Citations sur Soeur Fidelma, tome 1 : Absolution par le meurtre (36)
Cousu à l'intérieur de l'habit se trouvait un petit sacculus de lin. Dans l'ancien temps, les religieux des deux sexes avaient seulement une crumena, une petite gibecière qu'ils portaient à l'épaule et leur servait à transporter leurs affaires personnelles. Certains, comme Athelnoth, avaient une pera. Mais une nouvelle mode venait d'apparaître, celle du petit sacculus de lin cousu dans les plis de leur habit, pour mieux protéger leurs biens. Cette mode venait du royaume franc, on appelait cela "une poche".
Les rois et les princes ne sont pas placés sur des trônes pour être appréciés.
Pendant quelques secondes, ils se dévisagèrent. Ce fut un instant d'osmose : un courant d'empathie passa des yeux sombres de l'inconnu aux prunelles vertes de Fidelma.
Le roi secoue la tête.
- Ce sont ceux qui manipulent la religion, et non la religion elle-même, qui menacent de rompre la paix dans ce pays.
Tout conflit d'opinions augmente la tension entre les hommes et ils cèdent à la peur.
Une femme à l'amour contrarié est comme un torrent bloqué par un tronc : profond, bourbeux, trouble et agité de puissantes turbulences.
Hilda réprima un sourire.
- Alhfrith ne connaissant point le latin, je suggère que nous poursuivions en irlandais, car c'est une langue que chacun comprend, dit l'abbesse dans cette langue.
Alhfrith se tourna vers Fidelma, sourcils froncés.
- Je connais un peu l'irlandais, enseigné par les moines de Colomba lorsqu'ils apportèrent le christianisme sur cette terre. Si vous ne connaissez point le saxon, je m'exprimerai en cette langue.
Il la parlait lentement, avec un accent prononcé, mais sa connaissance en était suffisante.
- C'est un choix politique, décréta-t-il. Il ne repose pas sur une question de théologie et c'est dommage.
Sœur Fidelma laissa échapper un profond soupir.
Ainsi, c'était tout ce dont il était question ? Rien que de stratégie politique. Oswy se préoccupait juste du pouvoir, comme tous les souverains, finalement. Ce grand synode de Streoneshalh n'était rien d'autre qu'une mascarade.
- Sœur Fidelma ! s'exclama celui-ci, avec animation. Votre réputation vous a précédé.
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Sœur Fidelma est dalaigh de droit brehon en Irlande, expliqua Colman.
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Colman renchérit :
- Sœur Fidelma a la compétence d'anruth, soit seulement un degré en-deçà de la plus haute qualification dans notre pays.
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Hilda la contempla avec curiosité.
- Ainsi, vous être qui êtes si jeune et femme, vous êtes avocate ? Hélas, chez nous, une femme ne pourrait aspirer à une telle position, qui est réservée aux hommes.
Sœur Fidelma hocha doucement la tête.
- Je crois ma mère, que les femmes chez les Angles et les Saxons souffrent de nombreux désavantages.
Fidelma et Eadulf s'arrêtèrent un instant, mais leur attention fut attirée par les étals et les tentes et, sans y penser, ils s'éloignèrent du portail pour se joindre à la foule bigarrée. Ils firent le tour des tentes et éventaires de foire, qui avaient surgi au pied des imposantes murailles de grès de Streoneshalh.
Une revigorante senteur marine flottait dans l'air. Malgré l'heure déjà avancée, le commerce était florissant. Ils virent des groupes à l'opulence ostentatoire, nobles, barons, princes et sous-rois, qui parcouraient la foire avec une arrogance imposante. Plus loin, sur les deux flancs de la vallée où une large rivière coulait vers la mer, les collines sombres accueillaient d'innombrables tentes, dont les bannières proclamaient la noblesse des occupants.