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Critique de DonaSwann


Comme le titre l'indique, ce roman va développer les quelques lignes consacrées par les évangiles aux "rois-mages" pour adorer le Christ nouveau-né dans une crèche à Bethléem.

Michel Tournier a imaginé le parcours biographique, les problématiques de pouvoir et de quête de rois, l'un, Gaspard, dont le coeur a été brisé par sa blonde esclave phénicienne Biltine, l'autre, esthète, amoureux des arts picturaux et des papillons, l'autre, Melchior, tout jeune homme pauvre, en danger de ne jamais reconquérir le pouvoir à Palmyre, où son père vient de mourir. Moi, j'aurais imaginé plutôt une bande d'amateurs très éclairés en astronomie, un groupe de geeks qui se connaissaient déjà et correspondaient avec l'assiduité de philosophes des Lumières ou d'astrophysiciens sur ICQ ; c'est toujours comme ça avec les récits des évangiles : chacun a le sien.

Très inattendu, un quatrième roi, dont certains récits, paraît-il, parlent, comme ceux du pasteur Dyke ou de Schaper, Taor. Celui-ci serait arrivé en retard (Marie et Joseph, avertis par l'Ange Gabriel des projets meurtriers d'Hérode émigraient déjà en Egypte) à la Nativité car son altruisme l'a retardé.

Heureusement que j'ai résisté à la tentation d'arrêter ma lecture dès le début, c'est-à-dire pendant le récit de Gaspard. Il faut dire que je trouvais d'une maladresse infinie l'histoire de ce grand roi noir complètement intimidé et complexé par sa peau noire devant une esclave blanche et blonde ! C'était d'un anachronisme et d'une invraisemblance achevée : devant une esclave, avant le temps de l'esclavage des Africains, il n'y avait aucune raison qu'il se pose ce genre de questions... Tout au plus avait-il le droit de craindre de ne pas être aimé sincèrement.

Mais en dehors de cela, et ce n'est pas beaucoup, sur l'économie totale du roman, les récits de chacun de ces rois sont passionnants, enchanteurs. Tournier a un don absolu pour recréer des mondes, des paysages, évoquer des saveurs, des odeurs, des lieux étranges, retirés, purgatoires ou au contraire brillants et mondains. Taor, le quatrième roi mage gourmand, est peut-être le moins bien parti, avec sa quête un peu ridicule de la recette du rahat-loukoum, mais c'est probablement son parcours qui est le plus sublime.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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