Histoire des Francs

Or tandis qu'il commettait de nombreux crimes dans le territoire du Poitou, il rencontra en un certain lieu Chuldéric le Saxon et pendant que tous deux s’injuriaient réciproquement, l'un des serviteurs de Chuldéric transperça Avus de sa lance.

... l'évêque était enfermé dans une cellule et il ne lui était pas permis d'approcher de l'église. Or une nuit, tandis qu'il priait avec ferveur le Seigneur, la cellule brilla d'un éclat extraordinaire si bien que son compagnon qui était son gardien en fut terrifié et prix d'une grande frayeur ; on vit au-dessus de lui un globe d'une prodigieuse luminosité pendant l'espace de deux heures.

… Gondovald, qui se disait fils du roi Clotaire, débarqué à Marseille, venant de Constantinople. Il convient de rappeler brièvement quelques détails sur son origine. Comme il était né dans les Gaules et avait été élevé avec un soin diligent, avec les boucles des cheveux répandues dans le doc comme c’est la coutume de leurs rois, qu’il était été instruit dans les belles lettres, il fut présenté au roi Childebert par sa mère en ces termes : « Voici ! dit-elle, ton neveu fils du roi Clotaire, et comme il est détesté par son père, accueille-le, car c’est ta chair ». Celui-ci le prenant parce qu’il n’avait pas de fils, le retint chez lui. La chose est annoncée au roi Clotaire qui envoya à son frère des députés pour lui dire : « Renvoie l’enfant pour qu’il vienne me trouver ». […] Quand il l’eut vu, Clotaire fit tondre la chevelure de sa tête en disant : « Ce n’est pas moi qui l’ai engendré ». […] Sigebert, l’ayant fait venir, lui coupa à nouveau la chevelure et l’envoya dans la cité d’Agrippine, qui est appelée maintenant Cologne. Puis ce dernier […] ayant laissé pousser ses cheveux de nouveau, s’en alla chez Narsès, qui gouvernait alors l’Italie. Là ayant pris femme, il procréa des fils et se rendit à Constantinople.

