Mon coeur brisé dessinait.
Comme jamais.
Inondation de création.
Je suis amoureuse d'un homme que je ne connais que de l'effleurement.
Les sonates de Chopin pour violoncelle et piano.
Intense.
Le violoncelliste fausse dans les hautes.
C'est dans les moments de transes qu'il oublie la précision de ses doigts.
J'avais hâte de me mettre ce paysage dans les yeux, de le sentir dans mon nez, de l'entendre dans mes oreilles et de le sentir avec mon coeur. Nature, nature, nature... De ma fenêtre, j’apercevais le soleil qui se déposait sur le sommet de cet érable que j'aimais tant. Splendeurs d'automne.
La transformation.
C'était le sentiment le plus fort et le plus puissant que mon corps ait connu.
Belle vie dans mon ventre qui bougeait. « Je suis là, maman, je m'étire, je perçois, j'écoute ! »
J'évoluais.
Je m'ouvrais sans cesse.
J'apprenais à sourire.
Pour lui aussi.
Quand il me souriait, les bobos se pansaient.
Quand je lui souriais, je sentais une confiance, une approbation que tout allait bien.
Tout allait bien.
C'est si bon de sourire.
De se sourire.
Les enfants sont si merveilleux, si grands de sourires.
La rivière me traversait le corps de son mouvement.
Tout était si doux.
Deux arbres amoureux dansaient devant moi et leur spectacle était très touchant.
Parle, nature, parle.
Je t'entends et j'ai besoin de tes paroles.
Transformation des fonctions de perception. Les sens qui s'ouvrent et accueillent la nature, la vérité et la pureté. Enfin sentir la rivière vibrer dans mon sang, pénétrer mon âme et me laisser couler avec elle. Les odeurs. Que dire des odeurs ? Je n'y étais pas encore et j'en bavais.
Le printemps ne voulait rien savoir de venir, cette année-là.
C'était dur.
Pas de soleil.
Manque de vitamines.
Manque de lumière.
J'avais hâte d'ouvrir grand les fenêtres, de respirer plus loin.
(...)
Enfin un peu de soleil. Je revivais.
C'est comme si on oubliait.
Le soleil est une nourriture.
Je ne pourrais pas vivre sans lui.
Il jouait dans la neige sans se fatiguer et c'était toujours aussi beau de le voir découvrir la vie. Il dansait, il dansait et il dansait.