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Critique de candlemas


Les critiques qui ont précédé celles-ci sont éloquentes : ce roman est un chef-d'oeuvre, et cependant a heurté ma sensibilité ; parfois il m'a saisi, parfois j'aurais voulu le rejeter, dégoûté... le Roi des Aulnes m'a semblé difficile à pénétrer, et à commenter aussi... l'impression dominante qu'il me laisse est un malaise... d'où seulement trois étoiles.
Mêlant plusieurs thèmes -dont une réflexion profonde sur les racines de l'Allemagne nazie, au coeur rural et historique de pays- autour d'un personnage psychologiquement perturbé, complexe et... perturbant aussi pour le lecteur. Son parcours initiatique, qui se déroule de 1939 à 1945 dans différentes postures, n'est que prétexte à l'accomplissement de son être profond, fait d'une sensualité morbide et d'obsessions dangereuses. Chaque acte matériel, depuis la collaboration avec les médecins nazis jusqu'à l'acte défécatoire, est prétexte à symbolique ; Ogre ou Saint Christophe, Abel Tiffauges ne se laisse pas cerner par une quelconque morale, et échappe d'ailleurs toujours aux conséquences de ses actes. Chevauchant son cheval Barbe-bleue, il est Roi phorique (concept inventé pour la cause par Tournier), portant sans pudeur à son front les pulsions les plus sombres de l'Humanité, pour le pire et le meilleur.
Un roman qui pour moi n'a rien à voir avec les autres que j'ai lu de Tournier ; un roman qui m'a gêné dans ma vision du bien et du mal, un roman qui m'a troublé et contraint à reconnaître (non, monsieur le juge, je ne suis pas un pédophile en puissance !!! ) au fond de soi ces ressorts matériels et sensuels qui peuvent, si l'on n y prend garde, faire d'un homme un monstre (allégorie du nazisme donc, encore).
Un grand roman donc, sans aucun doute, à plusieurs niveaux de lecture. le tour de force de Tournier, outre la qualité de sa langue, est sans doute de nous obliger à sortir du jugement sur le bien et le mal ; il ne s'agit pas d'aimer ou de ne pas aimer, sauf à s'exposer à un malaise grandissant ; il s'agit de ressentir, comme la première fois que l'on monte à cheval...
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