Or comme cet ambassadeur [du nom d'Oppila venu "des Espagnes"] était arrivé à Tours, le saint jour de Pâques, nous le questionnâmes pour savoir s'il était de notre religion. Il répondit lui-même qu'il croyait ce que croient les catholiques. Ensuite il se rendit avec nous à l'église et suivit les solennités de la messe ; mais il n'échangea pas le baiser de paix avec les nôtres et ne communia pas au saint sacrifice. On s'aperçut alors qu'il y avait eu erreur lorsqu'il avait dit qu'il était catholique. [...] comme je lui demandais avec sollicitude ce qu'il croyait il répondit : "Je crois que le Père, le Fils et le Saint Esprit ont une même puissance". Je lui répondis : "Si tu crois cela, comme tu l'affirmes, quel motif t'empêche de participer par la communion aux sacrifices que nous offrons à Dieu ?" Et lui répliqua : "C'est parce que vous ne répondez pas correctement au Gloria, car nous, nous disons conformément à l'apôtre Paul : "Gloire à Dieu le Père par le Fils". Mais vous dites : "Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit". Alors que les docteurs des églises enseignent que le Père a été annoncé par le Fils dans le monde, ainsi que le dit le même Paul : "Au Roi des siècles immortels et indivisibles, seul Dieu, honneur et gloire dans les siècles des siècles, par Jésus-Christ notre Seigneur." Et moi je répondis : "Que le Père ait été annoncé par le Fils, nul catholique ne l'ignore, que je sache ; mais il a prêché le Père dans le siècle de telle façon qu'il a montré aussi par ses miracles qu'il était Dieu. Quant à Dieu le Père, ce fut une nécessité qu'il envoyât le Fils sur la terre pour révéler Dieu afin que le monde, qui n'avait cru ni aux prophètes, ni aux patriarches, ni même au porteur de la loi, crût du moins au Fils. C'est pourquoi il est nécessaire que gloire soit rendue à Dieu sous la désignation de personnes. Nous disons donc : "Gloire à Dieu le Père qui a envoyé le Fils ; gloire à Dieu le Fils qui de se son sang a racheté le monde ; gloire à Dieu l’Esprit saint qui sanctifie l'homme déjà racheté". Or toi qui dis : "Gloire au Père par le Fils" tu dénies la gloire avec le Père parce qu'il l'a annoncé dans le monde. Le Fils, comme nous l'avons dit, a annoncé le Père dans le monde, mais beaucoup n'ont pas cru selon la parole de Jean l'évangéliste : "Il est venu dans son propre pays, et les siens ne l'ont pas reçu ; mais à tous ceux qui l’ont reçu il a donné le pouvoir de devenir fils de Dieu, à ceux qui croient en son nom ». Mais toi qui trahis l’apôtre Paul et ne comprends pas sa pensée, observe avec quelle précaution il parle et en tenant compte de ce que chacun peut assimiler : remarque qu’il prêche chez des nations incrédules en ne voulant paraître imposer à personne un lourd fardeau comme il le dit à plusieurs : « Je vous ai donné du lait à boire, non une nourriture solide ; car vous n’en étiez pas capables, mais vous n’en être pas encore capables ». Une nourriture solide est pour les hommes faits ». À d’autres aussi il dit : « Je ne vous ai prêché que par le Christ et le Christ crucifié ». Et maintenant veux-tu, ô Hérétique, sous prétexte que Paul a seulement prêché le Christ crucifié, mettre en doute sa résurrection ? Remarque plutôt sa prudence et observe sa finesse ; voici ce qu’il dit à d’autres qu’il savait plus robustes dans la foi : « Si nous avons, déclare-t-il, connu le Christ crucifié, maintenant nous ne le connaissons plus tel ». Nie donc, toi l’accusateur de Paul, pour peur que la démence se soit emparée de ton esprit, que le Christ n’a pas été crucifié. Mais je te prie, laisse ces choses et écoute un meilleur conseil : applique un collyre à tes yeux chassieux et perçois la lumière de la prédication apostolique, car selon les hommes (qui l’écoutaient) Paul parlait plus ou moins familièrement pour les élever aux plus hauts sommets de la foi, ainsi qu’il le dit d’ailleurs : « Je me suis fait tout à a tous afin de les gagner tous. » Pourquoi un homme mortel ne glorifierait-il pas le Fils, que le Père lui-même a glorifié du haut du ciel non pas seulement une, mais deux et trois fois ? Écoute ce qu’il a dit du haut des cieux quand le même Fils a été baptisé de la main de Jean, au moment où descendait l’Esprit saint : « Celui-ci, déclara-t-il, est mon fils bien aimé en qui j’ai mis mes meilleures complaisances ». Si vraiment tu as les oreilles bouchées au point de ne pas entendre ces paroles crois à ce que les apôtres ont entendu sur la montagne lorsque Jésus transfiguré dans sa gloire parlait avec Moïse et Élie, car du sein d’une née splendide le Père a dit : « Celui-ci est mon Fils très cher ; écoutez-le ». À cela l’hérétique riposte : « Dans ces témoignages le Père ne dit rien de la gloire du Fil ; il se borne à présenter ledit Fils ». Et moi je lui dis : « Si tu interprètes ainsi ces textes, je t’apporterai un autre témoignage dans lequel le Père a glorifié le Fils. Quand le Seigneur est arrivé au lieu de la passion lorsqu’il a dit : « Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie », que lui a répondu le Père du haut du ciel ? N’a-t-il pas dit : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore » ? Voici donc que le Père le glorifie de sa propre voix, et toi tu prétends lui dénier la gloire ! Tu fais preuve d’obstination en vérité ; mais ton pouvoir (de convaincre) n’est nullement suffisant. Car toi qui te dresses en accusateur de l’apôtre Paul ; écoute-le lui-même ou plutôt écoute le Christ parlant après son intermédiaire : « Que toute langue confesse que Jésus-Christ est dans la gloire de Dieu le Père ». Si la gloire lui est maintenant commune avec le Père, comment peux-tu sembler le déshonorer en le privant de gloire ? Ou pourquoi ne devrait-on pas rendre gloire parmi les homes à celui qui règne aux cieux dans une gloire gale à celle du Père ? Nous confessons le Christ, fils de Dieu et vrai Dieu ; par conséquent puisqu’il n’y a qu’une Divinité, il n’y aura aussi qu’une seule gloire ». Après ces mots, le silence se fit et l’on cessa de discuter.

... venons-en à raconter [...] comment la vengeance divine s'est abattue sur lui pour que fût accomplie cette parole : "Quiconque veut supplanter sera supplanté", ainsi que cette autre : "Celui qui creuse une fosse tombe dedans".

