Histoire des Francs

La même année la très bienheureuse Radegonde quitta ce monde. [...] Moi aussi je fus présent à sa sépulture.

On vit un éclair parcourir le ciel à la façon d'un serpent.

... il eût été pour toi plus raisonnable de délaisser la sottise et la méchanceté pour te convertir enfin au bien et de renoncer à cette jactance dans laquelle tu bouillonnes toujours, afin de gagner la vie éternelle...

.. Frénégonde enjoignit de fabriquer deux couteaux de fer, qu'elle ordonna d'enduire profondément et d'infecter d'un poison de façon que si un coup mortel ne détruisait pas les tissus vitaux, l'infection même causée par le poison puisse du moins arracher plus rapidement la vie. Ces couteaux elle les remit à deux clercs avec ces instructions : "Prenez, dit-elle, ces glaives et rendez-vous au plus vite chez le roi Childebert en faisant semblant d'être des mendiants; Puis quand vous serez prosternés à ses pieds prétendument pour solliciter une aumône , perforez-lui les deux cotés pour que Brunehaut, qui lui doit son arrogance, s'écroule enfin grâce à sa disparition et me fasse sa soumission. S'il y a autour du jeune homme une arde trop importante pour que vous puissiez l'border alors assassinez l'ennemie elle-même. La récompense de votre acte sera la suivante : si vous mourez en l'accomplissant, je comblerai de biens vos parnets et en même temps que e les enrichirai avec des présents, je ferai d'eux les premiers personnages de mon royaume. Quant à vous, pour le moment bannissez toute crainte et que votre cœur ne tremble pas devant la mort, car vous savez que celle-ci s'attaque à tous les hommes. Armez vos âmes de virilité et considérez que ce sont le plus souvent les hommes forts qui succombent au combat ; c'est pourquoi leurs parents devenus nobles surpassent désormais tous les autres par leurs richesses immenses et ont sur tous les autres la précellence". Pendant que cette femme parlait, les clercs se mirent à trembler en songeant qu'il serait difficile de pouvoir exécuter ces ordres. Mais elle, les voyant hésitants, les dirigea sur l'endroit où elle leur avait enjoint d'aller après leur avoir administré une potion et aussitôt leur force d'endurance grandit et ils promirent d'exécuter tout ce qu'elle leur avait commandé. Néanmoins elle leur ordonne d'emporter un flacon rempli de cette potion en ajoutant : "Le jour où vous ferez ce que je commande, prenez cette potion le matin avant d'entreprendre l'acte. Elle vous sera d'un grand réconfort pour l'accomplir". Quand ils eurent reçu ces instruction, elle les congédia. En cours de route et tandis qu'ils arrivaient à la ville de Soissons, ils furent arrêtés par le duc Rauching et ayant été questionnés, ils dévoilent tout, puis en conséquence sont envoyés en prison. [Puis ils] sont alors conduits auprès du roi Childebert et ayant été interrogés, ils dévoilent la vérité [...] Quand ils eurent dit ces choses on leur infligea divers supplices, on leur coupa mains, oreilles et nez et on les fit périr de mille morts.

Dans une autre île qui est proche de la cité de Vannes il y avait un étang important et rempli de poissons dont l'eau fut transformée en sang à une profondeur d'une brasse ; aussi pendant bien des jours ce fut un rassemblement d'une multitude incalculable de chiens et d'oiseaux qui léchaient ce sang et s'en retournaient rassasiés dans la soirée.

Pendant ce synode un des évêques se leva pour dire qu'une femme ne pouvait être dénommée homme [homo] ; mais toutefois il se calma, les évêques lui ayant expliqué qu'au commencement, lorsque Dieu créa l'homme, "il créa un mâle et une femme et il leur donna le nom d'Adam", ce qui signifie homme fait de terre, désignant ainsi la femme aussi bien que le mâle ; il qualifia donc l'un et l'autre du nom d'homme. D'ailleurs le Seigneur Jésus-Christ est appelé fils de l'homme parce qu'il est le fils d'une vierge c'est-à-dire d'une femme, et lorsqu'il s'apprêta à changer l'eau en vin, il lui dit : "Qu'y a-t-il entre moi et vous, femme ?", etc. Cette question, ayant été réglée par beaucoup d'autres témoignages encore, fut laissée de côté.

Après que la reine Frénégonde se fut rendue dans la dite ville, comme elle s'attristait fort de ce que le pouvoir lui eût été en partie enlevé et qu'elle estimait que Brunehaut était mieux traitée qu'elle, elle envoya secrètement un clerc de ses familiers chargé de l'assassiner [...] Mais au bout de peu de temps, on comprit qu'il avait été envoyé par la traîtrise. Il fut enchaîné et fouetté et lorsqu'il eu révélé le secret, on lui permit de revenir auprès de sa patronne. [...] lorsqu'il [lui] eut avoué qu'il n'avait pu exécuter les ordres donnés, on le punit en lui coupant les mains et les pieds.

Et c'est ainsi qu'ils s'éloignèrent en faisant du scandale. Alors le roi, outré de ces propos, fit jeter sur les têtes des partants du purin de cheval, des copeaux pourris, de la paille et du foin tombés en putréfaction et même de la boue fétide de la ville. Tout maculés par ces ordures, c'est après avoir subi une humiliation immense et outrageante qu'ils s'en allèrent.

C'était le dixième mois quand ces événements s'accomplissaient. Alors apparurent sur les ceps des vignes des pousses nouvelles avec des raisins mal formés, sur les arbres des fleurs. Un grand phare parcourait le ciel avant que la lumière du jour paraisse illuminer au loin le monde Des rayons apparurent aussi dans le ciel. Au septentrion une colonne de feu qui semblait suspendue au ciel fut visible pendant l'espace de deux heures ; une grande étoile la surmontait. Dans l'Anjou également la terre trembla et beaucoup d'autres signes apparurent, qui, selon mon opinion annonçaient la mort violente dudit Gondovald.

... je dois me lever pour aller accoucher". En entendant ces paroles le roi fut stupéfait, sachant que c’était le quatrième moi depuis qu'elle avait mis au monde un autre fils ; cependant il lui permit de se lever.