Soeur Fidelma, tome 10 : Les disparus de Dyfed

- A moins que ces événements ne demeurent inexplicables, murmura-t-il.
Fidelma se mit à rire.
- Omne ignotum pro magnifico est.
On s'imagine que tout ce qui est inconnu est magnifique. Eadulf reconnut la vie d'Agricola de Tacite. Ses maîtres la lui avaient citée plus d'une fois en se moquant de ses superstitions païennes. Pour eux, une fois les faits établis, le surnaturel n'avait plus lieu d'être et cédait la place à une réalité aisément concevable. Vexé par la remarque de Fidelma qu'il interpréta comme une pique visant ses origines, Eadulf préféra se taire.

Les forces obscures ont d'autres chats à fouetter que d'accomplir des tours de magie.

- Un marin d'eau douce m'est aussi utile qu'un seau troué pour écoper !

- Le Père Cyngar a précisé que la communauté possédait deux mules, dit Eadulf. Pourtant les frères disposent de six stalles.
- Vous oubliez que la communauté offre l'hospitalité aux voyageurs et aux pèlerins qui passent par ici.
Fidelma alla inspecter les stalles, puis elle se retourna... et changea de visage. Eadulf resté sur le seuil de la porte vit qu'elle fixait quelque chose, au dessus de sa tête.
- Je crois que nous avons trouvé le père Clidro, dit la jeune femme, d'une voix altérée.

Contrairement à l’Église romaine, l’Église irlandaise ignorait la confession des péchés à un prêtre, à qui il revenait d’absoudre le pécheur au nom du Christ. Cependant, les Irlandais se choisissaient une « âme soeur » (anam chara), dont il n’était pas nécessaire qu’elle appartînt au clergé. Et c’est avec cette personne qu’ils discutaient de leurs problèmes émotionnels et spirituels.

Contrairement à l’Église romaine, l’Église irlandaise ignorait la confession des péchés à un prêtre, à qui il revenait d’absoudre le pécheur au nom du Christ. Cependant, les Irlandais se choisissaient une « âme sœur » (anam chara), dont il n’était pas nécessaire qu’elle appartînt au clergé. Et c’est avec cette personne qu’ils discutaient de leurs problèmes émotionnels et spirituels .

Trop bouleversée pour parler, Fidelma posa la main sur la sienne.
- Vous avez raison, dit-elle enfin d'une petite voix. Mais je n'ai pas agi de façon délibérée. Heureusement, vous êtes un homme sage et maintenant mes angoisses se sont calmées. Me pardonnerez-vous ce moment d'égarement ?
.../...
- Certes la peur n'est pas une vertu et je suis soulagée que vous ayez supporté mes sautes d'humeur avec autant de philosophie.

Vous avez vu juste, je ne suis pas chrétien, car je ne crois pas à des enseignements qui dénient aux hommes la volonté et la force. Votre dieu est un dieu d'esclaves qu'il persuade de persévérer dans leur état. Il aime que les hommes soient nus, démunis, affamés...votre dieu a été inventé par les riches pour soumettre les misérables. p. 142

Il ne nous reste plus qu'à rejoindre dès demain l'abbaye de Dewi Sant, soupira Eadulf.
Fidelma le toisa d'un air méprisant.
_ Vous n'imaginez tout de même pas que nous allons fuir ?
Eadulf réprima les protestations qui lui montaient aux lèvres.
_ Comme vous voudrez. Qu'avez-vous en tête ?
_ Jamais je n'ai renoncé à résoudre un mystère qui me résistait.
_Alors il vous faudra une autorisation du roi Gwlyddien pour faire entendre raison au seigneur de Pen Caer.
Fidelma, qui appréciait beaucoup le côté pratique d'Eadulf, lui adressa un sourire rayonnant.

C'était une journée d’automne fraiche et lumineuse, avec un ciel bleu pâle et pas un seul nuage. Après avoir fait leurs adieux à frère Meurig et au seigneur de Pen Caer, Fidelma et Eadulf s'étaient mis en route pour la haute colline de Carn Gelli au sud-est.
Les marais alternaient avec les vallées verdoyantes et les pentes vallonnées parsemées de rochers d'où s'élançaient les eaux vives des torrents. de temps à autres, ils apercevaient des fermes isolées.
Des tumulus, des cromlechs et des forteresses en ruine témoignaient d'une histoire mouvementée.