[Liuvigild] se mit à nous harceler au sujet de la foi et à attaquer les dogmes de l'Église : "Les évêques antiques, disait-il, ont prononcé une sentence déraisonnable lorsqu'ils ont déclaré que le Fils est égal au Père, car comment, ajoutait-il, pourrait-être égal au Père en puissance celui qui dit : "Le Père est plus grand que moi ?" [...] Là-dessus je l'interroge [...] : "Dis-moi donc quand le Père a pu exister sans sagesse, quand il a pu exister sans lumière, quand il a pu exister sans vie, quand il a pu exister sans vérité, quand il a pu exister sans ces choses, de même il n'a pu exister sans le Fils. [...] Quant aux paroles que tu m'objectes qu'il a dites : "Le père est plus grand que moi", sache qu'il les a prononcées après s'être humilié en se faisant chair afin que tu n'ignores pas que tu dois ta rédemption non à sa puissance, mais à son humiliation. [...] tu devrais te souvenir qu'ailleurs il a dit : "Moi et mon père nous sommes un". [...] Et lui de répliquer : "Celui qui remplit la volonté de quelqu'un est son subordonné ; le fil est donc toujours inférieur à son père puisqu'il fait la volonté du Père et qu'il n'est pas prouvé que le Père fasse sa volonté. » À cela je répondis : « Comprends donc que le Père est dans le Fils et le Fils dans le Père pour constituer toujours une seule divinité, et afin que tu saches que le Père fait la volonté du Fils, écoute s’il te reste dans la foi dans l’Évangile, ce que Jésus lui-même notre Dieu a dit quand il est venu ressusciter Lazare : « Père je te rends grâce parce que tu m’as écouté, mais c’est pour la foule qui est autour que je l’ai dit afin qu’ils croient que tu m’as envoyé ». Puis lorsqu’il vint au moment de la passion, il dit : « Père, glorifie-moi de la gloire que j’ai eue auprès de toi-même avant que le monde fût ». Et le Père lui répondit du ciel : « Je t’ai glorifié et je te glorifierai encore ». Ainsi donc le Fils est égal dans la Divinité, il n’est pas inférieur et il n’a rien qui soit moindre. Par conséquent, si tu confesses qu’il est Dieu, il est nécessaire que tu reconnaisses qu’il l’est entièrement et qu’il ne manque de rien ; si, au contraire, tu nies qu’il le soit entièrement, c’est que tu ne crois pas qu’il soit Dieu ». Mais lui répondit : « C’est depuis qu’il s’est fait homme, qu’il a commencé à être appelé fils de Dieu, car il fut un temps où il ne l’était pas ». Et je répondis : « Écoute David lorsqu’il parle au nom du Père : « Je t’ai engendré dans mon sein avant la lumière ». Et Jean l’Évangéliste dit aussi : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu ». C’est ce Verbe qui a été fait chair et qui habitera parmi nous ; par lui tout a été fait ». […] Et lui : « Est-ce que vous dites que l’Esprit Saint est Dieu et pensez-vous qu’il soit égal au Père et au Fils ? […] L’Esprit que vous prétendez égal au Père et au Fils est considéré comme inférieur à l’un et à l’autre, car nous lions qu’il a été promis par le Fils et envoyé par le Père. Or on ne promet que ce qu’on a sous sa domination et on n’envoie qu’un subordonné, comme le Fils lui-même le dit dans l’Évangile : « Si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas ; mais si je m’en vais, je vous l’enverrai » […] Dieu est celui qui envoie ; celui qui est envoyé n’est pas Dieu ». Sur quoi je l’interroge, lui demandant s’il croit à la doctrine des apôtres Pierre et Paul. Or comme il répond : « J’y crois » j’ajoute : « Lorsque l’apôtre Pierre fit des reproches à Ananie pour la fraude commise au sujet d’un fond de terre, vois ce qu’il lui a dit : « Quelle idée as-tu eue de mentir à l’Esprit Saint ? Car tu n’as pas menti à des hommes, mais à Dieu » et voici ce que disait Paul lorsqu’il distinguait des degrés dans les grâces spirituelles : « Tout cela est l’œuvre du seul et même Esprit, qui distribue à chacun comme il le veut ». Or celui qui fait ce qu’il a voulu n’est soumis à aucune puissance […] Le Seigneur ne laissera pas tiédir notre religion et notre foi à tel point qu’il nous faille distribuer sa sainteté aux chiens et exposer des perles précieuses sacrées à des porcs dégoûtants ». Sur quoi abandonnant la discussion, il se leva et s’en alla. Mais ensuite, après qu’il fut de retour en Espagne, il tomba malade et, forcé par la nécessité, il se convertit à notre religion.

En entendant ces paroles, l'autre fut prise d'une colère furieuse ; ayant saisi la jeune fille par la chevelure de sa tête, elle la jeta à terre et après l'avoir frappée longtemps de ses talons et mise en sang, elle la fit déshabiller et plonger dans une piscine ; mais comme témoignent de nombreuses personnes, à aucun moment elle n'a détaché son âme de notre foi.

L'auteur de cette scélératesse fut Goisvinthe qu'après son mariage avec le roi Athanagilde le roi Liuvigild avait épousée

Dans le territoire de Chartres du sang véritable coula d'un pain qu'on avait rompu.

Or la religieuse Ingitrude avait l'habitude de puiser de l'eau au sépulcre de saint Martin.Cette eau venant à manquer, [...] elle dit au prêtre : "Enlève du vin de ce vase et verse seulement une goutte d'eau bénie dont il me reste un peu". Quand il l'eut fait - chose extraordinaire - le vase, qui était à demi plein fut rempli par la seule goutte qu'on y versa. Deux ou trois fois le même vase ayant été vidé, a été rempli au moyen d'une seule goutte. Il n'est pas douteux qu'il faille voir là un miracle du bienheureux Martin.