C’est difficile de quitter ce qu’on aime. J’ai cherché à me détacher de tout, mais il restera toujours une espèce de résistance qui évite peut-être l’indifférence. C’est curieux ce que je ressens. Même les objets prennent une tout autre importance en perdant de leur importance…
C’est facile d’être fort quand la vie nous donne raison et que les gens nous soutiennent, Sébastien, mais c’est dans l’adversité que l’on découvre les âmes bien trempées. La vie ne fait de quartier à personne. Il faut apprendre à faire face.
Tous les deuils sont éprouvants, Jeanne. Ils portent tous en eux cette part de renoncement qu’on a de la difficulté à accepter. À un autre niveau, je l’ai vécu quand j’ai compris que je n’aurais jamais d’enfant. Parfois, on n’a pas le choix. Il faut savoir accepter ce que la vie avait en réserve pour nous.
La peur est-elle l’unique déclencheur ? Est-ce elle qui m’a rendue si volubile ? L’incertitude et l’angoisse obsessionnelle devant une maladie qui est devenue réalité auront eu raison de mes habituelles rigueurs. Par contre, si j’essaie de rester froide devant l’évidence, écrire était peut-être la seule façon de me confier.
Demain… C’est à la fois très loin et trop proche. Les heures tombent au
compte-gouttes, mais mon cœur, lui, court au galop.
Mourir, ça s’apprend. J’ai vu des tas de gens apprivoiser la mort et arriver à la considérer comme une conclusion tout à fait normale. On apprend à mourir comme on a autrefois appris à vivre.
Même si habituellement je suis plutôt encline à parler librement à des nconnus,
présentement c’est fort différent. On n’étale pas sa peur de mourir comme on peut parler de ses craintes devant la souffrance.
C’est tellement difficile à décrire ! Je suis à la fois insouciante et en colère. Un instant, je n’y pense pas, la seconde suivante, je tremble de peur devant l’avenir.
L’assurance de se savoir soutenue serait sa sécurité. Il n’avait donc pas le droit de repousser ces mots en disant qu’ils étaient prématurés. Depuis plus de trente ans, ils vivaient ensemble, partageaient tout et Jeanne venait de lui dire qu’elle voulait être avec lui jusqu’au bout.
La vie n’était qu’une suite de choix ou plutôt de décisions plus ou moins heureuses.