La mère et le fils assistent émerveillés à l’envol ravissant de cet homme qui peine pourtant à marcher. Le rythme s’intensifie, les notes se bousculent, les joues se gonflent, le visage rougit. Mais avec tant de grâce. Le musicien ferme les yeux, emporté par cette mélodie qu’il connaît par cœur, et dont il peut citer chaque note.
Ce n'était pas facile d'être allemand quand j'étais ado. De porter ça comme un tatouage infâme alors que nous-mêmes n'y sommes pour rien. Je représente une population meurtrie, brisée par les actes de ses aînés, honteuse de son passé, mais fière du pays qu'elle a reconstruit en dépit de tout. Le xxe siècle, pour nous, ne fut qu'une série de souffrances, de crises, d'humiliations et de honte. Avec une cicatrice appelée « Mur » jusqu'en 1989... Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas conscients de tout cela. Les gens de mon âge ont souvent rompu tout lien avec leurs ancêtres. Une vraie fracture générationnelle. On ne veut ni leur parler ni leur pardonner. Ce n'est pas aisé d'être adolescent dans une Europe en reconstruction dont on est le pestiféré.
La vraie valeur des choses n’a plus guère d’importance. La seule qui compte aujourd'hui, c’est celle que tu leur donnes.
Il est toujours important de se rappeler qu'au plus profond de l'abîme, certaines étoiles ont continué à briller.
Ces hommes qui avaient vécu l'enfer des tranchées comme lui, ces hommes qui avaient eu l'audace d'élever la voix, de critiquer, de risquer d'être bannis, cette fine fleur pacifiste, juive ou tout simplement humaine, la seule chose qui les intéressait maintenant était donc de savoir si oui ou non Hans avait couché avec sa brune ?
Se taire est une manière de tuer. D’effacer. De n’a pas faire revivre pour ne plus pâtir. L’art du silence comme antidote à la souffrance.
Et sans vouloir vous offenser, vous espérez un Messie depuis des milliers d’années, d’autres pensent qu’un bébé est né d’une Vierge, je peux bien croire au pouvoir réconfortant d’un vieux paquet de cartes.
Nous avons bâti un mémorial pour informer les nouvelles générations. Parce que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Ce qui s’est passé il y a soixante-dix ans s’était déjà produit au XXe siècle avec les Arméniens, mais bien avant aussi : la Saint-Barthélemy, les cathares ou les pseudo-sorcières. On peut citer des centaines de cas atroces. Le génocide est une sombre réalité inscrite au plus profond de nous. En interpellant les jeunes, en leur prouvant que tel fait entraîne toujours tel résultat, nous espérons qu’ils seront attentifs aux signes avant-coureurs. Et c’est parce que je suis allemand que cela me tient à cœur.
Les objets ont une histoire, mais ne la racontent pas. Le silence et l’oubli sont toujours l’option la plus confortable.
Ce n’était pas facile d’être allemand quand j’étais ado. De porter ça comme un tatouage infâme alors que nous-mêmes n’y sommes pour rien. Je représente une population meurtrie, brisée par les actes de ses aînés, honteuse de son passé, mais fière du pays qu’elle a reconstruit en dépit de tout. Le XXe siècle, pour nous, ne fut qu’une série de souffrances, de crises, d’humiliations et de honte. Avec une cicatrice appelée « Mur » jusqu'en 1989… Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas conscients de tout cela.