à côté des qualités «russes» de son serf, qu'elle a trahi. A côté de ces personnages principaux, une série de figures secondaires sont très réussies.
Quinze ans après, Nahum, dont Tourgunéniev assure que c'est un personnage réel qui vit encore au moment de la publication, vend l'auberge, qui flambe le lendemain, ruinant son nouveau propriétaire.
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